J’avais besoin d’une lecture gourmande pour le Pumpkin Autumn Challenge ! Le restaurant des recettes oubliées de Hisashi Kashiwai cochait toutes les cases : voyage au Japon, cuisine appétissante et nostalgie ! Je me suis donc lancée avec joie dans cette lecture qui s’annonçait réconfortante pour ce début d’automne bien morose.
Synopsis de Le restaurant des recettes oubliées
Caché dans les ruelles de Kyoto se trouve le petit restaurant des Kamogawa d’où s’élèvent d’exquises odeurs de riz cuit, de nabe et de légumes sautés. En plus de savoureux repas faits maison, Nagare et sa fille Koishi proposent une expérience qui sort de l’ordinaire : reproduire un plat que leurs clients ont en mémoire, mais dont la recette est depuis longtemps oubliée. Nabeyaki udon, sushis au maquereau, tonkatsu ou spaghettis à la napolitaine… pour chaque nouveau plat, la famille Kamogawa enquête et propose à ses convives de déguster une nouvelle fois les délicieux mets qui ont marqué leur vie. Et grâce à un soupçon de magie, ces saveurs perdues enfin retrouvées permettent de rêver à de nouveaux départs.
Voyage entre cuisine et émotions
Chaque souvenir sa résolution
Une père et sa fille tiennent un restaurant presque caché dans une rue de Tokyo. Le père, ancien policier, cuisine les plats tandis que sa fille, Koishi, tient le bureau d’enquête. Le livre est structuré en cinq histoires indépendantes. Pour chacune, une personne souhaite retrouver une recette en lien avec son passé : premier rendez-vous, souvenirs d’enfance, ancien amour… L’auteur aborde à chaque fois des sujets intimes qui éclairent des moments dans la vie de chaque client. En parcourant les souvenirs, Nagare, le chef, se lance dans des voyages pour retrouver le plat niché dans les mémoires des personnes qui leur rendent visite. Ainsi, le roman lie avec délicatesse la notion de souvenir à celle de la gastronomie. La question de retrouver les ingrédients originaux est souvent clé. Mais pour Nagare, cela ne signifie pas nécessairement que le plat aura le même goût. Pour lui, un plat change de saveur selon l’instant, car elle est intrinsèquement reliée à un souvenir, à une sensation, qui lui apporte sa symbolique. Ainsi, on effleure un instant un pan de mémoire sans retrouver l’émotion qui nous habitait à ce moment précis.
Chaque histoire est divisée en deux parties. Dans la première, le client expose quel plat il souhaite retrouver et s’entretient avec Koishi sur les détails de son passé. La seconde partie est dédiée au deuxième rendez-vous. Le chef Nagare présente le plat qu’il a concocté et expose comment il est parvenu à reproduire la commande. Cet aspect pourra apparaître trop répétitif pour certains lecteurs. Pour ma part, j’ai trouvé l’itération de la structure rassurante. On sait que la surprise ne se trouvera pas dans la façon dont l’enquête a été menée, mais plutôt sur les découvertes de Nagare. Ce retour dans le passé permet aux clients d’avoir des révélations, de savoir ce que sont devenus des figures de leur passé ou de comprendre la réalité des sentiments de membres de leur famille.
Simplicité et authenticité
Bien que le roman soit perfectible, il est parfait après un pavé ! L’écriture est très simple et directe. J’ai remarqué que c’était souvent le cas avec les traductions du japonais. C’est sans fioriture et la beauté se trouve dans les petites choses. Peut-être manquait-il un peu de poésie pour apporter un peu de densité à la lecture. Ce n’est en tout cas pas le genre de livre qui se lit d’un coup, au risque de vite se lasser. Il vaut mieux le picorer, une histoire après l’autre, pour profiter de cette plongée dans les habitudes nipponnes. J’ai apprécié en savoir plus sur la complexité des relations familiales, la place importante de l’honneur et du fait de garder la face… Nous avons donc des références à des mariages arrangés, à la pression d’être en couple, à un dramatique accident lié au fugu, ce fameux poisson qui peut tuer celui qui le déguste s’il n’est pas parfaitement préparé.
Bien sûr, le livre célèbre également la puissance de la gastronomie. Japonaise dans un premier temps. C’est un récit qui donne faim à travers ses descriptions de plats traditionnels. L’auteur pousse le détail jusqu’à faire de Nagare un savant des ingrédients. Pour reproduire les saveurs au plus juste, il précise la différence entre ce un ingrédient récolté dans une région du Japon par rapport à une autre. Cela témoigne du grand sens du détail de la cuisine et d’un amour de la précision formidable. Ainsi, les deux personnages principaux sont plutôt sympathiques et bien campés. Nagare est plus grincheux, là où sa fille est plus candide et accessible, ce qui explique pourquoi elle s’occupe de la relation avec la clientèle. Les références à la mère de Koishi, décédée d’une longue maladie, donnent naissance à des passages émouvants sur le deuil et le souvenir.
Le restaurant des recettes oubliées tient ses promesses
Lecture courte et feel-good, le roman est parfait après un roman long et exigeant. A travers cinq histoires, nous explorons un souvenir clé dans la vie d’un client de Nagare et de sa fille Koishi, une réminiscence liée à un plat dont la recette a été perdue. Le roman met en lumière le lien entre la nourriture et notre identité. Chaque plat préparé est lié à un événement ou à une personne disparue. Retrouver ces plats permet une sorte de clôture pour les différents clients, marquant l’importance d’un moment clé dans l’appréciation des saveurs. Ainsi, Le restaurant des recettes oubliées n’est pas un roman inoubliable (ironiquement) mais respecte son contrat de lecture doudou appétissante.
Note : 15/20
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2 commentaires
tampopo24 · 29 septembre 2024 à 12 h 40 min
Tu as très bien su trouver les mots pour en parler. Oui ce n’est pas inoubliable mais on pense un joli moment, c’est bien représentatif de la littérature japonaise feel good et pour ma part j’ai adoré la partie gastronomique et les moments rattachés.
La Geekosophe · 3 octobre 2024 à 12 h 48 min
Totalement ! Parfait pour passer un moment gourmand hors du temps 😉