Le tome 1 de Gnomon avait été une lecture efficace : érudite et pleine d’originalité. J’ai donc repris le coche avec le second tome, il s’agit bien d’une duologie, après un cliffhanger des plus alléchants. Il m’a été de nouveau envoyé par Albin Michel Imaginaire. Le premier s’était révélé par ailleurs parfois ardu, alors qu’ai-je pensé du dénouement de cette histoire ? Comme toujours, je vais commenter ce tome en spoilant le moins possible. N’hésitez pas par ailleurs à découvrir ma chronique du premier tome.

Synopsis de Gnomon : Tome 2

Grande-Bretagne. Futur proche.

La monarchie constitutionnelle parlementaire qu’on croyait éternelle a laissé place au Système, un mode de démocratie directe où le citoyen est fortement incité à participer et voter. La population est surveillée en permanence par le Témoin : la somme de toutes les caméras de surveillance et de tout le suivi numérique que permettent les smartphones et autres objets connectés.

Alors qu’elle est soumise à une lecture mentale, la dissidente Diana Hunter décède. Mielikki Neith, une inspectrice de Témoin, fidèle au Système, est chargée de l’enquête. Alors qu’elle devrait être en mesure d’explorer la mémoire de Hunter, Mielikki se retrouve confrontée à trois mémoires différentes : celle d’un financier grec attaqué par un requin, celle d’une alchimiste et celle d’un vieux peintre éthiopien.

Pour Neith, un incroyable voyage au cœur de la pensée humaine commence. Aussi surprenant que dangereux.

Toujours aussi intriqué

Une langue brillante qui sert un récit tout imbriqué

Gnomon confirme être un récit taillé comme un diamant. J’aime beaucoup la plume de l’auteur et la traductrice a fait un travail excellent. L’auteur est capable de changer son style de manière radicale suivant le personnage qui est mis en avant, car la mécanique narrative du premier tome continue. J’ai trouvé cependant plus simple de plonger dans l’histoire, sans doute car je connaissais déjà le fonctionnement de l’histoire grâce au premier tome encore plutôt frais dans ma mémoire. Sans compter que l’auteur a un sens de la formule particulièrement accrocheur, d’autant plus avec les personnages qui n’ont pas la langue dans leur poche comme Constantin.

La sémiologie présente dans le roman semble être encore plus présente. L’auteur s’amuse à placer les signes et les symboles avec soin, jouant sur leur répétition. Nous avons bien sûr le retour du requin, qui vient hanter les personnages avec son aileron. Les mathématiques sont également très présentes, mettant en avant la logique simple et implacable qui anime cet univers. Chaque personnage se lance dans un voyage avec un objectif qui lui est propre et un lien à chaque fois fort avec des notions de libération mais aussi de résurrection, comme dans la chambre d’Isis, endroit mystérieux qui se trouve à la croisée des chemins. J’ai trouvé que l’auteur essayait de plus en plus de clarifier les fondements théoriques de sa pensée pour aider le lecteur au fil du roman.

Une histoire avec de l’impact

Nick Harkaway propose une histoire où le monde fait face à de grands bouleversements. Le rapport à la sécurité et à la privauté de la donnée est totalement chamboulée par le développement du Témoin, une IA perfectionnée qui suit chaque citoyen, officiellement sans intervenir directement. Cet élément était évoqué dans le premier tome, mais avec peu de remises en question. C’est sûrement car Mielikki n’est dans la première partie que peu conscientisée. Elle vit après tout depuis longtemps avec l’influence du témoin sur sa vie et profite de ses avantages plus que d’autres choses, devenant une enquêtrice efficace.

Ainsi, si l’auteur alterne les points de vue dans les trois premiers quarts, le dernier accélère et révèle les vraies intentions du roman. Nick Harkaway propose une suite de retournements de situation peu prévisibles et bien trouvés. L’ensemble permet notamment de critiquer les sociétés qui ont fait le choix de la sécurité au-dessus de la liberté et de l’intimité. Il pose aussi la question de sa voir où commence la manipulation, et qu’il suffit parfois de quelques éléments aux desseins troubles pour bouleverser un ordre social semblant parfait avec un œil superficiel. En effet, si la société est dominée par la donnée et que la plupart des choix sont automatisés, il risque que cette data soit biaisée et manipulée pour nous faire rentrer dans le rang.

Une lecture obscure mais au final bien maîtrisé

J’ai globalement apprécié ma lecture. Cette vaste fresque aux ressors multiples est d’une grande originalité dans sa conception comme dans sa réalisation. Si vous cherchez un récit de science-fiction qui vous sorte de votre zone de confort, Gnomon est tout indiqué. Érudit et complexe, l’histoire s’articule comme un labyrinthe ou des poupées russes, car elle se fonde sur des principes de sémiologie, comme une succession de messages encryptés dans la vie de différents personnages. Cette seconde partie clôture très bien cette histoire, révélant une critique âpre des systèmes de surveillance. Mais le roman évoque à travers ses personnages d’autres questions : le pouvoir, la chute du monde, le deuil, les quêtes, la place de l’art dans l’humanité… C’est un vrai foisonnement à découvrir !

Note : 17/20

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Catégories : Chroniques

1 commentaire

« Si vous cherchez un récit de science-fiction qui vous sorte de votre zone de confort, Gnomon est tout indiqué. » - Albin Michel Imaginaire · 29 avril 2021 à 6 h 35 min

[…] La Geekosophe a fini sa lecture du diptyque Gnomon de Nick Harkaway et note le tome 2 17/20. […]

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