Encore une lecture qui m’a été conseillée pour cette année ! Jean-Philippe Jaworski est un auteur dont j’apprécie l’écriture travaillée, j’étais curieuse de découvrir sa saga qui se situe dans le même univers que Gagner la Guerre. Qu’ai-je pensé du tournoi des preux ?
Synopsis de Le tournoi des preux
Soupçonnée d’adultère, la duchesse Audéarde de Bromael a été jugée, répudiée et emprisonnée. Le champion qu’on l’a accusée d’avoir trop aimé, le chevalier Ædan de Vaumacel, lui a fait défaut au cours de son procès.
Mais voici qu’un an plus tard, le chevalier est de retour. Honni par les partisans de la ci-devant duchesse comme par ceux du duc Ganelon, le sire de Vaumacel prétend vouloir restaurer son honneur et celui de la dame. Étrangement, il met toutefois plus de zèle à poursuivre les ravisseurs de jeunes gueux qu’à réparer sa faute.
Pendant ce temps, la cour ducale se divise ; les armes courtoises pourraient y être rapidement supplantées par les armes de guerre…
Un roman chevaleresque dans le Vieux Royaume
Retour au roman (dis)courtois
Le roman m’a beaucoup séduit grâce à son ambiance qui m’a rappelé les romans de chevalerie que j’ai lus quand j’étais plus jeune. Le tournoi des preux est dans le même univers que Gagner la guerre, mais l’on quitte les rues de Ciudalia pour découvrir une culture qui s’approche plus de la chevalerie arthurienne. Honneur des dames (même si l’auteur semble avoir toujours un peu de mal à incorporer des personnages féminins avec l’épaisseur à ses récits), chevaliers courageux mais aussi rumeurs et luttes de pouvoir. Jean-Philippe Jaworski reprend parfaitement les codes culturels mais aussi langagiers de l’époque, ce qui rend l’immersion facilitée. L’introduction du merveilleux est dans cette veine, avec l’apparition de chevaliers à l’identité cachée, aux ordres d’une enchanteresse aux desseins mystérieux.
J’ai eu un peu de mal avec le début du roman, que j’ai trouvé un peu lent à se mettre en place. Cette première partie permet de bien comprendre le contexte historique qui inspire le roman : nous sommes sur des terres à majorité exploitées par des vilains ou des serfs. Ils sont sous la houlette d’un Seigneur qui n’a aucune considération pour eux. Mais petit à petit, les enjeux et les parties prenantes se dessinent. Entre manipulation, coups de couteau (parfois littéraux), le masque social de la courtoisie laisse place à des échanges bien moins policés et bien plus létaux.
Amour, gloire et lances dans le dos
En vérité, la lenteur de la première partie du roman se dépasse facilement grâce au style relié du roman. Le tournois des preux bénéficie d’une écriture travaillée, qui sait se faire sarcastique, enjôleuse ou épique selon le moment. Chaque est choisi avec soin et puise dans le vocabulaire du roman de chevalerie pour proposer un style unique et bien tourné. Ainsi, l’auteur décrit avec talent les scènes de joute, qui sont prenantes, tout comme les joutes verbales, pleines de fiel à peine dissimulé. Cela retranscrit bien les carcans et les règles d’une société dont le code d’honneur impose des règles sociales rigides, l’épée à la main, comme avec les Dames.
Mais là où le récit excelle, c’est dans la trame précise des politiques entre les différentes parties du roman. Ce n’est pas forcément le roman le plus accessible de jean-Philippe Jaworski, mais la dernière partie du livre est prenante. On découvre plus en avant les différents personnages qui prennent sur l’échiquier politique, de la nouvelle épouse ciudalienne du Duc, des deux fils de Dame Aubéarde, dont la répudiation intervint à un moment étrangement opportun, ou d’un trio de chevaliers mystérieux mais talentueux, alliés au fameux chevalier aux épines. Beaucoup des personnages sont construits avec une certaine subtilité dans leurs caractères. J’ai une préférence pour l’attachant Yvorin, courageux jeune chevalier mais sans doute trop naïf pour une cour peuplée de serpents.
Le tournoi des preux lie brillamment roman de chevalerie et basses intrigues politiques
« Le Tournoi des Preux » de Jean-Philippe Jaworski offre une plongée captivante dans un univers de chevalerie empreint de mystère et de luttes de pouvoir. Tout en conservant les codes culturels et linguistiques de l’époque, l’auteur nous transporte dans un récit où l’honneur, la manipulation et les complots se mêlent habilement. Malgré une première partie qui peut sembler un peu lente, l’écriture travaillée et le style précis du roman captivent rapidement le lecteur. Les scènes de joute, aussi bien verbales que physiques, sont saisissantes et contribuent à l’immersion dans cet univers complexe où les règles sociales rigides sont imposées, souvent au prix de l’épée.
Note : 17/20
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