Un peu de retard pour ce mois de novembre chaotique ! Mais le point de lecture est là et est même plus dodu que d’habitude. Novembre est toujours motivant pour lire : parfait pour se lancer dans des romans d’épouvante. Je suis assez satisfaite de la diversité des styles pour ce mois-ci. Alors voici le bilan du mois.

Souveraine du Coronado d’Emmanuel Chastellière

Souveraine du Coronado d’Emmanuel Chastellière

Carthagène, 1923. Dans la capitale du Nouveau-Coronado, la panique enfle. La Couronne s’apprête à organiser de grandes enchères pour céder sa colonie, lorsque d’horribles meurtres frappent soudain les élites de la ville. Les rumeurs imputent ces effusions de sang à la frénésie d’une « fée », un dieu des peuples autochtones. Mais Ferran, policier chargé de l’enquête, lui-même natif du Nouveau-Coronado, sait bien que les fées n’existent pas. Alors, qui sème le chaos ? Pendant ce temps, à l’autre bout de la péninsule, le juge-maje Ochozias n’obéit plus qu’à ses propres intérêts, ignorant depuis longtemps ses devoirs. Les promesses d’un étrange prisonnier l’entraînent pourtant dans une quête insensée. Car, au cœur de la cordillère, se trouveraient des filons d’un mythique minerai : l’orichalque. Voire quelque chose de plus précieux encore…

Souveraine du Coronado finit le cycle du Nouveau-Coronado avec un récit prenant et très bien mené. J’ai beaucoup apprécié les personnages variés, gris et bien construits, tous avec des motivations et des personnalités variées. Ils s’entrechoquent dans un récit violent. Celui de la fin d’une colonie à bout de souffle, étouffée par un pouvoir qui n’en a que faire et cherche à s’en débarrasser. Le terreau parfait pour faire renaître la flamme d’une population désespérée par les échecs des rébellions précédentes. L’ambiance est sombre, poisseuse, avec une touche d’ésotérisme sombre. L’auteur rend très bien la sensation que seule la violence finira par mettre fin à la situation, qu’importe comment. Le destin des personnages est donc d’une fragilité confondante, ce qui donne la vive impression de regarder une tragédie se jouer sous nos yeux. Le tout est porté par une écriture nerveuse, qui équilibre très bien action et passages de description.

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L’en deçà de Norman Jangot

L'en deçà de Norman Jangot

Ont-ils heurté une île ? Un récif ? Les secours arriveront-ils à temps ? Et qu’en est-il de ce corps inanimé à bord du bateau ?
Après un naufrage en haute mer, Sophie, sa soeur Luna et leurs amis découvrent malgré eux les dures lois de la survie en milieu hostile.
S’entame une épopée parsemée d’embûches vers le retour à la civilisation et la découverte de ce qui a réellement fait échouer leur bateau : la coque a heurté la plaine abyssale, car il n’y a plus une goutte d’eau dans l’océan.

J’ai beaucoup aimé ce roman ! Dopé par une écriture nerveuse et des personnages parfaitement maîtrisés, il nous entraîne dans un univers qui touche littéralement le fond. Norman Jangot a une plume prenante, directe, qui enchaîne bien les événements, les drames… Le récit se rapproche d’un survival horror du point de vue d’un groupe d’amis. Le duo formé par Luna et Sophie est inoubliable, tant la transformation de la première est menée avec habileté. L’en deçà aborde les problématiques de santé mentale avec talent. Si vous cherchez un récit postapo efficace et original, vous pouvez vous lancer.

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Conseils de lecture pour âmes égarées de Sara Nisha Adams

Conseils de lecture pour âmes égarées de Sara Nisha Adams

La mystérieuse liste qui s’échappe d’un livre de la bibliothèque où Aleisha travaille pour l’été éveille sa curiosité. Si ces titres ne lui sont pas inconnus, elle n’en a lu aucun. Entre un père complètement absent et une mère en dépression, difficile de trouver le temps de lire pour son propre plaisir. Mais les journées sont longues à la bibliothèque municipale où presque personne n’entre. Alors, pour tromper son ennui, elle parcourt les premières pages de ces romans et découvre un monde qu’elle ne soupçonnait pas : elle apprend à être honnête avec elle-même en compagnie d’Elizabeth Bennet et renoue avec la résilience grâce à Pi.

Et quand un vieux monsieur, perdu entre les étagères remplies de livres, vient lui demander conseil, Aleisha trouve dans cette âme égarée un ami avec qui échanger sur ses lectures, et surmonter ses peurs et ses peines. Car il n’est jamais trop tard pour commencer à lire, à aimer et à rêver.

On pourrait croire que ce roman est uniquement feel good, mais ce n’est en rien le cas ! Ce qui fait sa force, c’est de traiter de sujets tragiques de nos vies : deuil, dépression, solitude, rupture… avec justesse à travers des personnages agréables et crédibles. Le roman est une ode à la lecture, qui permet de liers les humains entre eux, et d’acquérir la sagesse et la force de surmonter les épreuves qui surviennent. En ce sens, je l’ai trouvé très juste et émouvant. Il permet également à des personnages très différents et solitaires de trouver une once de solidarité et de compagnie.

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Sirène, debout : Ovide rechanté de Nina MacLaughlin

Sirène, debout : Ovide rechanté de Nina MacLaughlin

« Ça, c’est le taureau en train de violer Europe…
Ça, c’est l’aigle avant qu’il agresse Astérie,
l’arrachant à la terre de ses griffes.
Ça, c’est Léda broyée sous un cygne. »

Elles s’appellent Arachné, Callisto, Écho, Méduse, Scylla, Eurydice. Cela fait deux mille ans qu’elles sont victimes du jeu des dieux et des hommes, prisonnières du récit mythique des Métamorphoses, racontées, transformées, brutalisées. Pour la première fois, elles prennent la parole...

Je ressors partagée de cette lecture. Il s’agit d’une série de textes écrits du point de vue des femmes des métamorphoses d’Ovide. Le récit se fait souvent viscéral et vengeur, ce qui lui donne une vraie force dans certains passages poignants. Cependant, j’ai parfois eu du mal avec le ton trop moderne de la plupart des récits, qui a diminué la force tragique de certains éléments, voire était parfois difficile à lire. J’admire toutefois la capacité de l’autrice à déployer des formes variées et innovantes pour remettre en scène ces histoires de manière créative. Sur certains passages, cette écriture viscérale et le jeu des différentes formes proposées confèrent une rage bouillonnante aux textes.

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Nous parlons depuis les ténèbres – Anthologie

Nous parlons depuis les ténèbres - Anthologie

Ces nouvelles inédites présentent les différentes facettes du genre : depuis le body horror jusqu’au gothique maritime, en passant par le fantastique amer et l’angoisse contemporains, le gore ou encore la réécriture horrifique de contes.

Comme souvent avec les anthologies, difficile d’apprécier toutes les nouvelles. J’ai apprécié l’idée de donner la parole à des plumes sombres féminines. Les nouvelles abordent un larhe éventail de genres, allant du fantastique au contemporain en passant par la SF. J’ai cependant trouvé qu’une majorité des nouvelles manquait d’une réelle ampleur, une réelle audace. Du coup, j’en garde un souvenir sympathique mais loin d’être impérissable.

Le tour d’écrou d’Henry James

Le tour d'écrou d'Henry James

Le huis clos d’une vieille demeure dans la campagne anglaise. Les lumières et les ombres d’un été basculant vers l’automne. Dans le parc, quatre silhouettes – l’intendante de la maison, deux enfants nimbés de toute la grâce de l’innocence, l’institutrice à qui les a confiés un tuteur désinvolte et lointain. Quatre… ou six ? Que sont Quint et Miss Jessel ? Les fantômes de serviteurs dépravés qui veulent attirer dans leurs rets les chérubins envoûtés ? Ou les fantasmes d’une jeune fille aux rêveries nourries de romanesque désuet ? De la littérature, Borgès disait que c’est « un jardin aux sentiers qui bifurquent ». Le Tour d’écrou n’en a pas fini d’égarer ses lecteurs.

Un petit classique de l’épouvante ! C’est un récit qui réunit tous les ingrédients d’une lecture de saison : un manoir isolé, des apparitions autour d’enfants trop parfaits pour leur âge… Le tour d’écrou nous présente une histoire intrigante. L’héroïne est une jeune femme qui semble facilement impressionnable dans cette demeure mystérieuse. Le style est très suranné et ne plaira pas à tout le monde. Tout repose sur le non-dit entre les personnages.

Quelle est votre lecture favorite du mois de novembre ?

Catégories : Points lectures

1 commentaire

tampopo24 · 4 décembre 2024 à 6 h 53 min

Effectivement un beau mois varié, j’aime ça !
Je te rejoins sur le Tour d’écrou que j’ai beaucoup apprécié tout comme Souveraine du Coronado.
Je me note l’En deçà qui m’intrigue et semble t’avoir particulièrement plu.
Beau mois de décembre

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