Merci aux éditions ActuSF pour l’envoi ! Le rebord du monde de Thomas C. Durand m’intriguait grâce à son résumé qui proposait un twist à la classique histoire d’école de magie, mais aussi une critique de notre monde. Il anime également en duo la chaîne La tronche en biais, dont j’avais parlé dans un autre article.
Synopsis de Le rebord du monde
La légende raconte que les détenteurs d’une magie dangereuse et incontrôlable sont envoyés dans un lieu maudit, une forteresse perdue dans les montagnes : la Chartre des Forces Nées. C’est le destin qui attend Clour, un petit garçon dont le don fait peur à sa famille et son village. Mais lorsque les portes de la prison se referment derrière lui, sa terreur se mue en perplexité.
Clour découvre que la communauté de la Chartre n’a rien à voir avec le mythe terrifiant qui circule. Au contraire ! Le hasard le met sur la piste d’un mystère qui pourrait bien menacer les braves gens de l’Endehors.
Jusqu’où va-t-il aller pour assouvir sa curiosité ?
Chronique ludique et acerbe
Une fantasy classique mais qui égratigne les travers de notre monde
Le roman pose de prime abord un cadre classique. Nous suivons le jeune Clour, dont le don envahissant embarrasse une famille qui ne faisait de toute façon que peu de cas de sa personne. Il se retrouve donc envoyé dans la Chartre. Loin d’une prison horrible, ce lieu autarcique est en réalité une école formant des personnes à maîtriser leurs capacités. C’est un lieu étrange obéissant à des règles ancestrales. L’auteur crée tout un lexique unique, souvent cocasse, qui permet de bien saisir à quel point l’endroit est particulier. Les membres de l’ordre sont des Frés, qui sont encastillés. Ils sont tous frères, même les femmes. L’ensemble ressemble à un ordre religieux aux règles précises. Le style est très fluide et se suit facilement, avec un soin particulier apporté aux dialogues.
Et l’on comprend assez vite qu’il s’agit en réalité d’une image qui critique les communautés fermées sous couvert d’humour. Ainsi, la Chartre repose sur des lois ancestrales qui ont été créées pour des raisons que tout le monde semble avoir oubliées. Lorsque le jeune Clour pose des questions, on lui rabat le caquet, sûrement car ses interlocuteurs ne connaissent pas la réponse et refusent de l’admettre. C’est très notable dans la deuxième partie du roman, quand ils admettent suivre la même marche à suivre depuis des siècles face à l’un des pensionnaires aux capacités bien étranges, sans même savoir pour quelle raison. Le récit pointe les dangers aussi bien du manque de curiosité mais aussi de la curiosité elle-même. Quel est le plus grave entre les deux ?
Personnages attachants mais rythme inégal
Le style met bien en avant les personnages, en particulier Clour. Garçon serviable et de bonne volonté, il s’acquitte volontiers de toutes les taches, même s’il pose trop de questions. On le suit de ses 9 à 13 ans. La jeunesse du garçon pourrait rebuter certains, mais l’histoire est loin d’être niaise. Au contraire, le récit est assez sombre bien qu’il soit orienté jeunesse. Les autres personnages sont moins mis en avant mais ils ont parfois des origines dramatiques qui sont en lien avec leur don. Cela donne également une certaine maturité aux personnages et une noirceur aux enjeux qui se développent.
J’ai cepandant été désarçonnée par la différence de rythme entre la première et seconde partie. Si le récit est assez rapide au début, on se plonge dans le quotidien de Clour à la Chartre. Il est intéressant de découvrir les rituels immuables qui animent cette communauté et les personnages qui y gravitent, mais le scénario met un peu de temps à se dérouler, ce qui pourrait déplaire à certains lecteurs. En comparaison, la seconde partie est presque trop rapide, comme si toutes les péripéties étaient concentrées en fin de récit.
Le rebord du monde est un roman attachant et bien réfléchi
Le rebord du monde met en scène Clour, un jeune garçon doté d’un don envahissant, qui découvre les us d’une communauté autarcique. Le récit construit un vocabulaire ludique qui permet de placer la Chartre à l’encontre de l’Endehors, appuyant son aspect isolé et spécifique. Cependant, l’auteur souligne habilement à quel point certaines règles immuables étouffent l’esprit critique, lorsqu’elles sont appliquées sans réflexion ni discernement. Le côté classique du récit ne m’a pas gêné, notamment car le style est fluide et que d’autres éléments du récit sont plus originaux. J’ai cependant été surprise su rythme inégal entre les deux moitiés, qui donnent l’impression d’une certaine précipitation à la fin du récit.
Note : 16/20
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