J’avais acheté ce roman pendant l’Ouest Hurlant, profitant de la présence de l’autrice. Je lis assez peu de lectures Young Adult mais j’ai entendu le plus bien de Plein Ciel de Siècle Vaëlban. L’univers qui se passe dans les coulisses d’un opéra magique a, après tout, un côté très attrayant. D’autant plus que l’objet livre est très travaillé.

Synopsis de Plein-Ciel

Sur l’île de la Nébuleuse, l’Opéra Plein-Ciel fait la pluie et le beau temps, et chacune de ses représentations se doit d’être parfaite. Née dans une famille de Masques – des aristocrates capables de transmuter les corps vivants – Ivoire est une jeune femme dont le talent de Jouet ne gouverne que les objets. C’est loin de son milieu social qu’elle a trouvé sa place, en périphérie de la capitale, au sein d’une petite maison donnant sur les rizières et d’un prestigieux atelier de couture, l’Atelier-Des-Mesures. Mais lorsque son talent de dompteuse de rubans est remarqué par la Maîtresse-Jouet de Plein-Ciel en personne, Ivoire n’a pas le choix : elle est forcée d’abandonner son quotidien tranquille pour emménager en plein coeur de l’Opéra. La voilà plongée dans les coulisses où la vie se mène à un rythme effréné, au gré des préparatifs, des intrigues de cour, des rumeurs scandaleuses et des pamphlets interdits qui circulent sous le manteau et promettent un autre monde possible…

Opéra et inégalités sociales

Un monde riche et coloré mais très réglementé

Sans surprise, Plein-Ciel séduit avant tout grâce à un univers. L’autrice propose un monde qui repose sur la qualité des spectacles menés à l’opéra. Toute la société tourne donc autour de la conception de costumes, de la musique… L’autrice décrit très bien les couleurs, les matières, le plaisir et la précision de la création. C’est assez rafraîchissant de voir un roman de fantasy se passant dans un contexte aussi original. Pas de guerres entre royaumes. Mais nous avons quand même les débuts d’une lutte des classes. Car l’univers de l’Opéra obéit ne souffre que de la perfection. Le roman construit une société très normée : les habitants sont divisés selon leurs pouvoirs, ce qui leur offre une place dans la société, mais une place qu’ils ne peuvent pas quitter. C’est un des premiers aspects du côté sombre du roman qui apportent de la maturité à un récit qui en manque parfois. L’autrice n’hésite pas à mettre en scène la torture, la violence, le sang.

Ivoire, notre personnage principal, est une jeune femme, Jouet (capable de contrôler des objets inanimés), née albinos. Malheureusement, cette capacité physique la contraint à être considérée comme une abomination. Finalement invitée à l’Opéra, elle découvre la vie au plus près des plus riches et des magnificiences créées par les ateliers. Cependant, l’opéra renferme moult secrets et moult dangers. J’ai bien aimé cet équilibre entre le côté visuel et lumineux, et des aspects beaucoup plus sombres. L’écriture dénonce l’écart entre ce que l’on voit à la surface et la réalité des coulisses : l’exigence, la violence, la discrimination, le favoristisme… Et l’écriture travaillée de l’autrice mais très en valeur ces contrastes.

Une histoire et des personnages qui manquent d’approfondissements

En revanche, j’ai été un peu moins séduite que d’autres lecteurs sur la façon dont l’histoire est menée. Le roman est assez long et j’ai trouvé que certaines parties s’étendaient bien trop. Ce qui n’aide pas, c’est que l’univers est complexe : les spécificités des pouvoirs se superposent à la complexité de la structure sociale. Il y a pas mal de répétitions autour de certains points : la peau d’Ivoire, la cruauté de certains personnages, l’amitié forte entre d’autres… Quelques passages auraient pu être écourtés pour que l’histoire gagne en rythme sans perdre autant en qualité dans la mise en place de l’ambiance. Le roman est séparé en plusieurs parties, rythmées par des retournements de situation, parfois bien trouvés, parfois moins crédibles. J’ai notamment eu du mal avec le scénario au final assez simple dans son fond.

Plus précisément, si le contexte de l’opéra apporte beaucoup d’originalité et est très bien trouvée, l’histoire reste une classique lutte des classes sur fond d’univers dystopique. Il y a donc assez peu de réelles surprises sur les grands événements du roman. J’ai même eu un peu de mal à comprendre les pouvoirs des groupes rebelles ou de certains personnages. En effet, certains d’entre eux appartiennent à plusieurs même quand c’est théoriquement impossible (bien que clairement expliqué dans le roman, pas d’incohérence pour autant). Pareil pour les personnages, ils sont variés mais je trouve leurs relations et certains dialogues caricaturaux et peu nuancés. Du coup, ça rend toute tentative de créer des liens entre eux creuse.

Plein-Ciel : un roman entraînant mais qui manque de profondeur

Difficile de ne pas apprécié l’univers virevoltant de Plein-Ciel. Le roman est loin de proposer une histoire niaise. La violence est très présente, qu’elle soit psychologique ou physique, ce qui donne au récit une certaine maturité et apporte des surprises. En revanche, le déroulé global du récit se montre classique, voire attendu. Nous sommes dans un univers dystopique où les habitants sont divisés selon leurs pouvoirs. C’est un scénario classique de révolte avec une rébellion et des tyrans. De la même façon, les relations entre les personnages manquent de complexité pour être réellement captivantes. Plein-Ciel reste une bonne lecture à laquelle il ne manquait plas grand chose pour être totalement satisfaisante.

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Catégories : Chroniques

1 commentaire

tampopo24 · 13 décembre 2025 à 19 h 54 min

Le manque de profondeur aurait raison de moi donc je crois que j’ai bien fait de ne pas craquer et acheter, même si le décor autour de l’opera m’intéressait énormément.

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