L’année 2024 se finit sur un mois bien fourni en lectures ! Décembre marque le retour de classiques et de romans historiques. J’avais décidé en début d’année de diversifier mes lectures, c’est donc chose faite. Mais ne vous inquiétez pas, je ne délaisse pas l’imaginaire pour autant.
Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur de Harper Lee
Dans une petite ville d’Alabama, au moment de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Homme intègre et rigoureux, cet avocat est commis d’office pour défendre un Noir accusé d’avoir violé une Blanche. Celui-ci risque la peine de mort.
Le roman repose sur le point de vue d’un enfant, ce qui lui donne un style accessible, fantaisiste et emprunt d’une fausse candeur. La vie de Scout et de son frère aîné montre leur grande liberté dans Maycomb, une ville où tout le monde connaît tout le monde depuis des générations. Mais la vie tranquille des habitants est bouleversé par un procès retentissant qui va mettre en exergue les tensions de l’époque, le racisme en tête. Ainsi, les conversations d’adultes qu’entend Scout permet de comprendre à quel point cette affaire est sensible. C’est aussi l’occasion de mettre en avant le travail titanesque d’Atticus, en avance sur son temps, qui fait toujours preuve de bienveillance dans un procès éprouvant pour toutes les parties. Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur est une remarquable oeuvre qui montre que simple ne rime pas avec simpliste, sa jeune protagoniste mettant en lumière les nuances de caractères et d’actes de son entourage avec sagacité et audace.
Molly Southbourne tome 2 : La survie de Molly Southbourne de Tade Thompson
Qui est Molly ? Une jeune femme frappée de la pire des malédictions, morte dans l’incendie de son domicile… Et pourtant là. Semblable mais différente. Qui est cette Molly ? Certains veulent la voir disparaître. D’autres brûlent de la capturer, de percer à jour les secrets de sa nature étrange.
L’objet d’enjeux qui la dépassent, voilà ce qu’est Molly. Condamnée à fuir, à tenter de survivre. Avant de peut-être, enfin, apprendre à vivre…
Toujours avec cette ambiance horrifique et ce concept original, Tade Thompson nous entraîne à la suite d’une Molly qui cherche à échappée à une violence inscrite dans son passé comme dans ses gènes. Mais la nature est tenace et semble poursuivre la jeune femme. Ce tome propose des passages parfois très prenants, avec une description crue des coups et du sang qui soutiennent d’autres aspects profondément paranoïaques de l’intrigue. On découvre aussi plus d’éléments sur l’origine de la mutation de Molly, même si beaucoup de zones d’ombre demeurent. Cependant, j’ai trouvé le rythme parfois inégal, notamment car Molly est un personnage sans d’autre but que de survivre et d’échapper à ses fantômes, ce qui la rend difficilement attachante.
Filles de Shanghai de Lisa See
Nous avons tout perdu, May et moi, à l’exception du lien qui nous unit. Après ce que nous venons de traverser, il est devenu si fort que même le plus affûté des couteaux ne parviendrait pas à le trancher.
Chine 1937. Shanghai est le joyau de l’Asie. C’est là que vivent les soeurs Perle et May, magnifiques jeunes femmes aisées et rebelles, aux tempéraments pourtant opposés. Mais l’insouciance s’arrête brutalement pour elles le jour où leur père, ruiné, décide de les vendre à des Chinois de Californie. Alors que les bombes japonaises s’abattent sur leur ville natale, une nouvelle vie commence à Los Angeles pour ces deux forces de la nature.De Shanghai à Hollywood, le récit d’un exil bouleversant.
Filles de Shanghai propose une fresque historique vertigineuse qui se passe sur plusieurs d’années. A travers le regard de deux soeurs chinoise unies jusqu’au bout, c’est toute l’évolution de la place des immigrés chinois que nous voyons. A travers une guerre mondiale, dans un pays qui limite leurs droits, jusqu’à la chasse aux sorcières, Lisa See souligne la difficulté de s’intégrer tout en gardant les traditions d’origine vivantes. Avec ses protagonistes, elle met également en avant la difficulté d’être une femme dans la culture chinoise et d’avoir le choix de s’émanciper aux Etats-Unis. Certains passages sont particulièrement durs entre périodes de conflits, violences psychologiques et pertes multiples. Le roman est globalement une oeuvre émouvante qui allie les aspects historiques et émouvants.
Nous allons tous très bien, merci de Daryl Gregory
Il y a d’abord Harrison, qui, adolescent, a échappé à une telle horreur qu’on en a fait un héros de romans. Et puis Stan, sauvé des griffes d’une abomination familiale l’ayant pour partie dévoré vif. Barbara, bien sûr, qui a croisé le chemin du plus infâme des tueurs en série et semble convaincue que ce dernier a gravé sur ses os les motifs d’un secret indicible. La jeune et belle Greta, aussi, qui a fui les mystères d’une révélation eschatologique et pense conserver sur son corps scarifié la clé desdits mystères. Et puis il y a Martin, Martin qui jamais n’enlève ses énormes lunettes noires. Tous participent à un groupe de parole animé par le Dr Jan Sayer. Tous feront face à l’abomination, affronteront le monstre qui sommeille en eux et découvriront que le monstre en question n’est pas toujours celui qu’on croit.
Difficile de ne pas accrocher au concept ultra de créatif de ce court roman de Daryl Gregory ! Un groupe de survivants traumatisés par des événements liés au surnaturel se retrouve dans un groupe de parole. Avec un sens de la psychologie acéré, l’auteur construit une galerie de personnages bien creusés qui vivent différemment leurs traumatismes. Petit à petit, l’ambiance glisse vers de l’horrifique et une sensation prenante de paranoïa. Chaque individu a un lien avec des monstres qui semblent prêts à chasser. Le récit dévoile un univers plus riche qu’il n’y paraît, mais le format ne permet pas de totalement exploiter une mythologie qui touche de nombreuses références. Je n’ai qu’une envie, lire Harrison Harrison, consacré à l’un des personnages principaux.
Les chroniques de l’érable et du cerisier, tome 1 : Le masque de nô de Camille Monceaux
Dans le Japon du début de l’ère Edo, Ichirô, un enfant abandonné, est recueilli et élevé loin du monde par un ancien samouraï qui lui enseigne la voie du sabre. Quand des événements dramatiques bouleversent sa vie, il part pour Edo.
À 15 ans, il doit survivre seul dans une ville labyrinthique où l’attendent mille dangers. Une nuit, il découvre une mystérieuse jeune fille au visage dissimulé.
Ce roman historique jeunesse reconstruit avec précision et soin la vie sous Edo. Dans ce Japon isolationiste, uni sous l’unique banière de Tokugawa Ieyasu, l’histoire est en marche. Ichirô, jeune garçon aux origines mystérieuses, doit survivre dans les rues de la capitale. Le lecteur découvre à ses côtés le dynamisme culturel de l’époque, mais aussi les inégalités et les difficultés à survivre dans cette cité où les traditions sont reines. Sensible et loyal, Ichirô est un personnage plein d’humanité qui a aussi bien des fêlures que ses forces. Partagé entre sa passion pour le théâtre et la voie du sabre, pourra-t-il échapper éternellement à sa quête de vengeance ? Quête qui met, ma foi, beaucoup de temps à se développer. Le récit prend son temps pour détailler l’éducation et les tribulations de son héros, ce qui rend le roman très immersif, mais donne une certaine impression de lenteur ou de manque de but réel. Mais la fin de ce premier tome lui donne un nouveau souffle épique qui donne envie de découvrir la suite.
Quelles sont vos lectures marquantes du mois décembre ?
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