Rien de tel que de diversifier ses lectures pour la fin de l’année ! Figurez-vous qu’il ne restait qu’un livre sur mes étagères, oublié, alors que ma bibliothèque était rangée dans des cartons. Ce livre, c’était « Les couilles sur la table » de Victoire Tuaillon, un essai qui était dans ma pal depuis un bout de temps et j’avais hâte de sortir.

Synopsis de Les couilles sur la table

Qu’est-ce que ça veut dire d’être un homme, en France, au xxie siècle ? Qu’est-ce que ça implique ? Pour dépasser les querelles d’opinion et ne pas laisser la réponse aux masculinistes qui prétendent que “le masculin est en crise”, Victoire Tuaillon s’est emparée frontalement de la question, en s’appuyant sur les travaux les plus récents de chercheuses et de chercheurs en sciences sociales. Ensemble, au fil des épisodes de son podcast au titre percutant, elles et ils ont interrogé la masculinité et ses effets.

La condition du mâle

Un essai recherché qui questionne nos représentations

Quand je me suis plongée dans les couilles sur la table, j’étais un peu déçue. La première partie retrace surtout la construction de la masculinité à travers les âges, ce que je connaissais déjà. En revanche, les parties dédiées à des questions très contemporaines sont riches et passionnantes. Victoire Tuaillon mêle statistique, avis d’experts et témoignage d’homme pour construire un portrait complet de la masculinité d’aujourd’hui. Une masculinité hétérosexuelle traditionnelle bouleversée par la voix du féminisme et des minorités sexuelles qui prennent de plus en plus la parole pour questionner ces modèles. J’ai beaucoup apprécié comme elle critique l’argument physiologique, que j’appelle également le « on verra quand il faudra porter des trucs lourds ».

Le livre propose des extraits du podcast éponyme, ce qui permet d’apporter du dynamisme et une pluralité de points de vue bienvenue. On peut découvrir le parcours intellectuel de certains intervenants, notamment un homme qui a dû se remettre en question lors de metoo. C’est très intéressant de voir l’évolution de la parole depuis quelques années, la résistance au changement mais aussi la façon dont la société a toujours été construite autour du point de vue des hommes, même en question de sécurité (tous les tests sont prévus pour un homme de taille moyenne pour les voitures, pas pour une femme, d’où une surmortalité).

Un livre qui pointe des sujets essentiels

L’essai aborde des questions sensibles. J’ai particulièrement été touchée par celles autour des violences sexuelles, qui esquisse la manière dont les hommes minimisent leurs actes. On connait toutes des femmes violées qui prennent la parole, mais qu’en est-il des violeurs ? Au début de l’essai, Victoire Tuaillon rappelle que la masculinité a longtemps été un non-sujet, qu’elle avait même eu des difficultés à porter cette idée en tant que journaliste. Les couilles sur la table parle de nombreux sujets tabous pour les hommes comme pour les femmes, montrant comment les dynamiques de genre orientent la façon dont des pans entiers de nos pratiques sont tues, empêchant la communication, des échanges sains et parfois même la justice.

L’essai ne se veut cependant pas à charge. On peut se poser la question des milles précautions prises, mais il est vrai que la polémique vient vite avec ce genre de sujet (not all men etc…). Victoire Tuaillon démontre même que la construction de la masculinité est nocive pour les hommes. Toujours dans la parties des violences, les hommes violés sont invisibilisés. En outre, la vision de la sexualité est très limitée à cause d’une vision très binaire de l’acte. Beaucoup d’hommes n’explorent pas l’ensemble des possibilités ou communiquent peu avec leur partenaire. L’autrice aborde de très nombreux sujets, allant de la ville, à la vie domestique jusqu’à la violence. Elle propose en fin d’ouvrage un ensemble de solutions qui permet d’aller plus loin que le simple constat.

Les couilles sur la table est un essai indispensable pour approfondir sa réflexion féministe

Empathique, bien détaillé et facile d’accès, Les couilles sur la table aborde des sujets tabous de notre société avec recul et intelligence. Alternant entre recherche, statistique et témoignages multiples, l’essai est bien documenté. La forme est agréable, portée par une mise en page aérée colorée qui met bien en avaleur le discours. L’autrice nous donne les clés pour approfondir des sujets autour du consentement, de la charge mentale, à travers la construction de la masculinité, l’injonction à la virilité… Mais sans pour autant porter un jugement.

Note : 17/20

Vous pouvez acheter le livre par ici. Toutes les chroniques sont par là.

Catégories : Chroniques

0 commentaire

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

%d blogueurs aiment cette page :