Merci aux éditions ActuSF pour l’envoi. J’étais très curieuse de découvrir cette oeuvre de Fantasy française, bien que ce ne soit pas le genre d’histoire que je lis beaucoup en ce moment. Cependant, Le bouffon de la couronne, écrit par Thibault Lafargue, met en scène un personnage principal qui se révèle inédit : un bouffon du roi, devenu bouffon contre son gré. Qu’en-ai -je pensé ?

Synopsis de Le bouffon de la couronne

« Un bouffon est en dessous du peuple mais au-dessus du roi. Amuse le roi et tu amuseras la cour. Alors, tu seras l’être le mieux loti du château » Il en faut des hasards du destin pour que Sébrain, jeune homme dévoué à la religion du Triste, devienne Tirelangue, le bouffon du château de Belle-la-Ménure. Suite à une terrible maladresse commise lors d’un banquet diplomatique, il se voit nommé « bouffon » par le roi afin d’éviter un désastre. Ce mensonge le propulse au coeur des intrigues de la cour, où il découvrira à ses dépens la règle d’or du métier : un bouffon qui ne fait pas rire est un bouffon en danger…

Un roman qui fait plaisir à voir dans le paysage de la fantasy française

De Sébrain à Tirelangue, plongée dans les secrets du château

Vous l’entendrez souvent, mais le roman rappelle un peu la saga de Robin Hobb. Les hasards de la vie font de notre protagoniste le bouffon du roi Guillon. Un rôle assez loin de ses ambitions, mais que Sébrain doit embrasser pour échapper à la mort. Nous suivons donc un jeune homme qui renonce à une religion dont la philosophie est très éloignée de la bouffonerie. La plume est à la première personne, ce qui permet de suivre son évolution pour trouver sa pce et tirer son épingle du jeu. Sébrain ne manque pas d’adaptabilité, et son activité au château et l’entourage du roi le rapproche vite des comflits et soucis politiques. Le roman nous apporte les informations et développe sa narration avec soin. Je ne me suis pas ennuyée un instant alors que c’est un petit pavé. Chaque scène, chaque dialogue a un sens et apporte quelque chose à l’histoire ou à l’univers. Sébrain se retrouve vite embourbé dans plusieurs histoires : coeurs, politiques, religieuses…

L’auteur met avec finesse la complexité du rôle de bouffon en avant. Si Sébrain se fait passer pour un simple d’esprit, l’entourage du roi ne se méfie pas de lui. Il devient assez vite le détenteur de secrets. Sa proximité avec le roi Guillon est un atout précieux. Il est élément connu de la cour, peut bénéficier des largesses du monarque. Mais il peut aussi être la première victime des caprices, de punitions. D’autant plus que le jeune homme est placé dans une situation précaire. Heureusement, il peut compter sur des alliés. Comme Jeannie La Folle, la serveuse Savévyane… Le récit se pare d’un nombre important de personnages bien construits. Loin d’être simplistes, certains ont des allégeances complexes et cachent bien leur vraie nature.

Un univers riche et bien maîtrisé

Comme vous le savez, j’ai tendance à être lassée des univers medieval fantasy européens. Le bouffon de la couronne construit cependant un univers original en utilisant des aspects connus de notre culture commune. La religion principale du roman est celle de la Tristesse. Comme son nom l’indique, c’est un culte du chagrin et des larmes dont la hiérarchie est complexe. Les distractions comme l’art sont interdites au point d’être considérée comme de l’hérétisme. De puissants artistes appelés les éléanoriens étaient capables de créer des oeuvres magiques, mais ils ont disparu il y a longtemps. Le royaume est en guerre depuis une dizaine d’années contre le Levant, une culture inspirée du monde orientale et dirigée par un Sultan. Le contexte et les détails de chaque élément sont mis en place avec soin et permettent de bien saisir les implications de chaque camp mis en avant. La façon dont Sébrain croise chacune d’elle est bien amenée et progressive. J’ai beaucoup aimé comment la relation entre Guillon le monarque et son bouffon évoluait. On sent clairement que la moindre fluctuation dans l’humeur du roi a un effet que considération que la Cour donne à Tirelangue.

La richesse de cet univers rend cette lecture addictive. J’ai été très curieuse d’en savoir plus sur les cultes, les Artistes ou les différentes de la Cour. Tout ce worldbuilding permet de bien comprendre les motivations de chaque personnage. Cela donne une nouvelle ampleur aux différents complots qui prennent place ainsi qu’aux secrets des différents personnages. Sébrain, en tant que Tirelangue, obtient l’accès de à de multiples passages secrets qui lui permettent d’écouter aux portes. Etrangement, le bouffon dépasse les limitations d’étiquette, ce qui en fait rapidement un personnage à part à la Cour. Un personnage qui obtient les condidences des autres, d’autant plus que Tirelangue passe pour un sot. Un personnage appelé pour distraire lors de soirées, qui voit les alliances se nouer ou se ternir. Mais tout est loin d’être rose pour Sébrain. Cet univers est violent : torture, viols, assassinats… C’est ici un monde sans concession où la moindre erreur peut mener à un sort pire que la mort.

Le bouffon de la couronne, de la fantasy politique parfaitement exécutée

Le bouffon de la couronne est un récit qui vient redorer la blason de la fantasy française. Avec un sens de la construction narrative qui rapelle Robin Hobb, Thibault Lafargue présente un roman riche. Il mêle l’histoire du jeune Sébrain avec talent, de son apprentissage jusqu’à son rôle de plus en plus central dans les intrigues du Château de Belle-La-Ménure. Avec des personnages bien travaillés, le récit avec finesse, nous ouvrant la porte à un univers foisonnant. Entre religion, complots à la Cour et Guerre avec un pays voisin, Sébrain navigue dans ce nouveau monde au milieu d’un danger permanent. Il fait usage de ses cartes maîtresses avec habileté, tout en payant grassement ses erreurs. Le bouffon de la couronne est un univers dangereux, mais avec de nombreux mystères qui donnent envie de l’explorer un peu plus.

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Catégories : Chroniques

2 commentaires

tampopo24 · 13 avril 2025 à 22 h 33 min

J’ai été tout aussi convaincue que toi. D’abord attirée par ce Robin Hobb-Like, c’est au final la propre originalité de son univers, de sa religion, de ses relations et alliances, qui m’ont fait adorer la lecture.
Je suis impatiente de lire le prochain et dernier tome et d’avance un peu frustrée aussi car je n’aurais pas voulu déjà le quitter !

    La Geekosophe · 19 avril 2025 à 19 h 50 min

    Après je trouve ça top que ce soit une duologie, je trouve cette modalité de parution plus rythmée 🙂

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