Un plaisir de replonger dans l’univers original des Maîtres Enlumineurs ! Je remercie chaudement Gilles Dumay de la collection Albin Michel Imaginaire de renouveler sa confiance en me faisant parvenir Le retour du hiérophante. J’étais particulièrement curieuse et impatiente de reprendre l’aventure auprès de Sancia et consort, dans cette Tévanne dangereuse et avec ce système de magie particulièrement efficace et bien pensé. Je vous mets le synopsis du premier tome pour éviter de trop spoiler.

Synopsis de « Les maîtres enlumineurs »

Toute l’économie de l’opulente cité de Tevanne repose sur une puissante magie : l’enluminure. À l’aide de sceaux complexes, les maîtres enlumineurs donnent aux objets des pouvoirs insoupçonnés et contournent les lois de la physique. Sancia Grado est une jeune voleuse qui a le don de revivre le passé des objets et d’écouter chuchoter leurs enluminures. Engagée par une des grandes familles de la cité pour dérober une étrange clé dans un entrepôt sous très haute surveillance, elle ignore que cet artefact a le pouvoir de changer l’enluminure à jamais : quiconque entrera en sa possession pourra mettre Tevanne à genoux. Poursuivie par un adversaire implacable, Sancia n’aura d’autre choix que de se trouver des alliés.

Un deuxième tome rondement mené

Un récit sur les chapeaux de roues

Comme pour le premier tome, celui-ci nous plonge in medias res alors que Sancia et ses acolytes se lancent dans un nouveau forfait. La première scène est au diapason du reste : l’action est très présente. Les scènes de succèdent, on ne s’ennuie pas une minute. Vol d’autres maisons marchandes, projet, prise de galion, batailles dans les rues… L’auteur propose de nombreux moyens d’émoustiller son lecteur… Mais l’action prédomine globalement ce tome efficace qui propose des affrontements mémorables. L’auteur a un vrai sens de la mise en scène, et nous propose des éléments vraiment marquants. C’est le cas de la scène du bateau fantôme, qui frappe par son étrangeté et son ambiance horrifique bien dosée.

L’auteur n’en oublie pas des moments pour expliciter l’univers. Mais sont-ils assez nombreux ? Il y a ainsi certaines fois où ces scènes s’enchaînent de manière abrupte, les événements manquent de liant et on a l’impression que certaines facilités ont lieu. Sans spoiler, c’est notamment le cas du rêve de Sancia qui fait un peu Deus Ex Machina. Le rythme haletant naît également d’un nombre incroyable d’événements qui doivent avoir lieu dans un temps imparti très court. Si vous travaillez dans un job sous pression, ça va vous stresser.

Les mystères du passé hantent le présent

Tout l’enjeu du livre se trouve dans le passé. Passé de l’univers dans un premier temps. Car oui, comme nous l’annonce le titre, le fameux hiérophante est de retour. L’être le plus puissant qui est jamais existé, capable de plier le temps et la réalité à sa volonté. On a de temps à autre des retours en arrière qui donnent des visions rapides de son passé. Crasedes est auréolé de mystère. D’autres personnages ont également le droit à des excursions dans leur passé dramatique. C’est le cas de Gregor, qui prend une place très particulière dans un arc narratif que j’ai beaucoup apprécié. Il y a notamment une scène touchante autour de son histoire.

Ces éléments sont cependant éparses. On n’a toujours toutes les réponses sur des grandes questions. C’est malheureusement souvent le cas avec des tomes de transition, qui laissent souvent un goût d’inachevé ou de temporisation maladroite jusqu’à un final qu’on espère toujours stratosphérique. Il nous permet cependant d’ajouter encore plus de densité dans le système de magie, l’enluminure. En effet, les enlumineurs du temps du livre ne possèdent pas un savoir très extensif. Si ce n’est quelques uns qui sont très doués et capable de prodiges. Mais je ne sais que penser de l’arrivée de pouvoirs quasiment divins dans l’univers, car beaucoup du charme du système reposait dans ses limites et règles complexes.

Des personnages qui gagnent en profondeur

Même si le retour du hiérophante va vite, il a le mérite de bien mettre en valeur ses personnages ! C’est notamment le cas de Gregor, que j’ai déjà évoqué. Il n’étais pas si développé dans le premier tome, car souvent en retrait. Ici, il prend de plus en plus d’importance au fil du temps, au fils de son passé démêlé. Berenice gagne également en densité, elle n’apparaissait pas beaucoup dans le précédent tome et ça fait plaisir de la voir plus mise en avant.

J’ai un sentiment plus mitigé pour d’autres personnages. C’est notamment le cas de Crasedes, qui apparaît comme un vilain très classique. Il a un plan destructeur qu’il justifie grâce à une raison supérieure et manque bien sûr de toute considération envers les autres. Sa puissance ne le rend que plus antipathique. Valeria est pour le coup un personnage auquel j’ai eu accrocher, mais peut-être est-ce dû à sa nature très spécifique.

Le retour du hiérophante de qualité mais qui souffre du syndrome de l’entre-deux

Une fois de plus, nous faisons face à un récit tambour battant ! On ne s’ennuie jamais tandis que les personnages principaux enchaînent les aventures. Ils gagnent en profondeur et en complexité, hormis les antagonistes qui peuvent sembler un peu trop puissants et maléfiques pour convaincre dans un premier temps, même s’ils gagnent un peu en nuance au fil du récit. L’ensemble est très nerveux et on passe vraiment un bon moment, notamment grâce au système de magie toujours très créatif et à des mystères qui s’épaississent. Mais des mystères qui ne trouvent pas tous une résolution. On est donc face à un tome de transition qui annonce un tome suivant prometteur, mais qui est légèrement en-dessous du premier.

Note : 16/20

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Catégories : Chroniques

8 commentaires

Lutin82 · 21 octobre 2021 à 20 h 55 min

AH! le syndrome de l’entre-deux! Nous y sommes habitués désormais, alors, nous patientons.

    La Geekosophe · 6 novembre 2021 à 14 h 50 min

    Trop présent, trop souvent, nous sommes d’accord

Zina · 25 octobre 2021 à 9 h 25 min

J’ai passé un bon moment aussi, même si l’humour du premier m’a manqué.

    La Geekosophe · 6 novembre 2021 à 14 h 51 min

    Un personnage en particulier m’a beaucoup manqué 😉

Yuyine · 5 novembre 2021 à 11 h 13 min

Hmmm… J’ai moyennement aimé le premier que j’ai trouvé trop long/lent… je suis pas forcément tentée si il est un peu en dessous ^^

    La Geekosophe · 6 novembre 2021 à 14 h 53 min

    Allez, il y a tant d’autres lectures à découvrir de toute façon 😀

Les Maîtres Enlumineurs de Robert Jackson Bennett – Les Blablas de Tachan · 24 octobre 2021 à 9 h 21 min

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Le Retour du hiérophante [Les Maitres enlumineurs. 2], Robert Jackson BENNETT – Le nocher des livres · 28 octobre 2021 à 8 h 30 min

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