Rebecca de Daphné du Maurier

En commençant Rebecca, j’avais peur de tomber dans le même problème que j’avais connu en débutant des oeuvres que l’on m’avait longuement encensée. J’étais parfois un peu déçu, d’autres fois le roman n’atteignait pas les hauteurs promises sans être une lecture pénible. Mais ce classique de la littérature britannique est même parvenu à surpasser mes attentes !

Synopsis de Rebecca

Un manoir majestueux : Manderley. Un an après sa mort, le charme noir de l’ancienne propriétaire, Rebecca de Winter, hante encore le domaine et ses habitants. La nouvelle épouse, jeune et timide, de Maxim de Winter pourra-t-elle échapper à cette ombre, à son souvenir ?

Un roman à la hauteur de sa réputation

Héroïne naïve face à ambiance gothique

Le début de Rebecca est un peu ardu. La narratrice nous raconte son existence un peu morne en tant que dame de compagnie d’une femme acariâtre. Les 100 premières pages sont une succession de scènes de snobisme et de rencontres sociales dans le Monte-Carlo de la haute société. On fait connaissance avec notre narratrice, qui restera anonyme, qui brille surtout par sa grande naïveté (mais elle a 21 ans et est orpheline, ce qui est compréhensible). Cette entrée en matière vous rebute ? Accrochez-vous ! Le contraste avec le reste du récit est brutal.

Le moins que l’on puisse dire, c’est Daphné du Maurier a un talent exceptionnel pour bâtir des ambiances étranges. Dès l’arrivée à Manderley, l’atmosphère est lourde, hantée et glaçante. L’aspect gothique est retranscrit à merveille ! Nous sommes vraiment dans une histoire de fin de règne, où on sent le poids du passé suinter dans les murs. Dans les pièces trop grandes, les parties condamnées, les fêtes endiablées qui laissent des échos lointains…

Des personnages cultes et un style redoutable

L’ombre de Rebecca est omniprésente. Rebecca était si belle. Elle était si drôle. Si séduisante. Si joyeuse. La narratrice se sent oppressée et peine à trouver sa place. Difficile de s’attacher à cette jeune femme discrète et effacée. On est à la fois agacé de la voir manquer tant de confiance en elle mais en même temps elle nous est sympathique tant ce qu’elle subit est assez fourbe.

Grâce à un sens psychologique très fin et un certain sens de la mise en scène, l’autrice construit des personnages convaincants. Loin d’être unidimensionnels, ces derniers affichent des nuances complexes qui se dévoilent petit à petit. Mme Danvers est par exemple un personnage bien construit, qui dévoile lentement une personnalité troublée. Quant à Maxim de Winter, je me suis longtemps demandée pourquoi la narratrice était tombée amoureuse de lui. Froid et distant, il dévoile au fil des pages un caractère tout aussi complexe et nuancé que son ex-femme Rebecca.

L’écriture est parfaitement maîtrisée. le rythme de l’histoire est un travail d’horloger et un modèle du genre. Quand l’histoire s’emballe, que les révélations se suivent sans temps mort, il devient impossible de lâcher le roman. J’y ai laissé une partie de mes nuits à vrai dire pour avoir le fin mot de cette histoire aussi vénéneuse que captivante.

Lisez Rebecca et succombez à son charme

Je n’ai qu’un conseil : plongez dans l’univers sombre de Daphné du Maurier. Elle vous mènera là où elle veut quand elle le veut. L’histoire est fascinante, elle parvient à écrire sur des phénomènes psychologiques avec maestria. L’emprise, les apparences, les préjugés… Un mélange détonnant qui se marie à une atmosphère gothique pour créer un roman incroyable !

Note : 19/20

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