Je m’étais procuré Viendra le temps du feu car il faisait partie de mes recommandations de l’année dernière. Je ne l’ai pas lu dans les temps mais j’étais quand même curieuse de découvrir ce roman réputé de Wendy Delorme, une dystopie éco-féministe. Qu’en ai-je pensé ?
Synopsis de Viendra le temps du feu
Dans cette dystopie, se reflètent les crises que nous traversons aujourd’hui : une société totalitaire est mise en place après la disparition soudaine d’une partie de la jeune génération mobilisée pour le climat. Les livres sont interdits, les frontières fermées et les femmes appelées à procréer pour renouveler la population. Mais une communauté inspirée des Guérillères de Monique Wittig émerge pour résister à ce nouvel ordre imposé…
Une ode à la sororité
Un roman très engagé
Viendra le temps du feu est une dystopie qui donne la parole à de multiples personnages. Dans un futur proche, très proche du nôtre, une société est devenue obsédée de la sécurité et des naissances. Six narrateurs dévoilent l’histoire d’une communauté autonome de sœurs vivant en symbiose avec la nature dans le passé, tandis qu’au présent, elles font face à un régime totalitaire oppressant, imposant des contraintes à la reproduction et réprimant l’homosexualité. Le contexte est marqué par une inaction complète face aux défis climatiques. Les frontières sont closes, et les aspirations à la communauté et à la réflexion sont étouffées. En somme, toute similitude avec nos sociétés occidentales contemporaines est délibérément soulignée.
Le point fort du roman est dans sa similarité avec le monde actuel. On nous parle de réarmement démographique, on se replie sur soi… Cette dernière apparaît d’autant plus effrayante en raison du contraste saisissant qu’elle forme avec la sororité florissante de l’autre côté de la rive, dont plusieurs femmes témoignent et sont originaires. Deux systèmes de valeurs, deux univers, et deux modes de fonctionnement se côtoient, accentuant la divergence entre les deux réalités. Un système oppressif qui ne peut que donner naissance à des résistances, composées de personnes hors système.
Trop de militantisme nuit-il aux aspects romanesques ?
Le fond a tendance à prendre le pas sur la forme. Si j’apprécie habituellement l’aspect choral d’un récit, ici le style entre chaque voix est trop similaire pour être réellement distinct. On ne croit pas vraiment au fait que plusieurs personnes prennent la parole, ce qui nuit à l’immersion. Le style est par ailleurs beau, précis et poétique. Seules les parties narrées par L’enfant prennent un peu de relief. D’autres éléments manquent un peu de nuance. L’État est décrit comme une masse informe qui prive les gens d’individualité, mais je n’ai pas saisi qui était l’ennemi tant le récit reste imprécis. Cela m’a donné l’impression d’une vision très manichéenne des choses.
Mais cette imprécision donne un côté fable qui ne manque pas d’intérêt quand on construit une dystopie qui se veut avant tout critique. Ceci dit, le roman a le courage d’aborder des sujets d’actualité, comme la question de l’homosexualité ou de la transidentité. Ces parties sont plutôt bien amenées. En parallèle, les motivations de certains personnages sont restées obscures, notamment Louise, à laquelle je ne me suis nullement attachée tant j’avais du mal à comprendre certaines de ses décisions.
Viendra le temps du feu marque mais ne m’a pas totalement convaincu
Si le roman m’a globalement intéressé, je suis cependant beaucoup plus partagée que d’autres lecteurs. L’aspect dystopique cible avec lucidité certains travers de notre société, comme l’obsession pour la démographie et le contrôle du corps des femmes. L’écriture de Wendy Delorme est poétique mais manque de variété pour un roman choral, ce qui nuit à l’immersion globale et donne l’impression que l’aspect militant manque de nuance et prend le pas sur le roman. Pourtant, c’est une lecture qui est loin d’être privées d’attraits, car j’ai apprécié le discours avant-gardiste.
Note : 15/20
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2 commentaires
Shaya · 18 mars 2024 à 23 h 05 min
Ah dommage pour ce retour mitigé. Personnellement j’ai vraiment adoré ce roman pour son fond et pour sa forme.
La Geekosophe · 1 avril 2024 à 18 h 20 min
Je comprends qu’on l’apprécie. Mais personnellement j’accroche à un militantisme poussé dans mes romans 🙂