Merci beaucoup aux éditions Mnémos et à la collection Mü pour leur envoi ! Je m’intéresse de plus en plus à la place de l’écologie dans la science-fiction. Lire EcoWarriors, dernière parution du prolifique Jean-Marc Ligny, me titillait donc au plus haut point. Alors qu’en ai-je pensé ?

Synopsis d’EcoWarriors

Il suffit parfois d’un accident.
Fiora voit son mentor terrassé par un tir de LBD lors d’une manifestation pacifique. Le père de Malik décède, lui, dans un accident industriel.
Deux jeunes gens face à la violence d’un système : celle de l’État qui justifie son acte, celle d’une entreprise qui se dédouane de sa responsabilité sur un salarié.
De leur colère respective va naître, avec quelques autres, les EcoWarriors, un mouvement spécialisé dans l’extorsion des patrons d’entreprises écocides.
Mais confrontés à la pression constante des autorités et à leurs tensions internes, leur groupe survivra-t-il à l’épreuve de leurs idéaux divergents ?

Vers le militantisme écologique guerrier

Vers la lutte armée pour faire face à l’immobilisme

Jean-Marc Ligny a déjà traité d’écologie dans l’un de ses précédents romans, Aqua TM, que j’avais beaucoup apprécié. Ici, nous sommes dans un roman d’anticipation à court terme, dans un futur pas si lointain. L’auteur nous dépeint une France gouvernée par des conservateurs peu concernés par l’écologie. Au contraire, la montée de la violence n’en finit pas alors que la police est plus que jamais brutale en manifestation. Les grandes entreprises peuvent toujours polluer au mépris de la santé des concitoyens ou de la planète. C’est dans ce contexte que Fiora, militante écologiste désillusionnée, fait la rencontre de Malik, jeune des cités dont le décès injuste du père porte vers des actes de vengeance radicaux. Avec d’autres recrues, ils forment les écowarriors, un commando dont les actions coup de poing ont pour cible les comptes en banque de riches industriels.

J’ai eu du mal à accrocher au début du roman. Les différentes pièces de l’intrigue mettent du temps à se mettre en place et la plupart des personnages apparaissent comme plutôt caricaturaux. Ceci dit, une fois que les ecowarriors se lancent, il y a quelque chose de jouissif à les voir monter leurs coups, voir le point de vue de la police qui les traque… L’écriture directe et efficace permet de bien plonger dans les moments d’action. J’ai également apprécié le questionnement autour de la justification de la violence comme mode de révolte. Comment peut-on lutter quand les politiques, les médias et le pouvoir sont contre vous et n’écoutent pas les voix dissidentes ? C’est surtout Fiora, membre d’un mouvement écologiste pacifiste, qui doit faire face à des cas de conscience. Quand s’arrête le cercle de la violence ? Et celui de la vengeance ?

Un récit et des personnages un peu trop manichéens

J’ai cependant peu accroché à l’ensemble des personnages. Ils sont peints de manière assez simplistes. Les personnages féminins n’échappent par exemple pas au male gaze, même les hôtesses d’accueil. Je n’ai pas compté les références aux formes de Fiora, au physique de latina caricaturale, ou de Titnat, qui sont les deux membres des ecowarriors les plus sexualisées. En revanche, les personnages masculins n’ont pas le même traitement, à part le fait que Malik soit « un peu beau gosse ». C’est une manière un peu désuète de mettre en scène des personnages. En outre, les scènes de sexe étaient très nombreuses, et disons qu’on sent vraiment que certaines sont écrites par un homme. C’est plutôt dommage, car le casting est plutôt diversifié et avait beaucoup de potentiel.

Un autre élément qui m’a gêné est un traitement parfois très manichéen des conflits. Les lobbys industriels et les entreprises s’en mettent plein les poches au mépris des populations et de la nature, les riches s’enrichissent, les gens de banlieue sont violents… L’ensemble parfois un peu de nuance dans les dialogues et certains événements. Une fois de plus, cela peut donner un côté caricatural à l’œuvre qui pourtant s’attaque à des problématiques très (trop) contemporaines, avec beaucoup d’énergie. En effet, le roman nous fait visiter plusieurs modes de vie alternatifs et nous invite à la réflexion sur ce que nous voulons pour notre futur, et comment nous investir et nous battre pour y parvenir.

Ecowarriors, un récit inspirant qui manque de nuances

Si j’ai eu un peu de mal à entrer dans le roman, j’ai finalement apprécié EcoWarriors. Les thématiques abordées sont très contemporaines, notamment autour de la place de l’écologie dans la société. Mais c’est surtout l’aspect ambigu de la lutte et du militantisme qui est bien retranscrit. Dans un futur proche où la voix du peuple est méprisée, l’information manipulée, comment peut-on se faire entendre ? Le récit est très dynamique, avec un côté pulp et violent, qui donne aux scènes de préparation et d’action un côté percutant et immersif. Cependant, j’ai moins accroché au manque de profondeur des personnages ainsi qu’au manichéisme trop appuyé.

Note : 15/20

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Catégories : Chroniques

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