Bienvenue dans le futur ! Sécheresse, inondation et canicule forment le quotidien des Européens. Mais les survivants s’organisent. Comment ? Avec Les mains vides, Elio Possoz nous invite à découvrir de nouveaux modes de coopérations pour faire à la diminution des ressources. Merci aux éditions La Volte pour l’envoi !

Synopsis de Les mains Vides

Dans la seconde moitié du XXIeme siècle, le climat s’est déréglé, le pétrole est un souvenir et pourtant, parfois, quand un membre d’un village anarchiste subit une séparation amoureuse, il lui faut bien partir, chercher un autre endroit où passer l’été caniculaire, traverser des lieux où tout le monde ne roule pas tout à fait pareil. Les vagues de canicule arrivent et tu dois quitter ton foyer. Enfourche ton vélo et va, quitte tes montagnes à la recherche d’une belle communa pour passer la Torpeur. Rencontre, explore, discute et prends soin. Des autres, du vivant, de toi surtout. Le fol Horhizome est fort et fragile, il relie les anarchies entre elles, qui fleurissent différentes sur leur fondement commun : l’ordre, sans le pouvoir. Roule et traverse, prends garde aux Verticaux, mais nourris-toi de la friction, elle remplira ta carte et tes dessins. Mets l’eau à chauffer, fais tes infusions d’encre. N’es-tu pas manomade ?

De la SF qui propose d’autres futurs

Un manomade parcourt la France

Dans l’avenir, le monde subit des vagues de canicules intenses. Les ressources se sont amoindries et les populations se réorganisent. Nous suivons une jeune qui part en vélo pour échapper aux torpeurs, remontent la route. Au passage, Elio Possoz nous propose de découvrir comment de nouvelles communautés se sont formées. C’est donc un roman qui propose des pages de vie, des moments d’échange, de partage ou d’étonnement. Le récit rend hommage à la fiction-panier, l’auteur utilise même le terme fiction-sacoche, théorisé par Ursula Le Guin. Ce sont des narratifs dans lequel la guerre ou la violence ne tiennent pas une place centrale. Il s’agit de la vie quotidienne de personnes comme vous et moi, qui évolent dans un tout nouveau contexte, s’adaptant au mieux à des conditions climatiques de plus en plus extrêmes. Sécheresse, inondations, disparition de la faune et de la flore… Le futur de Les mains vides est difficile.

Ainsi, nous découvrons la vie des communas. Il s’agit de groupes de personnes réunies pour faire fonctionner la population. Elles ont la particularité d’être autogérées : les tâches sont réparties selon des règles claires et uniques pour tout le monde. Cela rappelle la fiction anarchique Les dépossédés, d’Ursula Le Guin une fois de plus, qui nous propose une société aux mêmes fondements idéologiques. Ainsi, Elio POssoz nous interroge sur notre société, notre façon de consommer, mais aussi sur la notion de partage. Plus son personnage arrive vers le nord, plus la société ressemble à la nôtre, avec la notion de propriétaire et des dynamiques de classes encore présentes, presque dystopiques. Les vertis, pour verticaux, sont accusés d’être des propriétaires. Une insulte pour ceux qui obtiennent des ressources sans travailler pour en obtenir les fruits, en se reposant sur le travail d’autres personnes. Ainsi, dans un monde où les ressources s’amoindrissent, soit la société repose sur le partage et la solidarité, soit elle renforce les inégalités entre les forts et les faibles.

Une langue créative et innovante

La première chose qui nous happe, c’est le style unique et créatif d’Elio Possoz. Le roman est écrit à la deuxième personne, comme un choeur qui narre et commente les aventures de ce membre de la communa qui s’éloigne. Membre dont on ne saura jamais le genre, et qui sera surpris quand on lui demandera s’il est un homme ou une femme. Ainsi, la totalité du roman est rédigé dans une langue neutre, utilisant le z pour marquer le pluriel, usant du terme sapiens pour parler des humains. Paradoxalement, le fait de fonder des communautés liées sur le partage renforce l’identité des individus. Ce pour quoi il compte, c’est de pouvoir accomplir des tâches essentielles pour la survie des compagnons. Ce n’est pas la façon dont il mène sa vie ou comment il se définit. Quand les ressources sont trop rares, il serait malvenu de se séparer de personnes capables de travailler pour des raisons aussi futiles.

Dans les mains vides, la langue change pour montrer ces transformations, mais aussi suite aux changements climatiques. Il existe énormément de réfugiés climatiques. Ainsi, beaucoup de mots de la langue espagnole rejoignent la langue française ou se mêlent à l’arabe ou à l’anglais. Ainsi, les communas utilisent un langage bien à elle qui permet de qualifier des habitudes ou des tâches qui n’existaient pas avant, ou de faire évoluer les mots de façon à mieux correspondre à une nouvelle réalité vécue ou souhaitée (l’académie en française en PLS). La langue devient vivante. La plume d’Elio Possoz se tantôt joueuse, gouailleuse, tantôt poétique, tantôt plus grave. La présence d’une langue neutre ne m’a pas gênée, j’ai même trouvé que c’était une façon cohérente de penser une façon de parler neutre. L’écriture permet une immersion totale dans cette France du futur qui tente de se reconstruire.

Les mains vides, un récit utopiste qui lie audace et poésie

Elio Possoz nous entraîne dans un récit certes post-apo, mais aussi utopique. Alors que les vagues de chaleur touchent l’Europe, les habitants s’abritent et beaucoup voyagent pour éviter la torpeur. Notre protagoniste en profite pour documenter les communautés auto-gérées qu’il croise. Le récit s’inspire de la fiction d’Ursula Le Guin, des passages de vie du quotidien qui montre comment on peut s’adapter. Un récit qui questionne nos modes de vie et construit d’autres modèles de solidarité. Les mains vides fait appel pour cela à une langue sur mesure pour ce nouveau monde, avec des néologismes, des mélanges de mots de différentes langues et un roman quasiment entièrement rédigé au genre neutre. C’est un livre unique et rafraîchissant.

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Catégories : Chroniques

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