Les débuts de Netflix en France ont été pour le moins compliqués. Marseille a été durement critiquée. Plan coeur est sympathique mais pas indispensable. Alors lorsque la plateforme a annoncé Osmosis, j’étais partagée entre espoir et méfiance. La série est axée sur la science-fiction, ce qui a (bien sûr) éveillé immédiatement mon intérêt. Sortie vendredi 29 mars, j’ai rapidement regardé les 8 premiers épisodes.

Résumé d’Osmosis

Dans un futur proche, Paul et Esther Vanhove touchent au but : ils s’apprêtent à sortir leur création. Osmosis est un implant permettant de déterminer l’âme soeur d’une personne. Pour concrétiser la sortie, ils sélectionnent un panel de cobayes pour bêta-tester leur application.

Une série avec un bon potentiel

Un casting bien choisi

Osmosis a réussi à composer un ensemble d’acteurs prometteurs. C’est surtout le cas pour les seconds rôles. Les cobayes arrivent à créer une émotion palpable à travers leurs histoires (les plus réussies). La série met en scène des personnalités alternatives sans en faire le sujet central, Billie dont le genre n’est jamais précisé, l’homosexualité… En plus de cela, il y a une belle diversité.

Des questionnements profonds

Osmosis a le mérite de poser des questions très pertinentes sur la société, en particulier un monde où la sur-connexion peut déliter le lien social. L’application Osmosis propose un retour symptomatique à des relations amoureuses plus saines et authentiques, ce qui est d’ailleurs un argument clé du marketing de Paul Vanhove. Cette question se bâtit à travers les différentes histoires des bêta-testeurs, qui forment une galerie de personnages variés et attachants.

Ainsi, le fait de trouver son âme interroge sur le déterminisme et le destin. Parfois, la situation est cocasse. Comme Ana, la jeune femme un peu grosse et mal dans sa peau, qui découvre que son âme soeur est un professeur de fitness. Parfois, elle est dramatique. Lucas, en couple, découvre que son ex abusif et toxique est son âme soeur. Doit-il rester avec son compagnon actuel ? Retourner avec celui qui lui a volé quelques années ? Est-ce qu’à vouloir anticiper les risques jusqu’à notre vie privée, on ne se prive pas d’une partie de notre liberté ?

Enfin, la série aborde également d’autres sujets très actuels. La protection des données est essentielle face à un concept comme Osmosis.

Mais Osmosis souffre de gros défauts qui nuisent à la série

Des dialogues verbeux qui manquent de naturel

la série souffre d’une exposition mal maîtrisée. Les premiers à en souffrir sont les dialogues et certains personnages. Les premiers épisodes abusent d’un langage opaque tiré des univers startups, mais pas très bien exploité. Les acteurs semblent avoir du mal à comprendre ce qu’ils racontent, ce qui ne les rend pas très convaincants. Les Vanhove en tête : Hugo Becker est souvent en surjeu. Je me suis demandé si ce n’est pas aussi une spécifité de son personnage d’être constamment aussi intense. Agathe Bonitzer est un peu plus crédible, notamment car son personnage froid et cérébral profite de cette écriture qui manque d’émotion et d’humanité.

Osmosis fait également l’erreur de beaucoup sur-expliquer ses choix. Elle donne trop d’informations sur la technologie développée dans la série, ce qui nuit à sa crédibilité et une fois de plus rend les dialogues comme les personnages insipides. D’autant plus que les explications ne sont pas du tout convaintes, ce qui m’a fait sortir de l’histoire à plusieurs reprises. Je pense qu’il aurait été plus pertinent de se concentrer sur l’aspect humain, qui est au fond la vraie problématique de ce type de science-fiction, que sur les détails technologiques de toute façon trop peu crédibles.

Une narration maladroite

La série pâtit d’un rythme bâtard. Un peu lente, elle suit trop de personnages à la fois. Cette narration empêche de s’attacher réellement à eux, car on passe très peu de temps avec eux durant chaque épisode. J’aurais préféré le choix de suivre par exemple un cobaye par épisode, ce qui aurait donner plus de corps aux problématiques abordées par chacun. Avec, afin de faire avancer le fil rouge, des épisodes également consacrés aux Vanhove.

Il y a d’ailleurs beaucoup d’arcs différents. La mère d’Esther et de Paul Vanhove qui est dans le coma, la femme de Paul qui a disparu, les problèmes avec Osmosis… La série pêche par ambition à ce stade-là !

Une ambiance terne

La série fait le choix d’un étalonnage assez froid. J’ai eu peu l’impression d’être dans le futur, alors que quelques détails anodins auraient aider à construire un univers plus cohérent et immersif (plus d’objets connectés, des commandes vocales au lieu de s’embêter à taper sur un clavier…). En fait, j’ai eu l’impression qu’en dehors d’Osmosis, personne ne profitait des progrès de l’intelligence artificielle ou de la réalité virtuelle.

Autre problème d’ambiance, toutes les séries (françaises ou non) semblent devoir avoir un moment un peu choc. A un moment de l’histoire, Esther visite une sorte de night club sans ondes avec des clubbers ayant des expériences sexuelles en réalité virtuelle. La scène tourne assez vite au n’importe quoi, entre la lumière rouge criarde qui baigne l’écran et les figurants en roue libre.

Entre le manque de couleur, l’absence d’émerveillement et le manque d’énergie dans les dialogues, la série manque de force et son atmosphère est assez plate.

Osmosis n’est pas à la hauteur de ses ambitions

En conclusion, la série proposait des idées avec du potentiel. Avec un casting bien choisi et des questions sociales fascinantes, elle aurait pu être un fer de lance de la SF française. Mais ses trop nombreuses maladresses dans la narration, les dialogues et la réalisation la rendent peu immersive. Dommage. On lui préférera Transferts, certes perfectible mais plus réussie.

N’hésitez pas à regarder les samedi séries pour plus d’avis sur les séries.


2 commentaires

Babitty Lapina · 3 avril 2019 à 20 h 51 min

Je suis en train de regarder le second épisode en lisant ton article et je suis plutôt d’accord avec ta chronique ! Ce qui m’embête le plus c’est les dialogues qui sonnent tellement faux… Du coup cela m’empêche de rentrer dans la série ><

    La Geekosophe · 3 avril 2019 à 21 h 43 min

    Je ne l’ai pas mis dans la chronique, mais la série devient un peu plus fluide une fois la phase d’exposition passée ! C’est surtout sympa de suivre les cobayes qui ont de belles histoires. Mais Osmosis tombe typiquement dans l’erreur de décrire au lieu de montrer 🙂

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