Clap de fin pour l’année 2024 ! J’ai tenu mes objectifs et lu 56 livres au total (je compte une nouvelle dedans mais elle était fort sympathique). Le plus satisfaisant, c’est d’avoir réussi à diversifier mes lectures. Ainsi, certains coups de coeur ne sont pas de l’imaginaire. Certains romans sont des histoires de vie poignantes à l’écriture ciselée. Mais ne vous inquiétez pas, il y a toujours beaucoup de science-fiction.

Le passeur de Lois Lowry

Le passeur de Lois Lowry

Dans le monde où vit Jonas, la guerre, la pauvreté, le chômage, le divorce n’existent pas. Les inégalités n’existent pas. La désobéissance et la révolte n’existent pas. L’harmonie règne dans les cellules familiales constituées avec soin par le comité des sages. Les personnes trop âgées, ainsi que les nouveau-nés inaptes sont « élargis », personne ne sait exactement ce que cela veut dire. Dans la communauté, une seule personne détient véritablement le savoir. Elle seule sait comment était le monde quand il y avait encore des animaux, quand l’oeil humain pouvait voir les couleurs, quand les gens tombaient amoureux. Lorsque Jonas aura douze ans, il se verra attribuer, comme tous les enfants de son âge, sa future fonction dans la communauté. Jonas ne sait pas encore qu’il est unique…

Mon premier coup de cœur de 2014 ! Le passeur de Lois Lowry est une pépite de la littérature jeunesse. L’histoire peut sembler simple, mais l’autrice a une vraie poésie dans la construction de son univers. On se sent très proche du jeune Jonas, un jeune garçon sensible qui doit faire face à une vérité très dure. Cette dystopie interroge les notions d’uniformité, souligne les apparences que l’on doit maintenir pour garder une illusion de bonheur. Être heureux implique-t-il l’absence de souffrance ? Les émotions sont-elles néfastes à la société ? Le passeur aborde des questionnements plus profonds qu’il n’y parait à travers un personnage principal touchant. La fin laisse un doute mais je l’ai trouvée assez belle.

Liens de sang d’Octavia Butler

Liens de sang d'Octavia Butler

Dana est noire, Kévin est blanc. Mariés depuis peu, ils emménagent dans une nouvelle maison en Californie. Le jour de ses vingt-six ans, la jeune femme, prise d’un malaise, perd connaissance. Elle disparaît du salon, puis réapparaît quelques instants plus tard, couverte de boue.
Sans contrôler ni ses départs ni ses retours, Dana est propulsée au temps de l’esclavage et partage la vie de ses ancêtres dans une plantation du Sud.
Hallucination ? Cauchemar ? Le couple survivra-t-il à ces épreuves ?

L’autrice aborde avec finesse les relations complexes entre noirs et blancs à travers les voyages temporels de l’héroïne, Dana. L’usage astucieux du retour dans le temps crée une tension palpable, renforcée par l’absence d’explications détaillées, ajoutant une dimension anxiogène à l’histoire. La subtilité des personnages, confrontés aux horreurs de l’esclavage et pris entre deux mondes, offre une profondeur et des nuances qui contribuent à la richesse narrative. Octavia Butler excelle dans la représentation de la complexité humaine, évitant la simplification des personnages en bons ou mauvais.

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Le démon de la colline aux loups de Dimitri Rouchon-Borie

Le démon de la colline aux loups de Dimitri Rouchon-Borie

Un homme se retrouve en prison. Brutalisé dans sa mémoire et dans sa chair, il décide avant de mourir de nous livrer le récit de son destin.

Écrit dans un élan vertigineux, porté par une langue aussi fulgurante que bienveillante, Le Démon de la Colline aux Loups raconte un être, son enfance perdue, sa vie emplie de violence, de douleur et de rage, d’amour et de passion, de moments de lumière… Il dit sa solitude, immense, la condition humaine.

Roman noir, Le démon de la colline aux loups nous plonge dans la psyché d’un jeune homme à l’enfance détruite par la violence. Si le roman est à déconseillé aux âmes sensibles, il est brillant dans sa description de Duke, dont l’enfance le condamne dans une spirale de violence malgré des moments de vive luminosité à travers quelques rencontres. L’auteur a choisi la forme d’un journal, de confessions, pour se prêter à un exercice de forme qui porte à merveille le propos du roman mais aussi le caractère du personnage, le rendant particulièrement attachant malgré ses éclats de violence.

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Sans parler du chien de Connie Willis

Sans parler du chien de Connie Willis

Au XXIe siècle, le professeur Dunworthy dirige une équipe d’historiens qui utilisent des transmetteurs temporels pour aller assister aux événements qui ont modifié l’avenir de l’humanité. Ned Henry est l’un d’eux. Dans le cadre d’un projet de reconstruction de la cathédrale de Coventry, il doit effectuer d’incessantes navettes vers le passé pour récolter un maximum d’informations sur cet édifice détruit par un raid aérien nazi en 1940. Toutefois, quand Dunworthy lui propose d’aller se reposer dans l’Angleterre de la fin du XIXe siècle, ce havre de tranquillité où rien n’est plus épuisant que de canoter sur la Tamise et de jouer au croquet, c’est avec empressement qu’il accepte. Mais Henry n’a pas entendu le professeur préciser qu’il devra en profiter pour corriger un paradoxe temporel provoqué par une de ses collègues qui a sauvé un chat de la noyade en 1888… et l’a ramené par inadvertance avec elle dans le futur. Et quand ce matou voyageur rencontre un chien victorien, cette incongruité spatio-temporelle pourrait bien remettre en cause… la survie de l’humanité !

J’ai adoré cette lecture ! Légère et intelligente, elle nous plonge dans une quête temporelle à l’époque victorienne. Alors que des agents voyageurs du temps doivent tenter de résoudre des incongruités pour sauver le temps, ils doivent également assurer leur couverture. Et ils font face à des personnalités excentriques qui caricaturent les pires marottes. Entre séances de spiritisme, kermesse de village, ragots et recherches d’époux, comment remplir sa mission ? Heureusement, Ned Henry peut compter sur Miss Brown et sur des alliés inattendus, comme Cyril le bouledogue et la Princesse Arjumand, chatte élégante. Connie Willis nous entraîne grâce à sa plume mordante, alternant entre jeux de mots et situations cocasses. En somme, une très bonne lecture légère et bien adaptée à la période printanière.

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I am, I am, I am de Maggie O’Farrell

I am, I am, I am de Maggie O'Farrell

Après le succès d’ Assez de bleu dans le ciel, Maggie O’Farrell revient avec un nouveau tour de force littéraire. Poétique, subtile, intense, une œuvre à part qui nous parle tout à la fois de féminisme, de maternité, de violence, de peur et d’amour, portée par une construction vertigineuse. Une romancière à l’apogée de son talent.
Il y a ce cou, qui a manqué être étranglé par un violeur en Écosse.
Il y a ces poumons, qui ont cessé leur œuvre quelques instants dans l’eau glacée.
Il y a ce ventre, meurtri par les traumatismes de l’accouchement…

Dix-sept instants.
Dix-sept petites morts.
Dix-sept résurrections.

Coup de cœur pour ce beau récit ! Maggie O’Farrell explore la construction de son identité à travers tous les moments où elle a frôlé la mort. Elle semble attirer le mauvais oeil. Mais loin d’être devenue une femme craintive, elle est restée une grande voyageuse, consciente que tout peut lui être arraché en un instant. Sa plume est d’une grande poésie et d’une grande sensibilité, lui permettant d’explorer son inconscient avec beaucoup de réflexion. Par ce prisme, elle aborde des thèmes qui sont universels : la violence envers les femmes, la peur de perdre un être cher, la difficulté de trouver du personnel médical qui ne la traite pas d’hystérique et ne la mette pas inutilement en danger…. C’est une autobiographie construite avec intelligence, émotion et qui marque durablement le lecteur.

L’en deçà de Norman Jangot

L'en deça de Norman Jangot

Ont-ils heurté une île ? Un récif ? Les secours arriveront-ils à temps ? Et qu’en est-il de ce corps inanimé à bord du bateau ?
Après un naufrage en haute mer, Sophie, sa soeur Luna et leurs amis découvrent malgré eux les dures lois de la survie en milieu hostile.
S’entame une épopée parsemée d’embûches vers le retour à la civilisation et la découverte de ce qui a réellement fait échouer leur bateau : la coque a heurté la plaine abyssale, car il n’y a plus une goutte d’eau dans l’océan.

J’ai beaucoup aimé ce roman ! Dopé par une écriture nerveuse et des personnages parfaitement maîtrisés, il nous entraîne dans un univers qui touche littéralement le fond. Norman Jangot a une plume prenante, directe, qui enchaîne bien les événements, les drames… Le récit se rapproche d’un survival horror du point de vue d’un groupe d’amis. Le duo formé par Luna et Sophie est inoubliable, tant la transformation de la première est menée avec habileté. L’en deçà aborde les problématiques de santé mentale avec talent. Si vous cherchez un récit postapo efficace et original, vous pouvez vous lancer.

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Conseils de lecture pour âmes égarées de Sara Nisha Adams

Conseils de lecture pour âmes égarées de Sara Nisha Adams

La mystérieuse liste qui s’échappe d’un livre de la bibliothèque où Aleisha travaille pour l’été éveille sa curiosité. Si ces titres ne lui sont pas inconnus, elle n’en a lu aucun. Entre un père complètement absent et une mère en dépression, difficile de trouver le temps de lire pour son propre plaisir. Mais les journées sont longues à la bibliothèque municipale où presque personne n’entre. Alors, pour tromper son ennui, elle parcourt les premières pages de ces romans et découvre un monde qu’elle ne soupçonnait pas : elle apprend à être honnête avec elle-même en compagnie d’Elizabeth Bennet et renoue avec la résilience grâce à Pi.

Et quand un vieux monsieur, perdu entre les étagères remplies de livres, vient lui demander conseil, Aleisha trouve dans cette âme égarée un ami avec qui échanger sur ses lectures, et surmonter ses peurs et ses peines. Car il n’est jamais trop tard pour commencer à lire, à aimer et à rêver.

On pourrait croire que ce roman est uniquement feel good, mais ce n’est en rien le cas ! Ce qui fait sa force, c’est de traiter de sujets tragiques de nos vies : deuil, dépression, solitude, rupture… avec justesse à travers des personnages agréables et crédibles. Le roman est une ode à la lecture, qui permet de liers les humains entre eux, et d’acquérir la sagesse et la force de surmonter les épreuves qui surviennent. En ce sens, je l’ai trouvé très juste et émouvant. Il permet également à des personnages très différents et solitaires de trouver une once de solidarité et de compagnie.

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Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur de Harper Lee

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur de Harper Lee

Dans une petite ville d’Alabama, au moment de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Homme intègre et rigoureux, cet avocat est commis d’office pour défendre un Noir accusé d’avoir violé une Blanche. Celui-ci risque la peine de mort.

Le roman repose sur le point de vue d’un enfant, ce qui lui donne un style accessible, fantaisiste et emprunt d’une fausse candeur. La vie de Scout et de son frère aîné montre leur grande liberté dans Maycomb, une ville où tout le monde connaît tout le monde depuis des générations. Mais la vie tranquille des habitants est bouleversé par un procès retentissant qui va mettre en exergue les tensions de l’époque, le racisme en tête. Ainsi, les conversations d’adultes qu’entend Scout permet de comprendre à quel point cette affaire est sensible. C’est aussi l’occasion de mettre en avant le travail titanesque d’Atticus, en avance sur son temps, qui fait toujours preuve de bienveillance dans un procès éprouvant pour toutes les parties. Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur est une remarquable oeuvre qui montre que simple ne rime pas avec simpliste, sa jeune protagoniste mettant en lumière les nuances de caractères et d’actes de son entourage avec sagacité et audace.

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Quelles sont vos lectures coups de coeur pour 2024 ?

Catégories : Littérature

1 commentaire

tampopo24 · 9 janvier 2025 à 7 h 08 min

Quelle riche année livresque ! Beaucoup de livres m’interpellent dans ton top comme Le démon de la colline ou I am I am I am car j’aime beaucoup l’autrice.
Liens de sang sera aussi dans le mien, tout comme Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur y a figuré à sa lecture.
Je suis curieuse de voir ce que 2025 nous réserve maintenant ☺️

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