Bretagne, médium, chasse aux fantômes… Le phare au corbeau coche toutes les cases de la lecture pour Halloween ! Rozenn Illiano met en scène une histoire de prime abord simple. Mais son écriture, sa construction des personnages et sa volonté d’aborder de multiples thématiques apportent une touche particulière à ce roman.

Synopsis de « Le phare au corbeau »

Agathe et Isaïah officient comme exorcistes. L’une a les pouvoirs, l’autre les connaissances ; tous deux forment un redoutable duo.
Une annonce sur le réseau social des sorciers retient leur attention. Un confrère retraité y affirme qu’un esprit nocturne hante le domaine d’une commune côtière de Bretagne et qu’il faut l’en déloger. Rien que de très banal. Tout laisse donc à penser que l’affaire sera vite expédiée.
Cependant, lorsque les deux exorcistes débarquent là-bas, le cas se révèle plus épineux que prévu. Une étrange malédiction, vieille de plusieurs générations, pèse sur le domaine de Ker ar Bran, son phare et son manoir.
Pour comprendre et conjurer les origines du Mal, il leur faudra ébranler le mutisme des locaux et creuser dans un passé que certains aimeraient bien garder enfoui…

Chasse aux fantômes en terre bretonne

Un récit bien addictif

J’ai bien apprécié ce roman ! C’est efficace : deux exorcistes sont recrutés pour résoudre un mystère de hantise dans un petit village de Bretagne. Il y a un manoir hanté, un phare qui étend son ombre mystérieuse sur la ville et ses habitants… Évidemment, ces derniers ne souhaitent pas s’étaler sur le passé de leur petite ville, qui n’est pas bien lumineux. Le passé est tenace malgré le manque criant d’indices. En tout cas, Ker ar Bran est habité par de multiples fantômes, dont deux jeunes femmes qui semblent être décédées de mort violente et s’amusent à claquer des portes. Pourquoi sont-elles liées ? Qu’est-ce qui leur est réellement arrivé ? Pourquoi l’activité paranormale est-elle si développée et intense dans ce coin perdu ? Autant de questions auxquelles il faut répondre. D’autant plus que les phénomènes s’accentuent : les deux jeunes filles sont de plus en plus agitées, le phare semble cacher un noir secret, puisque quiconque l’ouvre finit par mourir…

L’autrice construit son récit sur plusieurs temporalités qui permettent de mieux comprendre les mystères qui entourent le domaine. La première est évidemment le présent, avec Isaiah et Agathe. On remonte dans le temps pour découvrir Théophile, un homme passionné d’ésotérisme et qui souhaite prouver l’existence des anges. Enfin, nous découvrons le village au XVIIIe siècle, au coeur des événements qui semblent avoir accentué la hantise des lieux. Ce récit en plusieurs strates permet d’apporter de l’originalité à une histoire qui, autrement, aurait été un peu classique. Le roman explore avec une certaine délicatesse, comme c’est souvent le cas avec avec les fantômes, la rémanence du passé sur notre quotidien, que ce soit sur des lieux ou des personnes. Ainsi, les différents arcs temporels sont des échos les uns des autres.

Plume addictive pour personnages marquants

Comme dit plus tôt, l’histoire en elle-même ne présente à première vue rien d’original. Un personnage médium, heurtée par la vie car son don était mal vu, fait équipe avec un sorcier à la personnalité différente. Ensemble, ils enquêtent sur des hantises à travers la France, dont la Bretagne, terre de sorcellerie. Mais j’ai trouvé que Rozenn Illiano construisait son récit avec une certaine intelligence. En effet, il n’y a pas forcément besoin de proposer un scénario unique pour créer un roman captivant. Dans un premier temps, son écriture est très fluide et vraiment agréable. Le phare au corbeau est un récit dans lequel on s’immerge facilement. L’autrice alterne très bien passages d’action et moments d’introspection à travers une plume qui se veut toujours précise et sans fioritures. L’univers est bien construit, mais il mériterait d’autres romans pour découvrir plus en avant les communautés de médiums pour mieux développer cet aspect.

Cette écriture participe beaucoup à la construction des personnages. Nous sommes du point de vue d’Agathe, une jeune médium au don incomplet et rejetée par sa famille. Le récit est à la première personne lors de ses passages. Son histoire fait écho à d’autres personnages du passé, comme Théophile, ésotériste considéré comme un excentrique, ou Gwennyn, jeune bretonne au tempérament fougueux et dotée d’un don qui la condamne à l’ostracisation. Ainsi, la plupart des personnages n’entrent pas dans les moules sociaux, ce qui fait de « Le phare au corbeau » un roman qui parle de la différence sous de nombreuses formes. Le roman a donc quelque chose de résolument classique dans sa façon d’aborder les thématiques mais définitivement moderne dans leur nature. On s’attache donc très vite aux différents personnages.

Le phare au corbeau, récit sur la différence et le passé

« Le phare au corbeau » de Rozenn Illiano est un roman qui coche toutes les cases pour une lecture immersive. L’auteure parvient à captiver les lecteurs dès les premières pages en proposant une histoire en apparence simple, mais qui se révèle être surprenante et bien tournée. La construction habile du récit, avec ses différents arcs temporels, ajoute une dimension supplémentaire à l’intrigue, permettant aux lecteurs de plonger au cœur des secrets qui entourent le domaine de Ker ar Bran. L’écriture fluide et précise de Rozenn Illiano contribue à l’immersion, tandis que les personnages marquants et leurs histoires personnelles apportent une profondeur et une authenticité à rafraichissantes. Le roman aborde avec subtilité des thèmes tels que la rémanence du passé, la différence et l’acceptation de soi. « Le phare au corbeau » plaira tant aux amateurs de paranormal qu’à ceux qui cherchent une histoire captivante remplie de personnages attachants. Je pense cependant que d’autres livres pourraient enrichir certains points de l’univers qui gagneraient à être développés.

Note : 16/20

Vous pouvez acheter le livre par ici. Toutes les chroniques sont par là.

Catégories : Chroniques

5 commentaires

L'ourse bibliophile · 25 juin 2023 à 11 h 34 min

Ça me fait plaisir de lire une chronique positive, je l’ai vraiment apprécié aussi. Ce n’est pas mon roman préféré de Rozenn Illiano, mais je l’ai trouvé chouette aussi par son ambiance et ses personnages. Agathe n’a pas plu à tout le monde, mais je la trouve intéressante, peut-être parce que je comprends un peu ses doutes et ses craintes qui la poussent à être plus en retrait (alors qu’on ne peut qu’apprécier Isaïah immédiatement). Je la trouve attachante et très « réelle ».

    La Geekosophe · 28 juin 2023 à 16 h 11 min

    C’est mon premier roman de Rozenn Illiano et il me semble assez différent de ses publications habituelles, peut-être plus facile d’accès ? En tout cas ce ne sera pas la dernière que je lirai !
    Je comprends les critiques du personnage d’Agathe, je lui trouve un côté archétypal dans ce type de récit, mais l’autrice arrive à lui donner une sensibilité qui atténue cela.

      L'ourse bibliophile · 29 juin 2023 à 18 h 05 min

      Oui, peut-être qu’il est plus « basique », plus convenu, d’une certaine manière, même si elle y injecte sa touche personnelle. Ravie que ça t’ait donné envie d’en lire davantage. As-tu des titres en ligne de mire ?

        La Geekosophe · 30 juin 2023 à 21 h 26 min

        Elisabeta m’a toujours fait de l’oeil !

          L'ourse bibliophile · 1 juillet 2023 à 11 h 19 min

          J’espère qu’il te plaira alors !

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.