Lectrice de Stephen King oblige, j’aime les histoires de bandes d’enfants qui doivent faire face à un danger dont les adultes sont inconscients. J’avais donc hâte de découvrir Je suis ta nuit de Loïc Le Borgne, qui nous plonge entre fantastique et roman policier avec gamins et petit village paumé.

Synopsis de Je suis ta nuit

Eté 1980, dans un village de Bretagne… Ils sont six copains, inséparables, rêvant à Star Wars, Goldorak et aux filles. Lors d’une partie de casse-bouteilles, ils découvrent le cadavre mutilé d’un vagabond. C’est le début d’une cascade d’évènements terrifiants, mystérieux, dont les enfants sont l’épicentre. La peur s’installe dans le village et peu à peu, la bande comprend qu’une force maléfique rôde et qu’elle cherche à les détruire. Le Mal est-il de retour ?

Prometteur mais bancal

Un récit maladroit malgré son ambiance oppressante

J’avoue avoir eu du mal à entrer dans le roman. L’histoire met du temps à se mettre en place. La faute à une narration qui a du mal à trouver sa place. En effet, il s’agit d’un homme adulte qui raconte ce qui s’est passé l’année de ses onze ans, au tout début des années 80. Le style est très proche d’un enfant de cet âge, avec des passages plus matures, ce qui entraîne un manque de naturel. Manque de naturel qui se retrouve également dans une certains lourdeur dans les références pop de l’époque. Si dans certains cas cela permet de bien ancrer le récit dans son temps, c’est ici trop présent et trop flagrant. Cela aurait été sympathique si c’était un garçon et non un adulte qui écrivait.

Ensuite, il y a d’autres répétitions dans le style. Le groupe d’enfants est notamment décrit à plusieurs reprises de la même manière, comme Francis-Emmanuel qui ressemble à un guerrier Massaï, la jolie Mélanie, ou Sébastien qui ne fait que manger. Cela donne l’impression qu’ils n’ont qu’un trait de personnalité. C’est dommage, car l’auteur parvient bien à donner l’impression d’un danger constant. Il y a un contraste entre l’aspect très dur de certains crimes et de certains comportements et la naïveté des enfants, et ce contraste est facilement le gros point fort du roman.

Une profondeur qui vient trop tard

La bande de gamins fait face à une ombre qui est capable de s’emparer de leurs proches. Elle exacerbe les sentiments négatifs, rendant des gens à première vue inoffensifs violents. Ce sont des moments qui sont bien écrits et permettent de bien installer une ambiance oppressante. Cependant, les lenteurs qui parcourent le récit ne facilitent pas l’immersion dans l’angoisse. Il y a assez peu d’explications, ce qui donne l’impression de suivre un récit horrifique avec des moments réussis mais qui manque d’enjeux, qui semble parfois superficiel. Beaucoup d’éléments s’ajoutent les uns aux autres sans liens évidents : des meurtres, des animaux dangereux…

Pourtant, vers la fin du récit, une révélation permet de donner une tonalité encore plus sombre et glaçante. Il y est question de violence envers les enfants et de témoins restés silencieux. La fin permet vraiment de sauver ce roman. Sans doute aurait-il fallu que ces révélations soient mieux dosées au fil de l’histoire pour rendre l’épopée des enfants plus captivante ? D’autant que l’auteur n’hésite pas à parfois faire d’une écriture assez crue dans le destin cruel de ses personnages.

Je suis ta nuit manque me laisse mitigée malgré de bons moments

Je suis très partagée sur cette lecture. Je suis ta nuit est d’un côté un récit qui parvient à construire de vrais moments oppressants grâce à un bon sens de la mise en scène et une sensation diffuse de danger. Cependant, les longueurs et les maladresses d’écriture viennent plomber le rythme, donnant l’impression d’un scénario décousu. Pourtant, le sentiment de faire face à un récit superficiel disparaît quand les révélations apportent une réflexion mature sur la violence, son héritage et les ravages de la solitude et de la violence. Dommage que ce soit si tardif dans l’histoire.

Note : 13/20

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Catégories : Chroniques

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