Le démon de la colline aux loups de Dimitri Rouchon-Borie fait partie de mes lectures recommandées par ma communauté cette année. Je ne connaissais pas du tout cet auteur mais ce livre avait l’air fascinant de noirceur et allait permettre de me sortir de mes lectures SFFF habituelle. Qu’en ai-je pensé ?

Synopsis de Le démon de la colline aux loups

Un homme se retrouve en prison. Brutalisé dans sa mémoire et dans sa chair, il décide avant de mourir de nous livrer le récit de son destin.

Écrit dans un élan vertigineux, porté par une langue aussi fulgurante que bienveillante, Le Démon de la Colline aux Loups raconte un être, son enfance perdue, sa vie emplie de violence, de douleur et de rage, d’amour et de passion, de moments de lumière… Il dit sa solitude, immense, la condition humaine.

Entre noirceur et lumière

Le parcours éprouvant de Duke

Le roman donne la parole à un homme qui semble dans les couloirs de la mort. Duke est emprisonné. Pour exorciser son démon intérieur, il couche sur le papier sa vie. Une existence qui a commencé à la colline aux loups, dans une famille négligente, souvent violente. Il vit dans une pièce avec ses frères et sœurs, n’a pas accès à une salle de bain... Mais le point de bascule a lieu lors du viol qu’il subi par son père, une scène âpre, assez terrible à lire. Entre inceste et négligence, Duke n’a pas les codes et s’intègre mal avec les autres, même si l’école tente de le protéger. Il devient rapidement un personnage attachant, déchirant dans sa construction.

Mais face à l’horreur, Duke connaît des moments de lumière. C’est notamment le cas à travers sa relation avec sa sœur, une autre jeune femme plus tard ou bien sa famille d’accueil. Autant de personnes qui lui permettent de gérer sa projection violente qu’il appelle le démon. A plusieurs reprises, Duke a des moments de dissociations durant lesquels il se montre particulièrement brutal. Il trouve également une forme de rédemption dans l’écriture. Le roman est écrit sous forme de confessions de la part du personnage principal, qui couche sur le papier les événements qui l’ont mené à l’emprisonnement, de son enfance au début de sa vie d’adulte.

Un récit à fleur de peau

Le gros point fort de la lecture est l’écriture. Le style est travaillé sous la forme d’un journal. Duke revient sur son enfance horrible à la colline aux loups pour retracer le parcours d’un garçon condamné dès la naissance. Ainsi, la plume prend le style d’un jeune homme qui a été éduqué sur le tard et qui tente de poser des mots sur sa douleur et ses sentiments. La démarche est très cathartique. J’ai été vite hypnotisée par ce style surprenant dans un premier temps, mais vite immersif. Ce choix permet de créer une vraie proximité avec Duke, qui trouve sans cesse des comparaisons et des figures rhétoriques inhabituelles pour exprimer ce qu’il ressent, avec pudeur mais sans concession.

Dans le récit, il apparaît à plusieurs reprises un lien avec la religion qui semble apporter un peu de paix à Duke. C’est une occurrence pertinente, lui qui est aux prises avec son démon. La question qui finit par se poser est celle de la banalité du mal, mais aussi la question de son hérédité. Pour le jeune Duke, le fait qu’il ait grandi à la colline de loup a fait de lui un être condamné à une forme de violence incontrôlable que rien ne pouvait totalement empêché sa chute. Ni les services sociaux, ni la justice, ni sa famille d’accueil n’ont pu le guider vers le chemin de la rédemption, qu’il ne trouvera qu’à l’approche de sa mort.

Le démon de la colline aux loups est un roman dur et marquant

Roman noir, Le démon de la colline aux loups nous plonge dans la psyché d’un jeune homme à l’enfance détruite par la violence. Si le roman est à déconseillé aux âmes sensibles, il est brillant dans sa description de Duke, dont l’enfance le condamne dans une spirale de violence malgré des moments de vive luminosité à travers quelques rencontres. L’auteur a choisi la forme d’un journal, de confessions, pour se prêter à un exercice de forme qui porte à merveille le propos du roman mais aussi le caractère du personnage, le rendant particulièrement attachant malgré ses éclats de violence.

Note : 18/20

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Catégories : Chroniques

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