J’aime beaucoup le Japon et le premier tome des Chroniques de l’érable et du cerisier me faisait bien envie. Le masque de Nô de Camille Monceaux nous entraîne dans la fourmillante ère d’Edo, où samouraïs et courtisanes se côtoient alors que le théâtre kabuki émerge. Au milieu de tout cela, un orphelin soit survivre.

Synopsis de Le masque de Nô

Dans le Japon du début de l’ère Edo, Ichirô, un enfant abandonné, est recueilli et élevé loin du monde par un ancien samouraï qui lui enseigne la voie du sabre. Quand des événements dramatiques bouleversent sa vie, il part pour Edo.
À 15 ans, il doit survivre seul dans une ville labyrinthique où l’attendent mille dangers. Une nuit, il découvre une mystérieuse jeune fille au visage dissimulé.

Un jeune garçon à l’ère d’Edo

Aventure initiatique pour un orphelin

Ce premier tome plante avant tout le décor. Nous sommes au Japon, au temps de Tokugawa Ieyasu, une ère de politiques complexes, d’isolationisme pour l’archipel nippon et de grande floraison pour les arts. Ichirô, jeune garçon abandonné nourrisson, a été recueilli par un guerrier ermite. Elevé à la dure, il apprend l’art du sabre comme celui de la poésie. Une éducation rare pour l’époque, qui interpelle rapidement. Qui est réellement le maître d’Ichirô ? Pourquoi vit-il en cet exil éternel ? D’où vient réellement le jeune garçon ? Mais les questions ne trouvent pas leurs réponses dans l’écoulement tranquille des saisons, entre les exercices, l’exploration du temple au Renard et les moments de complicité avec la vieille domestique. Le récit peut paraître assez lent à se mettre en place.

Mais la quiétude relative de cette vie isolée prend fin de manière aussi brutale qu’inattendue. Commence alors une quête vers la capitale, Edo. Autant dire que c’est un sacré changement. Jusqu’ici, Ichirô avait connu une vie fastueuse comparativement au reste de la population. Au bas de l’échelle, il doit faire face aux bandes de gamins orphelins qui errent dans les rues d’Edo. Il doit aussi échapper aux maisons de thé, lieux de plaisir qui n’hésitent à proposer de jeunes garçons aux appétits des nantis. Âme résolument sensible, Ichirô parvient à s’attirer l’amitié d’un poète et à travailler pour un théâtre caché, ce qu’il préfère à une vie consacrée au sabre. Mais pourra-t-il pour toujours échapper à son destin ? J’ai en tout cas beaucoup apprécié ce jeune homme, l’autrice mettant très bien en scène ses fragilités comme ses forces.

Chronique de la vie à l’ère d’Edo

Le roman décrit avec talent la vie au Japon au XVIIe siècle. Période de transition après une grande instabilité politique, Le maque de Nô bénéficie d’une grande recherche de la part de l’autrice. Camille Monceaux est passionnée par le Japon et sa culture, et cela se sent. Elle prend soin d’utiliser des termes de l’époque, comme les mois et les unités de mesure, ce qui favorise l’immersion (bien que complexifie la lecture parfois). Une grande partie de l’histoire est consacrée à l’émergence du théâtre Kabuki face au plus traditionne. Ce choix permet de présenter des personnages de nombreux milieux différents : courtisanes, humbles travailleurs, éminents politiques et guerriers… Le roman représente bien les rigidités de la société japonaise et la force de ses traditions, notamment en termes de rôles genrés et d’inégalités sociales.

Mais ce qui fait l’une des qualités du livre en fait aussi un défaut. Une grande partie du récit est consacré à la mise en place du récit, ainsi qu’aux tribulations d’Ichirô. J’ai eu la sensation que le récit mettait du temps à démarrer. Par exemple, certains éléments politiques mis en place en début de roman disapraissent pendant une grande partie du scénario. Par conséquent, on a la sensation d’être plus face à un récit historique tranche de vie, ce qui n’est pas forcément ce qui est attendu quand on ouvre ce type d’oeuvre. Ainsi, certains passages, sans être inintéressants, peuvent sembler longuets. La fin du roman gagne cependant en intensité et annonce une suite des plus palpitantes après ce tome qui prend le risque d’être en somme très introductif.

Le masque de Nô, belle chronique historique mais très introductive

Ce roman historique jeunesse reconstruit avec précision et soin la vie sous Edo. Dans ce Japon isolationiste, uni sous l’unique banière de Tokugawa Ieyasu, l’histoire est en marche. Ichirô, jeune garçon aux origines mystérieuses, doit survivre dans les rues de la capitale. Le lecteur découvre à ses côtés le dynamisme culturel de l’époque, mais aussi les inégalités et les difficultés à survivre dans cette cité où les traditions sont reines. Sensible et loyal, Ichirô est un personnage plein d’humanité qui a aussi bien des fêlures que ses forces. Partagé entre sa passion pour le théâtre et la voie du sabre, pourra-t-il échapper éternellement à sa quête de vengeance ? Quête qui met, ma foi, beaucoup de temps à se développer. Le récit prend son temps pour détailler l’éducation et les tribulations de son héros, ce qui rend le roman très immersif, mais donne une certaine impression de lenteur ou de manque de but réel. Mais la fin de ce premier tome lui donne un nouveau souffle épique qui donne envie de découvrir la suite.

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Catégories : Chroniques

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