Je voulais lire Carne de Julia Richard depuis un bout de temps ! J’aime les histoires de zombies mais j’en avais peu à lire dans la PAL. J’avais eu de bons échos de ce roman, qui mêle humour noir et gore. L’originalité est de nous mettre sans la tête du malade. Qu’ai-je pensé de cette lecture saignante parfaite pour la saison ?

Synopsis de Carne

Simon ne va pas bien. D’ailleurs, depuis qu’il s’est mis à vouloir manger de l’humain, les choses ne tournent pas bien rond dans sa tête.
Face à une société qui les traite, lui et ses congénères, comme des zombies, il fait de son mieux pour garder sa dignité, s’occuper de sa famille et être professionnel au bureau. Mais comment rester soi-même quand la faim frappe à la porte avec autant de délicatesse qu’un tank sur un champ de mines ?
Contraint à gérer son état parasite en maintenant l’illusion de la routine, il décide d’en faire une histoire de famille. Et vous savez ce qu’on dit sur les histoires de famille ?
C’est toujours un sacré bordel.
Et si on avait une bonne excuse pour croire à une apocalypse zombie ? Comment réagiraient les populations ? Les gouvernements ? Quel impact auraient nos médias ? Comment pourrions-nous être sûrs d’être dans le camp des héros ? Et que feraient ceux à qui on donne le mauvais rôle ? La culture de masse nous fait fantasmer les zombies, mais s’ils devenaient notre quotidien, qu’en ferions-nous ?

A zombie, zombie et demi

Un zombie dans la tête

Julia Richard prend le parti de nous placer au sein d’une invasion d’êtres dévoreurs de chair, mais du côté des monstres ! Simon est un homme comme les autres. Il travaille dans le marketing dans une entreprise internationale. Il est marié, a un fils ado et une fille jeune adulte. Tout semble aller pour le mieux. Du moins jusqu’à ce qu’il ressente de bien étranges fringales. Comment se sent-on quand on commence à devenir un danger pour la société ? Un danger pour ses proches ? Car nous sommes dans la tête de Simon, qui nous narre son expérience de zombie en première ligne. On le sent qui perd petit à petit les pédales, comme une grosse fièvre qui fait délirer. Certains passages sont assez drôles, notamment quand il compare sa situation à celle d’une minorité oppressée.

Cette descente est visible dans un premier temps par les chapitres, qui sont dans le désordre. Nous ne suivons pas l’ordre chronologique, ce qui participe à la confusion dans laquelle est Simon. Ensuite, il a tendance à faire de plus en plus de blagues macabres. Avides d’humour très noir et gore ? La lecture est pour vous. Simon pense que les doigts de pied de sa femme feraient de bonnes knackis. Il revisite des recettes version cannibalisme. L’autrice maîtrise très bien les changements de ton. Simon est assez plat avec sa vraie personnalité, mais la transformation en zombie de plus en plus extrême et hors contrôle. La première personne traduit très bien ses variations et on arrive à voir l’avancée de la maladie juste selon le style et le ton.

Une narration ambitieuse au nom du gore et du saignant

Julia Richard joue avec le temps ! Les chapitres sont complètement dans le désordre, ce qui transmet la perte de contrôle de Simon. Lui qui se persuade capable de se maîtriser au début de la maladie, on découvre qu’il est tout autre au court du récit. On se demande comment il en arrive à certaines situations extrêmes. Le procédé crée de l’attente, j’avais hâte de savoir comment la situation allait se résoudre et j’ai eu beaucoup de mal à lâcher le roman. Les jeux de mot, entre culinaire et meurtre au premier degré, crée une ambiance délicieusement absurde, traversée certes de moments de culpabilité. C’est donc ludique et repoussant en même temps.

Carne n’est cependant pas pour tout le monde. Évidemment, la volonté de faire des passages extrêmes le coupe de certains publics. Malgré l’humour noir très présent, l’autrice n’hésite pas à décrire des scènes particulièrement violentes. C’est notamment le cas en milieu de récit, quand Simon se lance dans une vendetta pour aider sa fille, Jessica. Outre ces parties, d’autres éléments malsains surviennent, notamment dans la relation entre le personnage principal et sa fille. Par ailleurs, j’ai trouvé que la chronologie rendait parfois la compréhension des personnages et de leur motivation assez difficile. C’est notamment le cas sur la fin, où les événements s’accélèrent un peu trop et la résolution m’a semblé un peu facile.

Carne : une lecture aussi addictive que peu ragoûtante

Carne joue volontairement avec les limites pour nous offrir une lecture entre gore et fun. L’originalité de nous mettre dans la peau du zombie lors d’une invasion permet de remettre en question la place dans la société : comment traiter ces meurtriers alors qu’ils toujours des familles et des moments de lucidité ? La chronologie erratique permet de bien comprendre le chemin mental vers la folie et la perte de contrôle. Entre humour noir et moment très violents, la lecture peut se révéler difficile pour certains publics sensibles. Le plume est cependant très humoristique et prenante. Il est vrai cependant que certains choix narratifs précipitent la fin et donnent peu d’éléments de contextes puisque nous sommes au niveau de Simon, le personnage principal.

Note : 16/20

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Catégories : Chroniques

2 commentaires

zoelucaccini · 27 novembre 2022 à 16 h 11 min

J’ai adoré cette lecture ! Qui figurera parmi mes meilleures lectures de 2022. J’avais longuement hésité, et comme toi j’ai beaucoup aimé à la fois le positionnement et la narration particulière.
Effectivement, ce n’est pas un livre pour tout le monde, tant dans sa manière d’aborder certaines scènes que dans sa construction, j’ai eu un peu de mal à m’y retrouver au début aussi !

(ton bouton j’aime ne marche toujours pas, par contre…)

    La Geekosophe · 2 décembre 2022 à 23 h 10 min

    En tout cas, il a l’air d’avoir trouvé son public !
    (J’arrive pas à l’enlever haha)

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