Le mois d’octobre est déjà bien entamé ! Mais quels romans sortir de la Pile à Lire ? Je viens avec une sélection de romans variés pour les fans d’horreur en tout genre. Vous aimez les zombies ? Les mondes parallèles ésotériques ? Ou vous êtes plutôt dans les contes macabres ? Voire les récits gothiques et sanglants ? Voici une sélection de quelques romans pour accompagner vos nuits d’octobre.

Imajica de Clive Barker

Imajica de Clive Barker

Bienvenue dans le monde fantastique et envoûtant d’Imajica…Imajica est un récit épique sans comparaison : vaste dans sa conception, détaillé à l’extrême dans son exécution et apocalyptique dans son dénouement. Au cœur de cet univers foisonnant se trouve un artiste à la beauté vénéneuse, Gentle, dont la vie est bouleversée lorsqu’il fait deux rencontres. Celle de Judith Odell, une femme qui a le pouvoir caché d’influer sur le destin des hommes. Et celle de Pie’oh’pah, un mystérieux assassin, issu d’une dimension parallèle.

Cette dimension forme l’une des cinq strates qui composent l’immense système d’Imajica. Des mondes totalement différents de celui que l’on connaît, mais qui sont peuplés, dominés et hantés par des espèces intimement connectées aux nôtres. Alors que Gentle, Judith et Pie’oh’pah sillonnent Imajica, ils remontent la piste d’une série de crimes, de disparitions et de trahisons qui changeront leur perception de la réalité pour toujours…

Une lecture vraiment troublante ! Imajica est étiqueté horreur mais est tellement plus que cela. Malgré quelques longueurs, ce qui est attendu vu la taille de la chose, le récit installe un univers déstabilisant. Le lecteur est constamment ballotté entre l’horreur viscérale d’un monde étranger et l’émerveillement face à tant de choses fascinantes. On ne ressort indemne d’Imajica.

Rouge de Pascaline Nolot

Rouge de Pascaline Nolot

Accroché au versant du mont Gris et cerné par Bois Sombre se trouve Malombre, hameau battu par les vents et la complainte des loups. C’est là que survit Rouge, rejetée à cause d’une particularité physique. Rares sont ceux qui, comme le père François, éprouvent de la compassion à son égard. Car on raconte qu’il ne faut en aucun cas toucher la jeune fille sous peine de finir comme elle : marqué par le Mal. Lorsque survient son premier sang, les villageois sont soulagés de la voir partir, conformément au pacte maudit qui pèse sur eux. Comme tant d’autres jeunes filles de Malombre avant elle, celle que tous surnomment la Cramoisie doit s’engager dans les bois afin d’y rejoindre l’inquiétante Grand-Mère. Est-ce son salut ou bien un sort pire que la mort qui attend Rouge ? Nul ne s’en préoccupe et nul ne le sait, car aucune bannie n’est jamais revenue…

Bien écrit, ce conte macabre joliment réinterprété est une très bonne surprise ! L’autrice propose une histoire sombre pour mettre en exergue la violence faite aux femmes, la superstition, les foules aveugles et le danger des apparences. Sans concession, la plume nous emmène à la suite d’une héroïne qui connaîtra bien des déboires et devra surmonter bien des dangers. Le récit reprend les codes du conte originel du chaperon rouge pour en proposer une version à la fois cruelle et moderne. La lecture est parfaite pour la période d’Halloween.

My soul to keep de Tananarive Due

My soul to keep de Tananarive Due

Lorsque Jessica épouse David, il est tout ce qu’elle attend d’un père de famille : brillant, attentif, toujours juvénile. Pourtant, elle a toujours l’impression que quelque chose en lui est hors de portée. Bientôt, alors que des proches de Jessica commencent à connaître une mort violente et mystérieuse, David fait une confession inimaginable : Il y a plus de 400 ans, lui et d’autres membres d’une secte éthiopienne ont échangé leur humanité pour ne jamais mourir, un secret qu’il doit protéger à tout prix. Aujourd’hui, ses frères immortels ont décidé que David devait revenir et laisser sa famille à Miami.

J’ai donc trouvé ce roman unique et intelligemment mené. Le rythme ne plaira pas à tout le monde, pas plus que le duo principal. Mais ce n’est pas le propos du roman, qui pose la question de la place de l’étrangeté qui envahit le quotidien, doucement, jusqu’à ce que les secrets deviennent insoutenables. Peut-on éternellement échapper à son passé ? Comment faire face à un secret énorme de la part de sa moitié ? Tananarive Due construit une horreur d’ambiance lancinante, traversée de moments sanglants. Elle pose également la question de la place du contrôle dans le couple, symbolisée par les points de vue asymétriques, mais aussi par le comportement ambigu de Dawit.

Widjigo d’Estelle Faye

En 1793, Jean Verdier, un jeune lieutenant de la République, est envoyé avec son régiment sur les côtes de la Basse-Bretagne pour capturer un noble, Justinien de Salers, qui se cache dans une vieille forteresse en bord de mer. Alors que la troupe tente de rejoindre le donjon en ruines ceint par les eaux, un coup de feu retentit et une voix intime à Jean d’entrer. À l’intérieur, le vieux noble passe un marché avec le jeune officier : il acceptera de le suivre quand il lui aura conté son histoire. Celle d’un naufrage sur l’île de Terre-Neuve, quarante ans plus tôt. Celle d’une lutte pour la survie dans une nature hostile et froide, où la solitude et la faim peuvent engendrer des monstres…

Widjigo est, vous l’aurez compris, une réussite. Estelle Faye prend le temps de créer une ambiance pesante, entre horrifique et survie, pour mieux mettre ses personnages face à leur propre (in)humanité. Conte de vengeance et de culpabilité, le roman utilise des mythes des populations natives et les rumeurs de sorcellerie de la découverte des Amériques pour mieux glisser dans le fantastique, de plus en plus au fil des pages. Chaque personnage a une personnalité fouillée, mais aussi un lourd poids à porter qu’ils dévoilent tandis qu’ils s’enfoncent dans le forêt et la violence. Le tout est porté par une écriture hypnotique.

Carne de Julia Richard

Simon ne va pas bien. D’ailleurs, depuis qu’il s’est mis à vouloir manger de l’humain, les choses ne tournent pas bien rond dans sa tête.
Face à une société qui les traite, lui et ses congénères, comme des zombies, il fait de son mieux pour garder sa dignité, s’occuper de sa famille et être professionnel au bureau. Mais comment rester soi-même quand la faim frappe à la porte avec autant de délicatesse qu’un tank sur un champ de mines ?
Contraint à gérer son état parasite en maintenant l’illusion de la routine, il décide d’en faire une histoire de famille. Et vous savez ce qu’on dit sur les histoires de famille ?
C’est toujours un sacré bordel.
Et si on avait une bonne excuse pour croire à une apocalypse zombie ? Comment réagiraient les populations ? Les gouvernements ? Quel impact auraient nos médias ? Comment pourrions-nous être sûrs d’être dans le camp des héros ? Et que feraient ceux à qui on donne le mauvais rôle ? La culture de masse nous fait fantasmer les zombies, mais s’ils devenaient notre quotidien, qu’en ferions-nous ?

Carne joue volontairement avec les limites pour nous offrir une lecture entre gore et fun. L’originalité de nous mettre dans la peau du zombie lors d’une invasion permet de remettre en question la place dans la société : comment traiter ces meurtriers alors qu’ils toujours des familles et des moments de lucidité ? La chronologie erratique permet de bien comprendre le chemin mental vers la folie et la perte de contrôle. Entre humour noir et moment très violents, la lecture peut se révéler difficile pour certains publics sensibles. Le plume est cependant très humoristique et prenante. Il est vrai cependant que certains choix narratifs précipitent la fin et donnent peu d’éléments de contextes puisque nous sommes au niveau de Simon, le personnage principal.

Nuit d’été de Dan Simmons

Les pensionnaires d’un internat de l’Illinois sont les témoins d’une série d’événements mystérieux et terrifiants : l’un d’entre eux disparaît, des bruits incompréhensibles se font entendre, un soldat de la Première Guerre mondiale réapparaît… L’enquête menée par un petit groupe de collégiens va les mener vers les bâtiments gothiques d’une ancienne école abandonnée, Old Central.
Et c’est, au cœur de l’été, le plus insoutenable des face-à-face qui commence : celui qui met aux prises l’innocence avec la plus monstrueuse terreur qu’on puisse imaginer…

Nuit d’été est une lecture qui construit une ambiance réellement angoissante au fil des pages ! Si Dan Simmons reprend des éléments qui semblent très traditionnels, il parvient à créer une œuvre assez originale. C’est notamment grâce à son talent pour les scènes d’angoisse, de danger ou les poursuites, qui nous submergent totalement dans l’action. De plus, il insuffle avec talent une atmosphère particulière au sein de la petite ville d’Elm Haven, entre une chaleur lourde et une sensation de malaise permanent.

Apostasie de Vincent Tassy

Anthelme croit en la magie des livres qu’il dévore. Étudiant désabusé et sans attaches, il décide de vivre en ermite et de s’offrir un destin à la mesure de ses rêves. Sur son chemin, il découvre une étrange forêt d’arbres écarlates, qu’il ne quitte plus que pour se ravitailler en romans dans la bibliothèque la plus proche.
Un jour, au hasard des étagères, il tombe sur un ouvrage qui semble décrire les particularités du lieu où il s’est installé. Il comprend alors que le moment est venu pour lui de percer les secrets de son refuge.
Mais lorsque le maître de la Sylve Rouge, beau comme la mort et avide de sang, l’invite dans son donjon pour lui conter l’ensorcelante légende de la princesse Apostasie, comment différencier le rêve du cauchemar ?

C’était une lecture qui m’attendait depuis longtemps ! C’est une parfaite lecture de saison, gothique, sombre et poétique. Vincent Tassy insuffle à son roman l’ambiance onirique et brutale des contes d’antan, quand ils étaient encore sans pitié, peuplés de princesses tristes, de femmes jalouses et de rois sous emprise. La plume de l’auteur est très poétique et propose des scènes sophistiquées qui alternent entre le sang et la beauté. Comme le livre comporte des personnages de vampires, il y aussi quelque chose de nostalgique dans le texte, une forme de lassitude de l’éternité, une éternité qui se révèle en plus maudite. Attention cependant à ne pas attendre un texte qui donne les explications, car nombreuses sont les questions sans réponse à la fin d’Apostasie.

Catégories : Littérature

9 commentaires

Light And Smell · 12 octobre 2023 à 6 h 46 min

Ravie de voir Rouge dans cette liste.

    La Geekosophe · 13 octobre 2023 à 17 h 27 min

    C’est un roman injustement méconnu !

Zina · 12 octobre 2023 à 7 h 53 min

Jolie sélection !

    La Geekosophe · 13 octobre 2023 à 17 h 28 min

    Merci, j’espère que tu as trouvé de bonnes idées de lectures

Tesra · 12 octobre 2023 à 16 h 06 min

J’ai Rouge et Widjigo dans mes étagères, je vais les mettre sur ma table de chevet pour la saison (pour les lire pas pour qu’ils y restent toute la saison !!). J’ai adoré Nuit d’été de Simmons et je conseille également la suite : les Chiens de l’hiver.

Sorbet-Kiwi · 12 octobre 2023 à 16 h 49 min

Je n’entends que du bien de la plume d’Estelle Faye !

    La Geekosophe · 13 octobre 2023 à 17 h 28 min

    J’ai quasiment aimé tout ce qu’elle a écrit 🙂

La lectrice lunatique · 12 octobre 2023 à 17 h 46 min

Superbe sélection ! Je prends note pour Rouge 😉

    La Geekosophe · 13 octobre 2023 à 17 h 29 min

    Bon choix, c’est une petite pépite bien sombre

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