Allez, c’est la saison des thrillers ! Le mangeur d’âmes d’Alexis Laipsker m’a été également conseillé pour les lectures de cette année. Et comme beaucoup de romans du genre, le résumé est plutôt très alléchant, avec des meurtres étranges et brutaux, une petite ville inquiétante et un duo d’enquêteurs aux tempéraments opposés.
Synopsis de le mangeur d’âmes
« Il n’a pas crié. Ils ne crient jamais. »
Certains secrets, pourtant bien gardés, s’avèrent parfois trop lourds à porter…
Quand des disparitions d’enfants et des meurtres sanglants se multiplient dans un petit village de montagne sans histoire, une vieille légende nimbée de soufre ressurgit… Diligentés par leurs services respectifs, le commandant Guardiano et le capitaine de gendarmerie De Rolan sont contraints d’unir leurs forces pour découvrir la vérité.
Violence et fable horrifique dans un trou paumé
Enquête dans le fin fond de la France
Le récit s’ouvre sur une scène marquante d’enlèvement d’enfants. Le décor est posé. Nous allons suivre des crimes abominables. Elisabeth Guardiano, enquêtrice cachant un drame dans sa vie, est envoyée pour investiguer sur un double meurtre. Le roman construit très bien l’histoire et les détails de cette affaire sordide, ce qui captive immédiatement l’intérêt du lecteur. Un couple s’est brutalement entretué sans intervention externe, semblerait-il. Qu’est-ce qui a bien pu provoquer un coup de folie aussi destructeur ? Pourquoi avait-il un visage marqué par la haine ? Autant d’éléments qui alertent Guardiano, mais aussi un Gendarme rencontré sur la route missionné pour enquêter sur des disparations d’enfants : Franck de Rolan. Les deux affaires semblant très liées, ils font exceptionnellement équipe.
L’auteur installe vite une ambiance troublante. Nous sommes dans une ville oubliée, qui n’accueille plus de touristes. On a vraiment cet aspect de ville en train de mourir. L’auteur ajoute des éléments du folklore local, ce qui donne constamment l’impression de flotter entre croyances, ésotérisme et rationalité. Le message est clair : les morts sordides semblent sorties d’un livre de contes tant elles sont sans concession et irréelles. L’auteur parvient très bien à faire de son livre un page turner. Que ce soit au travers de personnages attachants et aux failles bien construites, ou au fil de ces meurtres mystérieux qui semblent abriter de noirs secrets. L’auteur joue volontiers de fin de chapitres en cliffhangers, ce qui joue avec les nerfs de ses lecteurs.
Quelques incohérences malgré un récit immersif
L’ensemble offre un thriller entraînant. L’auteur choisit des chapitres courts, qui alternent entre les points de vue des deux enquêteurs. Les deux ont des tempéraments opposés, Franck de Rolan étant un homme impulsif prompt à la plaisanterie, là où Elisabeth Guardiano est une femme sérieuse et déterminée. Leur relation marche bien, entre co-dépendance et arrangements, avec chacun d’eux leur zone d’ombre qu’ils tentent de préserver. L’enquête est plutôt bien menée, avec son lot de drames et de rebondissements. Il y a beaucoup d’éléments troublants qui ne trouvent pas d’explication logique à première vue, ce qui pousse les lecteurs à aller plus loin dans l’expérience pour mieux comprendre les ressors de l’intrigue.
Cependant, j’ai trouvé que certaines révélations manquaient de crédibilité. Je pense que l’auteur a voulu exagérer l’originalité des scènes de crimes et de certains éléments à connotation religieuse dans son intrigue. Certains points ont des résolutions qui ne sont pas assez ancrées dans le réel, ce qui donne l’impression que l’enquête est faussée pour le lecteur : il est impossible de deviner l’issue des crimes car de nombreuses cartes ne nous sont de toute façon pas données. C’est peut-être lié à ma conception du roman policier, qui est héritée d’Agatha Christie qui construit son intrigue en nous donnant des indices mais qui parvient tout de même à nous surprendre. Ceci dit, on pourrait répondre que dans un thriller, c’est surtout la capacité à proposer une intrigue haletante à son lecteur qui prime, et dans ce cas-là, Le mangeur d’âmes est une réussite.
Le mangeur d’âmes, thriller ésotérique haletant
Le mangeur d’âmes fonctionne grâce à son ambiance. Dans cette petite ville sans histoire, les morts étranges et brutales se multiplient sur fond de disparitions d’enfants et de légendes médiévales. On est plongés dans un huis-clos paranoïaque avec de multiples possibilités. Le duo d’enquêteurs utilise une recette classique mais bien menée : deux personnes avec des méthodes et des personnalités opposées qui font équipe. Cependant, les aspects les plus mystérieux des meurtres trouvent des résolutions qui manquent de crédibilité, ce qui peut désarçonner les lecteurs de romans policiers. Mais le côté haletant fait de cette lecture un bon moment.
Note : 16/20
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