La danse des étoiles de Spider et Jeanne Robinson a attiré mon intérêt. Le synopsis unique de cette lecture ainsi que les nombreux prix reçus donnent confiance. Mais est-ce suffisant pour écrire une histoire marquante ? C’est ce que nous allons voir ensemble dans cette chronique.
Comme l’histoire se passe dans l’espace, je mets cette lecture dans le Summer Star Wars.
Synopsis de La danse des étoiles
Parce qu’elle était trop grande et parce qu’elle avait trop de formes, Shara Drummond, malgré son talent, ne correspondait pas aux standards de la danse moderne, lui interdisant de faire carrière… sur Terre.
Mais dans l’espace, libérée de la gravité, tout est de nouveau possible, quitte à réinventer sa discipline et devenir la première à danser en chute libre.
Et quand les extraterrestres sont apparus dans le Système solaire, c’est elle qui nous a sauvés.
Moi, Charles Armstead, son opérateur vidéo, son ami, j’étais là quand elle effectua sa Danse des étoiles. J’ai tout enregistré.
L’art comme moyen d’expression ultime
Un parti pris qui change par rapport à ce que l’on lit habituellement
Le duo d’auteurs fait le pari de mêler danse et science-fiction, ce qui assez rare dans la production. Ainsi, une danseuse qui n’entre pas dans les standards nourrit le projet de faire entrer la danse dans une nouvelle ère en dansant en gravité zéro. Un défi qui peut sembler abscons pour les personnes qui ne s’y connaissent pas, mais dont la difficulté est très bien expliquée. En s’affranchissant de la gravité, on se prive de repères de base qui nous accompagnent depuis la naissance. Si se déplacer efficacement représente déjà une gageure pour la majorité des humaines, y danser est un exploit qu’une poignée d’individus seulement est capable de réaliser.
On sent par ailleurs que Jeanne Robinson est danseuse et chorégraphe, les passages liés à l’art sont racontés avec beaucoup de beauté et de sensibilité, on sent tout son amour pour la discipline. Mais il y a aussi un œil lucide sur le fait de consacrer son temps et ses ressources à l’art, à quel point cela peut se révéler ingrat, voire dangereux. Cela permet de bien approfondir le sujet, mais crée en même temps une étrange dissonance avec les éléments plus SF, qui apparaissent parfois comme superflus. Pourtant, l’ensemble devrait être plutôt bien orchestré, et une grande partie de la vie spatiale est également bien retranscrite.
Une histoire très humaine
L’ouvrage pose des questions sur l’évolution de l’humanité dans l’espace. En effet, ceux qui sont capables de danser en zone sans gravité deviennent différents des humains, au point de poser la question de savoir s’ils en sont une forme évoluée. Mais cet aspect reste assez peu approfondi. Nous avons également la question langage et de la communication, notamment lors d’un premier contact houleux. Ces extraterrestres communiquent par le mouvement. Une communication qui ne peut être apprise que par les danseurs en gravité zéro. J’ai bien aimé cette idée, même si une fois de plus elle reste très peu exploitée.
En réalité, le roman se concentre beaucoup sur ses personnages, qui sont bien construits et bien développés. C’est notamment le cas du narrateur, Charles Armstead, ancien danseur devenu technicien vidéo spécialisé dans la danse suite à une blessure par balle. C’est un très bon narrateur, sarcastique et pas avide de jeux de mots. De la même façon, beaucoup de passages décrivent aussi bien la mise en place des projets que les dynamiques entre les différents personnages. C’est assez bien fait, d’autant plus que tous les personnages ont un caractère bien trempé. Cela montre la puissance du relationnel, au-delà du talent pur, quand on souhaite mener un projet aussi bien artistique que technique
La danse des étoiles est un bon roman mais qui manque d’approfondissement
C’est le genre de livre sur lequel il est difficile d’écrire une chronique. J’ai apprécié l’idée de mélanger danse et SF. Cela donne naissance à des passages très réussis, poétiques et imagés. Les personnages sont attachants, normalement Charles Armstead, qui narre cette histoire avec piquant et esprit. Cependant, le roman passe à côté des messages liés aux notions de premier contact, de communication interespèces et de naissance d’une nouvelle espèce par manque de matière. L’histoire est très centrée sur les relations et la réalisation du projet lié à la danse en gravité zéro. Ce n’est pas mauvais en soi, c’est même intéressant, mais cela donne aux éléments de science-fiction un côté accessoire alors qu’ils auraient pu être bien mieux exploités.
Note : 15/20
Vous pouvez acheter le livre par ici. Toutes les chroniques sont par là.
3 commentaires
tampopo24 · 21 août 2024 à 12 h 44 min
Tout en tenant compte de tes avertissements bien judicieux sur la dimension SF de l’œuvre, j’avoue que rien que pour voir comment la danse y est incorporée, je suis très tentée.
Noté
La Geekosophe · 3 octobre 2024 à 12 h 50 min
C’est le principal intérêt du roman à mon avis
Summer Star Wars Ahsoka – Atterrissage - RSF Blog · 26 septembre 2024 à 17 h 31 min
[…] Asteroid Lab, Fondation, intégrale 1 d’Isaac Asimov, Binti tome 2 : Home de Nnedi Okorafor, La danse des étoiles de Spider et Jeanne Robinson, La mécanique du talion Laurent Genefort, La nuit de la lumière de […]