Ce roman d’Emilie Querbalec a attiré mon attention grâce à son contexte japonisant, en effet l’autrice a une mère nipponne. Je me demandais ce que cela pouvait donner en le mêlant de science-fiction. Quitter les monts d’automne nous entraîne dans un univers sensuel et cruel. J’avais aussi beaucoup apprécié un autre roman de l’autrice, Les oubliés d’Ushtar. Qu’ai-je pensé de ce roman ?
Le roman entre dans le cadre du Summer Star Wars de Lhisbei.
Synopsis de Quitter les monts d’automne
Recueillie par sa grand-mère après la mort de ses parents, la jeune Kaori vit dans les monts d’Automne où elle se destine à être conteuse. Sur Tasai, comme partout dans les mondes du Flux, l’écriture est interdite. Seule la tradition du « Dit » fait vivre la mémoire de l’humanité. Mais le Dit se refuse à Kaori et la jeune fille se voit dirigée vers une carrière de danseuse.
Lorsque sa grand-mère meurt, Kaori hérite d’un rouleau de calligraphie, objet tabou par excellence, dont la seule détention pourrait lui valoir une condamnation à mort. Pour percer les secrets de cet objet, mais aussi le mystère qui entoure la disparition de ses parents, elle devra quitter les monts d’Automne et rejoindre la capitale.
Sa quête de vérité la mènera encore plus loin, très loin de chez elle.
Un récit envoûtant et dépaysant
Un univers original
L’autrice nous propose un roman poétique qui nous plonge dans un univers japonisant. Ainsi, le début du livre reprend les codes des histoires traditionnelles nippones, notamment à travers le personnage de Kaori. Elle n’est pas une héroïne guerrière mais une danseuse un peu effacée qui ne semble pas avoir le contrôle de sa propre vie. Son histoire s’embraye quand elle hérite d’un dangereux objet à la mort de sa grand-mère Lasana, qui l’a élevée à la mort de ses parents. Le récit tient donc de l’apprentissage, avec une jeune femme déterminée mais un peu naïve, peu au fait de la vie à l’extérieur. C’est aussi dû au fait qu’elle vive dans un monde maintenu dans une évolution pré-technologique. Dans la première partie du livre, on suit la vie sur la planète Tasai, un monde proche du japon médiéval, où l’écrit est interdit.
Mais le texte passe en cours du route au space opera, avec une odyssée impliquant des contrebandiers spatiaux. J’ai trouvé cette partie moins travaillée et moins convaincante que la première. En effet, la période sur tasai développe un texte plein de poésie et de sensualité, notamment l’importance de la danse et des spectacles, qui est moins présente dans la deuxième moitié du roman. Mais j’ai tout de même trouvé la partie interstellaire intéressante, notamment car Emilie Querbalec y décrit une technologie onirique peu vue ailleurs.
Un récit sur la place de la mémoire et de l’héritage
Le cœur de l’histoire se porte sur les souvenirs de la jeune Kaori. Cette dernière est en partie amnésique et ne se souvient pas de sa vie avant la mort de ses parents. La mort inattendue de sa grand-mère semble définitivement la couper de son histoire familiale. Mais c’est tout le sujet de sa quête, qui s’exprime également à travers la spécificité des conteurs, qui héritent de leur don et doivent en passer par le « ravissement » pour que leur don soit révélé. L’aspect de la filiation est donc important. De même, Kaori est hantée par des rêves qu’elle a du mal à comprendre. Plus tard dans le roman, l’aspect de l’héritage prend une dimension scientifique et génétique.
Cette partie sur l’héritage est bien sûr évoquée directement par ce que donne Lasana à sa petite fille. La symbolique est très forte, elle lui lègue un objet interdit et dangereux qui sera le point de départ de sa quête. C’est un acte un double-tranchant, à la fois libérateur mais aussi un fardeau. Par ailleurs, le fait que l’Écrit soit interdit et tabou dans la culture de Tasaï s’affirme également comme un moyen pour éviter la pérennisation de la mémoire. C’est dans ce cadre que les conteurs sont une caste au rôle fort : l’art permet de garder une trace des événements et des traditions, même si ce n’est dans l’oralité. On comprend donc pour quoi leurs liens avec les autorités du Flux, sorte d’énergie modélisant le monde et édictant ses règles.
Quitter les monts d’automne est un beau roman, contemplatif et symbolique
Quitter les monts d’automne est un joli récit qui repose sur un style poétique qui pose une ambiance unique et envoutante. Le personnage de Kaori est attachant, avec caractère à la fois naïf mais déterminé, mais qui parvient à rester résilient dans les moments difficiles. Dommage que les autres personnages manquent un peu de corps. L’Alliage entre inspiration japonaise traditionnelle et science-fiction fonctionne à merveille pour créer un univers singulier. L’histoire traite beaucoup de la place de l’héritage, de la filiation et de la mémoire dans notre identité, mais aussi en tant que civilisation.
Note : 15/20
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4 commentaires
zoelucaccini · 23 septembre 2021 à 16 h 22 min
Il faut vraiment que je me le prenne celui-là, je ne l’ai toujours pas lu et pourtant, il me fait envie !
La Geekosophe · 25 septembre 2021 à 18 h 43 min
Un roman singulier dans le paysage de la SF francophone 😉
Summer Star Wars - The Mandalorian : Atterrissage - RSF Blog · 14 août 2022 à 18 h 03 min
[…] Castro, Les domaines de Koryphon de Jack Vance, La nuit du faune de Romain Lucazeau, Quitter les monts d’automne d’Émilie […]
Quitter les monts d'Automne d'Emilie Querbalec - Les lectures de Shaya · 4 novembre 2022 à 7 h 02 min
[…] avis : La geekosophe, Celindanaé, Chut Maman lit, Yuyine, Gromovar, OmbreBones, Tigger Lilly, Nevertwhere, […]