Je continue ma lecture des romans conseillés pour cette année. Une de mes amies m’a une fois de plus conseillé de plonger dans un roman de Murakami. Il s’agit d’une des dernières parutions de l’auteur, qui a été scindée en deux dans sa version française. Qu’ai-je pensé de ce premier tome de Le meurtre du commandeur ?

Synopsis de Le meurtre du commandeur, tome 1

Au Japon, de nos jours. Une maison en pleine montagne, totalement isolée, livrée à la nature, aux bruits de la pluie et des insectes la nuit. Dans cette maison, des livres et des disques. Beaucoup de disques, d’opéra surtout. Et un narrateur. Il est peintre. Ces dernières années, il a fait beaucoup de portraits, il cherche à retrouver l’inspiration. Cette maison n’est pas la sienne, elle appartient à Tomohiko Amada, un artiste de génie qui a vécu à Vienne avant l’Anschluss et qui, de retour au Japon, s’est mis à peindre des tableaux Nihonga. Il a 92 ans, il est sénile, il vit à l’hôpital. Cette maison, le narrateur y a trouvé refuge après un mois d’errance, quand sa femme lui a annoncé qu’elle voulait divorcer. Dans le grenier de la maison, le narrateur trouve un tableau, soigneusement caché, une peinture d’une grande violence, le meurtre d’un vieillard, une scène comme tirée du Don Giovanni de Mozart mais qui serait située au Japon du 7e siècle. C’est Le Meurtre du Commandeur. Un jour, le vieillard du tableau se manifeste. Il est en taille réduite, mais c’est bien lui, le Commandeur. Que veut-il ? Quel est son message ? Le narrateur retrouvera-t-il la voie de la création ?

Un roman qui foisonne de messages et de sensibilité

Un récit sur la création

Un peintre fraîchement quitté par sa femme s’isole dans une maison dans les montagnes. Artiste sans inspiration, il espère que cette retraite dans la maison d’un ancien peintre connu pour un style d’art typiquement japonais, le nihonga. L’auteur prend le temps d’installer son ambiance autour des multiples questions de son personnage principal. Portraitiste renommé, il s’occupe de commandes. Un travail qui ne demande pas une grande créativité. Cependant, tous les changements de sa vie mais aussi d’étranges événements dans la maison qu’il occupe le poussent à réflechir sur l’art, l’inspiration et son propre rapport à la peinture à la peinture. Le style de Murakami se fait, comme souvent, très introspectif. Il dissecte soigneusement l’existence de ses personnages pour en tirer leur essence, pour installer ces petits mystères qui jalonnent le quotidien et ces instants incongrus qui tirent vers le réalisme magique.

A partir de ces éléments, Haruki Murakami construit une réflexion autour du processus créatif. Cela peut très bien être à propos de technique, comme la philosophie d’un portrait ou les spécifités du nihonga. Le narrateur analyse également le rapport entre une oeuvre et son écho dans la vie de l’artiste, par exemple à travers le tableau « Le meurtre du commandeur« , qui mêle thématique occidentale, style japonais, scène d’une pièce d’opera et inspiration d’un épisode de la vie du créateur du tableau. L’écrivain choisit de faire ses réflexions à un rythme doux et maîtrisé. Le narrateur ne découvre toutes ces couches d’un coup mais les explore au fil de son avancée. Un autre élément intéressant de cette première partie traite de l’évolution de l’art au fil de la vie de l’artiste. C’est le cas notamment du narrateur, qui profite d’avoir carte blanche sur les commandes de ses étranges voisins pour explorer d’autres techniques. Enfin, le récit personifie l’idée à travers un personnage fantômatique qui prend l’apparence d’un des personnages du tableau qui obsède notre personnage central.

La complexité des petites choses du quotidien

Entrer dans ce roman de Murakami n’est pas des plus aisés. L’auteur passe beaucoup de temps à décortiquer les sentiments de ses personnages, leur passé. Il y a beaucoup de détails dans les gestes banals. Cela donne au récit une sorte de lenteur qui pourra déplaire à certains lecteurs. C’est d’autant plus le cas que les éléments fantastiques du roman mettent du temps à apparaître. Personnellement, j’ai trouvé la mise en place nécessaire pour comprendre les réflexions du narrateur et les motivations des autres personnages qui gravitent autour. Tous ces aspects permettent un glissement secret dans une sorte de vallée de l’étrange. Un glissement qui commence par un simple tintement de clochette pour se transformer en la matérialisation d’une idée. Mais ce n’était pas le début des étrangetés pour le narrateur. Quelques détails sont particulièrement troublants. Par exemple, la maison du peintre ne contient aucun tableau. Notre héros fait la rencontre d’un mystérieux voisin, Menshiki, qui lui fait des requêtes bien inhabituelles.

Murakami utilise un style très introspectif pour construire son histoire. Le narrateur est de ce fait un homme qui analyse beaucoup les autres et se pose un grand nombre de questions. Nous avons ainsi des idées assez bien formées des autres personnages. Comme son ex-femme, Yuzu, dont certaines façons de réfléchir auraient dû l’alerter sur le destin de son mariage. L’autre personnage le plus important de l’hsitoire est Wataru Menshiki. Un homme mystérieux avec un nom inhabituel, reclus dans une immension maison blanche de l’autre côté de la vallée. Un homme agréable, mais qui semble cacher bien des secrets et est difficile à cerner. Il dévoile petit à petit ses objectifs, ses moyens illimités, mais aussi ses goûts artistiques et culinaires raffinés. Ainsi, certains dialogues évoquent des considérations artistiques de haut niveau qui permettent d’en savoir plus sur des compositeurs ou des écrivains.

Ce premier tome de « Le meurtre du commandeur » nous présente la genèse de l’art

L’essence du roman est la genèse de l’art. Avec un peintre en manque d’inspiration, Murakami décortique les liens entre les sentiments humains et cette magie qui s’appelle l’Idée. L’auteur nous donne à lire des analyses techniques, historiques et philosophiques de différentes oeuvres d’art, ce qui offre des passages passionnants. L’auteur prend également beaucoup de soin à construire ses personnages à travers une description précise du quotidien et de longues introspections. En effet, l’histoire met du temps à se mettre en place. L’auteur apprécie le détail, scruter les moindres sentiments de ses personnages. C’est un roman à l’atmosphère étrange, presque mystique. Dommage que ce long roman soit coupé en deux dans sa version française.

Vous pouvez trouver le livre par ici. Toutes les chroniques sont par là.

Catégories : Chroniques

1 commentaire

tampopo24 · 27 avril 2025 à 22 h 25 min

Je l’avais découvert avec IQ84 mais c’était tellement particulier que je n’ai pas lu la suite en suivant et depuis je n’ose pas reprendre xD Celui-ci m’a l’air plus accessible. Je me le note 😉

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