Le mois d’avril se termine, il est temps de faire le bilan de mes lectures ! Le mois a apporté beaucoup de découvertes de nouveaux auteurs, mais aussi des auteurs bien connus. J’ai également pu exploré d’autres genres que l’imaginaire et c’est toujours un plaisir de pouvoir diversifier. On jette un œil à ce que j’ai lu ?
Les portes perdues de Seanan McGuire
Dans l’obscurité de leur chambre, sous leur lit, même derrière une armoire, les enfants descendent le terrier du lapin blanc et réapparaissent… ailleurs. Mais les pays imaginaires n’ont que faire de prodiges fatigués. Nancy y a fait un tour, puis elle en est revenue. Les choses qu’elle y a vécues l’ont changée à jamais. Les élèves qu’Eleanor West accueille au sein de son école le savent d’ailleurs très bien. Chacun d’entre eux doit se réadapter à ce monde et finit souvent par chercher un moyen de rejoindre le lieu de ses rêveries. Pourtant, dans cette institution qui existe pour les protéger, une ombre se cache derrière chaque pan de mur. Très vite, les meurtres s’enchaînent. Alors, pour survivre, Nancy et ses nouveaux camarades doivent trouver le coupable.
Les portes perdues est une histoire séduisante car elle touche au cœur de l’enfant inadapté que nous avons tous été un jour ou l’autre. Trop agité ou pas assez, avec l’imagination débordante, fasciné par les fantaisies colorées ou par des pensées sombres. Avec une galerie de personnages variés mais toujours profondément excentrique, Seanan McGuire construit un univers dans lequel les mondes parallèles sont des lieux de fantasme variés qui laissent une marque indélébile sur leurs visiteurs. Ceux qui reviennent doivent renoncer à leur enfance pour entrer dans le monde ennuyeux des adultes, et c’est sans doute ce qui crée le plus de résonance avec les lecteurs.
Le colis de Sebastian Fitzek
Psychiatre, Emma Stein a été victime d’une agression nocturne dont elle s’est miraculeusement sortie. Depuis, elle vit recluse dans sa maison, de peur de croiser à nouveau la route de ce psychopathe que la presse a surnommé le Coiffeur.
Un jour, son facteur lui demande d’accepter un colis pour l’un de ses voisins. Emma connaît tous ceux qui habitent dans sa rue.
Or, jamais elle n’a entendu parler de cet homme…
J’ai apprécié ce thriller allemand. Rédigé à la première personne, il permet de suivre les inquiétudes d’Emma Stein. Psychiatre renommée mais traumatisée, elle doit faire face à des situations qui lui font croire qu’elle perd la raison. Qui l’a agressée ? Est-il possible qu’il soit toujours après elle ? Certains passages sont rédigés avec une grande tension, ce qui rend ce thriller accrocheur malgré certains points prévisibles ou un peu trop invraisemblables.
L’épée, la famine et la peste tome 1 d’Aurélie Wellenstein
Depuis un demi-siècle, le royaume de Comhghall s’enfonce dans un âge sombre : les monstres pullulent, des villages entiers disparaissent dans les toiles d’araignées, et les tarentas tissent dans l’esprit des hommes, les condamnant à s’étioler dans la mélancolie et les idées noires.
Trois êtres brisés deviennent la cible d’une population aux abois.
Un garçon possédé par l’esprit d’un loup.
Une jeune fille soupçonnée d’avoir les pouvoirs d’une araignée.
Un ancien soldat qui a tout perdu, persuadé que son fils vit dans l’œil d’un cerf…
Pourchassés par le chef de l’inquisition et son archère, ils vont devoir s’allier pour survivre. Mais sont-ils des boucs émissaires ou, au contraire, trois redoutables fléaux qui porteront le coup de grâce à ce monde agonisant ?
Le point fort de l’épée, la famine et la peste est sans doute l’univers sombre, presque onirique, qui lui donne un goût de conte désenchanté. L’autrice prend les moments les plus violents du Moyen-Âge pour y mêler magie et métamorphoses. L’épopée des trois personnages principaux est bien menés, leurs histoires et interaction permettent de bien saisir la nature de ce Royaume crépusculaire et apocalyptique. On y retrouve tous les marqueurs de l’œuvre d’Aurélie Wellenstein, ce qui le rend parfait pour les néophytes, mais parfois prévisible pour les lecteurs chevronnés de cette autrice.
Arborescentes, tome 1 de Frédéric Dupuy
Certaines vérités sont enfouies pour de bonnes raisons.
Il est des endroits dans le monde dont on ne saurait dire qu’ils accueillent des enfants tant les environs sont lugubres et les lieux austères.Tel est l’orphelinat des Soeurs Aniel. Avec ses grandes fenêtres à barreaux et ses portes en métal aux lourds battants, on croit entrer dans une ancienne prison, ou dans un asile de fous. Ou pire encore, dans une banque.
Petite, boulotte et bougonne, avec des yeux cernés jusqu’à l’os, Hélène y vit dans une minuscule chambre et n’en sort que la nuit. Hélène a juré de ne plus dormir, et c’est un travail de tous les instants. Elle est atteinte de la Maladie de la Belle au Bois dormant, qui peut frapper à tout moment et l’emporter dans un sommeil infini, comme sa mère avant elle. Il n’existe pas de remède, aucun traitement connu à cette forme de narcolepsie, qui demanderait des dispositifs bien trop coûteux pour le nombre de cas connus en France, même pour des laboratoires aux poches profondes. Même pour les laboratoires Varkoda, dirigés par l’inflexible héritier de la famille fondatrice, connu pour s’arroger des brevets au prix de la destruction de la jungle équatoriale amazonienne, et au mépris de la vie humaine.
Et pourtant, une étrange infirmière entraîne Hélène dans son sillage, vers un hôpital et un monde aux ressources inexplicables, un lieu extraordinaire, enchâssé dans une forêt introuvable tel un bijou brillant dans un écrin vert, qui lui offrira peut-être un avenir, et un rôle à sa mesure dans le combat fantastique qui s’annonce. Car les forces ancestrales bientôt réveillées par Hélène et Arès Varkoda dépassent l’entendement, et l’équilibre fragile entre nature et humanité est en péril.
La richesse d’Arborescentes réside dans son audace à mêler des genres divers, de la science-fiction à la fantasy, en passant par des éléments de critique sociale. Frédéric Dupuy déploie un univers foisonnant et original, où la botanique devient un élément central, portant à la fois les espoirs de régénération et les sombres desseins de l’exploitation industrielle. Cette juxtaposition d’idées et de thèmes confère au récit une profondeur inattendue, même si par moments, la densité de l’univers peut paraître excessive et parfois confuse.
Audience Captive d’Ann Warren Griffith
Qu’il fait bon vivre dans l’Amérique des époux Bascom. Maman est à sa place, dans sa belle cuisine, aidée dans ses tâches par des messages publicitaires qui lui disent quand et avec quoi remplir son frigo.
Il y a les deux magnifiques enfants de la maisonnée, totalement accros aux jingles délivrés par leur boîte de céréales préférées.
Et puis il y a Papa, qui travaille avec tant de fierté pour la Société de Ventriloquie Universelle des Etats-Unis, fleuron de l’Amérique, pourvoyeuse de bonheur et chien de garde du devoir constitutionnel à consommer ; Papa qui déborde d’imagination pour faire acheter ses concitoyens. Et personne ne peut échapper à cette fièvre acheteuse institutionnalisée.
Personne, sauf Grand-mère, qui sort de prison, une vraie terroriste qui a refusé de se laisser bouffer par la publicité et qui débarque chez les Bascom. Mais est-elle vraiment décidée cette fois à subir le matraquage que son gendre souhaite lui imposer à elle comme à tout le pays ?
Il n’y pas meilleure dystopie que celle où les prisonniers sont consentants. Courte nouvelle mais marquante, Audience Captive nous place dans les années 50, alors que la société de consommation règne en joyeux despote. Le coupable ? Des publicités contextuelles chantées par les produits. La vie est une suite de publicités qui poussent sans cesse à l’achat. L’écriture adopte le ton léger associé à l’époque, faisant preuve d’une ironie mordante alors que les époux Bascom semblent déconnectés de leur cauchemar quotidien. Même lorsque Madame Bascom admet un état de fatigue avancé, ou que Grand-Mère supporte mal le bruit continu… En somme, c’est un petit bijou du format court, corrosif et bien mené.
La sanction de Trevanian
Professeur d’art et alpiniste de renommée internationale, Jonathan Hemlock est surtout un tueur spécialisé dans les sanctions : l’assassinat d’agents ennemis pour le compte de l’organisation secrète CII. En représailles du meurtre d’un agent du CII, Jonathan doit infliger une nouvelle sanction. Sa cible fait partie d’une équipe qui va tenter l’ascension d’une des plus dangereuses montagnes des Alpes, l’Eiger par la face Nord. Hemlock se joint à cette expédition en vue d’exécuter sa mission. Seul problème : il ignore lequel de ses trois compagnons de cordée est l’homme à abattre.
J’ai eu un peu de mal à accrocher au roman au début, car il m’a paru macho. Finalement, j’ai apprécié cette lecture cynique avec un héros détaché, souvent abject, mais étrangement attachant. Jonathan Hemlock est à mes yeux un James Bond du côté obscur. Sociopathe séducteur et obsédé par les toiles, il se retrouve pris dans une chasse à l’homme mortelle. L’apogée de l’intrigue est atteinte à la fin du récit, lors de la montée de la Face Nord de l’Eiger, qui laisse voir toute la difficulté de l’ascension des montagnes. Ce roman est un bon moment d’espionnage.
Quelle est votre lecture favorite de février ?
2 commentaires
tampopo24 · 1 mai 2024 à 23 h 22 min
Bravo pour ces nouvelles découvertes et cette diversification.
J’ai enfins mis L’épée, la famine et la peste d’Aurélie Wellenstein dans ma PAL de mai !
J’espère qu’il sera à la hauteur, j’avais beaucoup aimé son précédent texte : Le désert des couleurs.
Beau mois de mai à toi 🙂
La Geekosophe · 8 mai 2024 à 22 h 16 min
Merci beaucoup ! J’ai moins de temps pour lire qu’avant, c’est donc plus compliqué d’inclure des romans plus variés.
Aurélie Wellenstein est une valeur sûre pour moi 😉