Eh oui, le mois d’octobre me fait plonger dans les lectures de saison. Esprits, folklore et enfers, l’automne est le seul moment où j’adapte mes lecture au temps. Car rien de tel que de lire des romans frissonnants sous un plaid avec une boisson chaude. Prêts à découvrir mes lectures ?

EcoWarriors de Jean-Marc Ligny

EcoWarriors de Jean-Marc Ligny

Il suffit parfois d’un accident.
Fiora voit son mentor terrassé par un tir de LBD lors d’une manifestation pacifique. Le père de Malik décède, lui, dans un accident industriel.
Deux jeunes gens face à la violence d’un système : celle de l’État qui justifie son acte, celle d’une entreprise qui se dédouane de sa responsabilité sur un salarié.
De leur colère respective va naître, avec quelques autres, les EcoWarriors, un mouvement spécialisé dans l’extorsion des patrons d’entreprises écocides.
Mais confrontés à la pression constante des autorités et à leurs tensions internes, leur groupe survivra-t-il à l’épreuve de leurs idéaux divergents ?

Si j’ai eu un peu de mal à entrer dans le roman, j’ai finalement apprécié EcoWarriors. Les thématiques abordées sont très contemporaines, notamment autour de la place de l’écologie dans la société. Mais c’est surtout l’aspect ambigu de la lutte et du militantisme qui est bien retranscrit. Dans un futur proche où la voix du peuple est méprisée, l’information manipulée, comment peut-on se faire entendre ? Le récit est très dynamique, avec un côté pulp et violent, qui donne aux scènes de préparation et d’action un côté percutant et immersif. Cependant, j’ai moins accroché au manque de profondeur des personnages ainsi qu’au manichéisme trop appuyé.

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Confessions d’une séancière de Ketty Steward

Confessions d’une séancière de Ketty Steward

Une infirmière convoquée par un rêve au chevet de sa patiente mourante, une veuve éplorée qui marche dans la mer en maudissant Papadlo, un jeune homme qui perd la mémoire chaque fois qu’il met les pieds dans la rivière, un couple de femmes surpris par l’œil du cyclone, un garçonnet qui voit se dessiner sa culpabilité sur sa peau…
Dix-huit histoires liées par des poèmes qui donnent à repenser notre rapport à la mort, à l’amour, à la différence, à l’environnement.

J’ai beaucoup apprécié découvrir la plume de Ketty Steward à travers ce fix-up. Elle explore avec malice et lucidité les légendes antillaises pour mieux analyser la société martiniquaise. L’un des angles qui reviennent avec régularité est celui du rapport hommes / femmes, entre violence, soumission et émancipation. L’écriture allie simplicité, poésie et jeux avec la langue, montrant un gros travail sur le principe de créolisation sur le fond comme sur la forme. Ainsi, les poèmes présents entre chaque histoire enrichit la musicalité des récits, déjà présente à travers certains dialogues en créole, mais aussi la notion de transversalité. En effet, la transformation est très présente dans les récits, caractéristique d’une société en mutation grâce à de multiples influences.

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Cemetery Boys d’Aidan Thomas

Cemetery Boys d’Aidan Thomas

Parce que sa famille latinx a du mal à accepter son genre, Yadriel veut leur prouver à tous qu’il possède les pouvoirs d’invocation des hommes et non pas celui de guérir, comme les femmes.
« Le visage de l’esprit était tordu par une grimace, ses doigts noués dans le tissu de son haut. Il portait un blouson en cuir noir avec un capuchon sur un t-shirt blanc, des jeans délavés et une paire de Converse.
« Ce n’est pas Miguel », essaya de chuchoter Maritza, mais elle n’avait jamais vraiment eu une voix faite pour ça. Yadriel gémit et se passa la main sur le visage. Du bon côté des choses, il avait invoqué un esprit pour de vrai. Du mauvais côté des choses, il n’avait pas invoqué le bon. »

Ce Young Adult propose une histoire bien travaillé. Par rapport à d’autres livres du genre, Aiden Thomas construit des personnages touchants qui évoluent avec cohérence au long du récit. La question de l’identité et de l’inclusion face à des traditions centenaires est centrale. Elle permet d’aborder la violence, le rejet, mais aussi la tolérance et la force des familles choisies. Ainsi, le roman mobilise de nombreuses croyances latino-américaines, donnant naissance à une histoire peuplée de fantômes, de guérisseurs et accordant une grande place à la Santa Muerte et aux rites précolombiens. Ce choix en fait une lecture dépaysante et rafraîchissante, mais surtout à l’ambiance parfaite pour Halloween. Le seul bémol pour moi est le rythme de l’histoire, qui parfois se perd entre différents arcs narratifs et traîne en longueur.

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Dremence de Morgane Stankiewez, illustré par Amaryan

Dremence de Morgane Stankiewez, illustré par Amaryan

À l’aube du 24e siècle, un passeur des enfers est prêt à tout pour ramener sa fille du monde des morts.

Récit très sombre, Dremence est une créature littéraire qui mêle plusieurs genres : science-fiction, horreur fantastique… Ce qui en fait une expérience très distinctive. L’autrice s’est inspirée de la body horror façon Cronemberg, quand la chair devient outil et que la biotechnologie envahit la société. Au milieu de ce monde sombre, Sebastiaan Dremence est capable d’entrer dans les enfers. Que ce soit la ville tentaculaire de New Eden ou la Géhenne, la violence est donc omniprésente, faisant écho au désespoir du personnage principal. Elle prend des formes multiples et certaines scènes sont très crues : cannibalisme, torture, BDSM… L’ambiance frôle l’obscurité la plus profonde, ce qui en fait une bonne lecture de la saison d’Halloween, entre démons de chair, invocations et quête de résurrection. Le récit nous fait traverser plusieurs endroits différents et joue avec nos attentes et nos perceptions pour proposer des retournements de situation surprenants. En revanche, le rythme est moins captivant par moments, notamment car Dremence évolue assez peu au court du récit et car l’univers manque d’approfondissement au niveau de ses règles et de son fonctionnement. J’ai cependant apprécié son atmosphère globale, qui m’a beaucoup rappelé des films d’horreur comme l’antre de la folie de Carpenter.

Quelles ont été vos lectures les plus marquantes du mois ?

Catégories : Points lectures

4 commentaires

tampopo24 · 30 octobre 2024 à 22 h 41 min

Je suis comme toi, j’aime adapter mes lectures à la saison quand il faut ressortir plaid et bougie.
Je me laisserais bien tenter par Cimetery boys du coup.
Beau mois de novembre à toi 🙂

Shaya · 4 novembre 2024 à 21 h 04 min

Pas mal tout ça ! J’hésite un peu sur le Ketty Steward pour ma part. Le côté fix-up ne fonctionne pas toujours bien chez moi.

    La Geekosophe · 7 novembre 2024 à 19 h 53 min

    A voir comment ça peut se passer pour un côté plus folklore local. Sinon elle a aussi écrit l’évangile selon Myriam, un roman 🙂

      Shaya · 8 novembre 2024 à 0 h 09 min

      Oui il faudrait que je teste son roman 😉

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