Au fil des années, il y a des séries qui ont gagné une place particulière dans mon coeur. Plus que du divertissement, comme certains romans, je les appelle des expériences transcendentales. Rien que ça ! Elle allient l’esthétique à un message qui m’a profondément touché, ou des sujets qui ont entraîné de profondes réflexions en moi.
Midnight Mass
Une communauté fait face à des événements miraculeux et à de sombres présages après l’arrivée d’un mystérieux prêtre.
Je regarde normalement assez peu de séries d’horreur, mais j’ai décidé de me lancer avec Sermons de minuit. J’ai finalement découvert une série d’une incroyable finesse. Cette communauté isolée très croyante se retrouve avec un prêtre charismatique aux nombreux secrets. La série aborde bien sûr la question de la foi, aveugle ou non, des miracles, du sens que prennent nos attentions. La psychologie des personnages est profonde, explorée lors de nombreux dialogues. Les séries de Mike Flanagan sont, certes, parfois bavardes. Mais ici les échanges entre des personnes écartelées posent la question de la place du passé dans notre présent, ou de deuil. Enfin, la série a une ambiance vraiment immersive, avec une photo travaillée, même s’il ne faut pas la visualiser pendant un moment de déprime.
Lastman
Richard Aldana, un jeune boxeur, se retrouve avec la gamine de son meilleur ami sur les bras. Mais la petite Siri est traquée par une secte de fanatiques qui croient à l’existence de la Vallée des Rois, un monde de légendes dont elle serait la clef.
Lastman est bien plus qu’une série d’animation française brillante : c’est une plongée dans un univers où le réel et le mystique s’entrelacent jusqu’à se confondre. Derrière son énergie brute et ses dialogues cinglants, elle explore la symbolique d’un monde parallèle : un espace où les lois de la matière se plient à celles de la volonté, et où chaque épreuve devient une étape vers la transcendance, de la médiocrité vers l’héroïsme. La série met en scène des personnages confrontés à des forces qui les dépassent, mais qui les révèlent aussi à eux-mêmes. Cette tension constante entre violence, foi et initiation donne à Lastman une profondeur inattendue : la quête n’est pas seulement extérieure, elle est intérieure, presque spirituelle. Les héros cherchent à comprendre ce qui relie les mondes, et, à travers cette traversée, à redéfinir leur propre humanité.
Utopia
Utopia est un comic extrêmement rare qui possède un noyau de fans qui se retrouvent régulièrement sur un forum dédié à leur livre fétiche. Cependant, lorsque l’un d’eux se retrouve en possession de la suite d’Utopia, Ian, Becky Grant et Wilson se retrouvent poursuivis par une organisation brutale et mystérieuse qui semble dotée de tous les pouvoirs, le Network. Dès lors, ils fuient un danger aussi impévrisible qu’omniprésent.
Utopia est une œuvre fascinante et profondément dérangeante. Sous ses couleurs éclatantes et sa mise en scène presque hypnotique, la série britannique révèle une réflexion glaçante sur la manipulation, la perception du réel et la fragilité de nos certitudes. Son esthétique ultra-saturée, presque trop belle pour être vraie, devient un masque cynique : celui d’un monde où la violence, la peur et la mort sont banalisées, où la vérité se dissout dans la désinformation. Tout, dans Utopia, est pensé pour troubler : la musique obsédante, les plans millimétrés, les visages impassibles devant l’horreur. Les personnages, d’abord ordinaires, se retrouvent piégés dans une conspiration tentaculaire qui questionne la frontière entre le bien collectif et la cruauté nécessaire. La série ne cherche jamais à rassurer : elle expose, avec une froideur clinique, la mécanique du pouvoir, du contrôle et du sacrifice. Regarder Utopia, c’est accepter d’être bousculé, de douter de la réalité, et de contempler, sous une lumière presque trop vive, les zones les plus sombres de l’humanité.
Dirk Gently, détective holistique
Dirk, détective amateur et excentrique, et son assistant Todd enquêtent de manière incertaine sur une affaire particulièrement mystérieuse et périlleuse.
Dirk Gently est bien plus qu’une série loufoque sur un détective excentrique : c’est une exploration du chaos et du sens caché derrière l’apparente absurdité du monde. Sous ses airs de comédie déjantée, elle interroge la notion de destin, de hasard et d’interconnexion. Dirk, détective « holistique », ne résout rien de manière rationnelle… il se laisse simplement guider par le flux de l’univers, incarnant l’idée que tout, même le plus insignifiant, a une place et une raison d’être. Les enquêtes, tissées d’événements improbables et de coïncidences déroutantes, deviennent alors une métaphore du hasard comme force organisatrice. Derrière les couleurs éclatantes et l’humour absurde, la série révèle une tonalité plus sombre : celle de personnages perdus, souvent brisés, en quête de sens dans un monde qui semble dépourvu de logique. La deuxième saison approfondit encore cette dimension, questionnant la frontière entre le réel et l’imaginaire, et la manière dont chacun construit sa propre vérité. Dirk Gently fascine justement parce qu’elle accepte le chaos, et nous invite à y trouver, malgré tout, une forme d’harmonie.
Final Space
Gary Goodspeed, héros maladroit mais au grand cœur, est prêt à tout pour défendre ceux qui lui sont chers. Mais lorsque le terrible Lord Commander menace de détruire l’univers et tente de s’emparer de Mooncake, un petit alien vert qu’il a pris sous son aile, Gary et ses compagnons de bord devront être prêts à tous les sacrifices pour éviter la catastrophe.
Final Space impressionne par la richesse de son écriture et la justesse de ses émotions. Derrière son apparente légèreté, la série tisse une histoire profondément humaine sur la solitude, le sacrifice et le lien entre les êtres. Les personnages, d’abord présentés comme des archétypes comiques, gagnent en complexité au fil des épisodes, jusqu’à révéler leurs blessures et leurs dilemmes les plus intimes. L’univers, vaste et chaotique, sert surtout de miroir aux quêtes intérieures des protagonistes : la rédemption, la perte, la loyauté. Les scénaristes n’hésitent pas à briser les attentes, à confronter leurs héros à la douleur et à la fatalité, sans jamais perdre le fil de leur humanité. L’arrêt soudain de la série laisse d’autant plus un goût amer qu’elle semblait prête à atteindre une intensité rare, à la fois narrative et émotionnelle.
Quelles sont les séries qui ont été pour vous des expériences exceptionnelles ?
1 commentaire
Tesra · 17 octobre 2025 à 1 h 00 min
J’avais aussi beaucoup aimé Dirk Gently ! Très original, métaphysique sous des dehors absurdes, tournant au tragique quand tu ne l’attends pas au milie d’une scène comique, c’est vraiment très riche.
Deux séries qui m’ont fortement marquée (que j’ai vues) dernièrement : Sense 8 et Blue Eye Samurai.