Quand j’ai découvert le résumé de Nous allons tous très bien, merci de Daryl Gregory, je me suis dit que c’était un roman pour moi. De l’horreur, du thriller, de la psychanalyse de survivants d’événements monstrueux et surnaturels avec un groupe de personnages traumatisés. Que demander de plus dans une novella de saison ?

Synopsis de Nous allons tous très bien, merci

Il y a d’abord Harrison, qui, adolescent, a échappé à une telle horreur qu’on en a fait un héros de romans. Et puis Stan, sauvé des griffes d’une abomination familiale l’ayant pour partie dévoré vif. Barbara, bien sûr, qui a croisé le chemin du plus infâme des tueurs en série et semble convaincue que ce dernier a gravé sur ses os les motifs d’un secret indicible. La jeune et belle Greta, aussi, qui a fui les mystères d’une révélation eschatologique et pense conserver sur son corps scarifié la clé desdits mystères. Et puis il y a Martin, Martin qui jamais n’enlève ses énormes lunettes noires. Tous participent à un groupe de parole animé par le Dr Jan Sayer. Tous feront face à l’abomination, affronteront le monstre qui sommeille en eux et découvriront que le monstre en question n’est pas toujours celui qu’on croit.

Et si les personnages principaux de thrillers et d’horreur allaient en thérapie ?

Un groupe de parole entre éclopés traumatisés

Le docteur Jan Sayer anime un groupe de parole entre personnes ayant connu des traumatismes. Jusqu’ici rien de bien anormal. Mais ses patients ont tous un point commun : ils attribuent leur passé à une cause surnaturelle. Victimes de tueurs en série, de cultes monstrueux ou de famille cannibale, chacun raconte son histoire au reste du groupe. Le lecteur a ainsi l’impression de commencer l’histoire par la fin, ce qui donne à la lecture un goût très original. Autant vous dire que Daryl Gregory a choisi un moyen très efficace de construire des personnages qui allient la force des survivants d’horreurs indicibles et la fragilité des êtres ayant subi des tortures indicibles. L’auteur choisit un parti pris narratif intéressant : nous alternons entre différents membres du groupe de parole pour mieux comprendre leur vécu.

Ainsi, Jan Sayer a récupérer un groupe de victimes très différentes les unes des autres, et qui réagissent très différemment à leur façon de surmonter leurs traumas. Stan s’est fait en partie bouffé par une famille de cannibales, c’est de loin le plus bavard pour évoquer sa difficulté à être aussi visiblement handicapé. Barbara cache sa dépression sous un masque de bienveillance lumineuse après qu’un tueur en série ait gravé un secret à même ses os. Greta, ancienne victime d’un culte, se terre dans le silence… Autant de personnages dont nous découvrons petit à petit les liens et le passé, et qui se retrouvent à faire front contre quelque chose de bien monstrueux. Bien que le roman soit court, les personnages sont très bien caractérisés.

Quel monstre se cache derrière leur passé ?

Petit à petit, nous découvrons que leurs traumatismes passés sont liés. Daryl Gregory nous fait alors entrer dans univers entre thriller et horreur, avec une ambiance presque lovecraftienne par moments. Le récit ne fait pas dans la grande démonstration gore, mais propose une construction plus subtile de la peur. Cela passe par exemple par la façon dont Stan raconte son supplice, avec force de détails, de manière presque clinique. On imagine très bien l’écart entre le ton qu’il emploie et l’horreur de ce qu’il a vécu, comme si une forme de distanciation s’était installée. L’horreur se dévoile au fil des récits des membres du groupe de parole, ce qui fait que l’on ne s’ennuie que peu dans ce court roman. Bien au contraire, je l’ai lu d’une traite lors d’un voyage en train.

Le bémol tient surtout de la taille du livre. En effet, le roman laisse entrevoir une mythologie riche. J’ai terminé ma lecture avec une envie folle d’en savoir plus sur les monstres et les visions des personnages. A travers les traumastismes des personnages, Nous allons tous très bien, merci déploie un grand nombre de références : Lovecraft, que j’ai mentionné plus tôt, la colline a des yeux, They live… A cela s’ajoute un aspect psychologique et psychiatrique bien creusé, qui montre que l’auteur a bien fait ses recherches, notamment à travers la mystérieuse docteure Jan Sayer. C’est un élément bien creusé dans la première partie du récit, mais comme le roman est assez bref, j’ai trouvé la fin du livre un peu plus précipitée.

Nous allons tous très bien, merci est un récit frissonnant original

Difficile de ne pas accrocher au concept ultra de créatif de ce court roman de Daryl Gregory ! Un groupe de survivants traumatisés par des événements liés au surnaturel se retrouve dans un groupe de parole. Avec un sens de la psychologie acéré, l’auteur construit une galerie de personnages bien creusés qui vivent différemment leurs traumatismes. Petit à petit, l’ambiance glisse vers de l’horrifique et une sensation prenante de paranoïa. Chaque individu a un lien avec des monstres qui semblent prêts à chasser. Le récit dévoile un univers plus riche qu’il n’y paraît, mais le format ne permet pas de totalement exploiter une mythologie qui touche de nombreuses références. Je n’ai qu’une envie, lire Harrison Harrison, consacré à l’un des personnages principaux.

Vous pouvez acheter le livre par ici. Toutes les chroniques sont par là.

Catégories : Chroniques

0 commentaire

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.