Je trouve ce mois de janvier très satisfaisant en matière de romans. Je profite de quelques soucis persos, dont une fracture, pour prendre du repos mais mon rythme de lecture n’est pas pour autant beaucoup plus intense. Ceci dit, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire l’un des derniers romans de Stephen King et de découvrir de nouvelles plumes de France et d’ailleurs.

Conte de fées de Stephen King

Contes de fées de Stephen King

Charlie Reade ressemble à un lycéen ordinaire, sportif et bon élève. Mais il porte un lourd fardeau : sa mère a été tuée dans un accident avec délit de fuite quand il avait dix ans, et le chagrin a poussé son père à boire. Charlie a appris à en prendre soin. À dix-sept ans, Charlie fait la connaissance d’un chien, Radar, et de son maître vieillissant, Howard Bowditch, un reclus qui vit dans une grande maison au sommet d’une colline. Des sons étranges sortent parfois de la remise fermée à clé dans son jardin. Charlie commence à effectuer des travaux pour lui et s’attache à Radar. À sa mort, M. Bowditch laisse à Charlie son héritage et une cassette racontant son extraordinaire histoire, le secret de toute sa vie : à l’intérieur de la remise se trouve un portail vers un autre monde… dans lequel Charlie va s’aventurer. Le garçon héroïque et son chien devront alors mener la bataille entre le bien et le mal.

Nous avons là un très bon cru de la part de Stephen King ! L’écrivain mythique nous offre ce qu’il fait de mieux. Le récit est d’autant plus efficace qui prend son temps pour poser son atmosphère. Il peint des personnages très attachants, bien construits, renforcés en quelques lignes de dialogue. La relation entre Charlie et la vieille chienne Radar est très touchante et porte une bonne partie du roman. L’autre force du livre est de proposer un retour aux origines du conte de fées. A travers des références connues de quasiment tous les lecteurs, Stephen King écrit un hommage aux imaginaires foisonnants et magiques. Il décrit un monde qui serait la quintessence de toutes ces histoires racontées depuis des générations au coin du feu. Mais que serait une oeuvre du King sans une pointe de noirceur ? Car les contes de fée originels incarnent aussi les penchants les plus obscurs. Monstres, géants, maladies, le beau royaume est rongé par la putrescence d’une horreur lovecraftienne ignoble et innomable. Et c’est ce mélange de deux inspirations qui permet à Conte de fées de devenir une oeuvre marquante et résolument originale en reconstruisant et jouant avec ces poncifs de l’imaginaire.

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Magic Charly, tome 2 : Bienvenue à Saint-Fouettard d’Audrey Alwett

Magic Charly, tome 2 : Bienvenue à Saint-Fouettard d’Audrey Alwett

Saint-Fouettard ! C’est dans cette sinistre institution pour jeunes magiciens indisciplinés que sont envoyés Charly et Sapotille. Alors que des forces malfaisantes œuvrent pour prendre le contrôle de la magie, les deux amis sont plus que jamais déterminés à agir. Mais comment lutter quand on n’a aucun sortilège sous la main ?

Ce deuxième tome de Magic Charly a toutes les qualités de ce qui fait pour moi de la bonne littérature pour adolescents. C’est un roman drôle et inventif, entre jeux de mots, personnages farfelus et situations risquées. Mais il ne délaisse pas pour autant les sujets sérieux, qu’Audrey Alwett aborde avec finesse : société du paraître, inégalités sociales… Elle étoffe son univers, apporte de la gravité aux enjeux. Ainsi, c’est un plaisir de retrouver tous les personnages que nous connaissons mais aussi d’en découvrir de nouveaux, toujours aussi vifs et bien taillés. Certains trouveront que l’histoire met un peu de temps à se lancer, mais le deuxième partie a assez peu de temps morts.

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Les petits pains de la pleine lune de Gu Byeong-Mo

Les petits pains de la pleine lune de Gu Byeong-Mo

Comme dans toute bonne patisserie, il y en a pour tous les goûts dans ce livre : du mystère, des choses graves, de l’humour (noir), de la tendresse (cachée).
Le héros est un jeune garçon, sa mère s’est suicidée quand il était enfant et sa belle-mère le harcèle moralement. Un jour, il s’enfuit de chez lui et trouve refuge dans une patisserie, lui qui n’était pourtant pas fan de gâteaux !
Là, il fera la connaissance d’une fille pas comme les autres, Oiseau-Bleu, et d’un patissier un peu sorcier.
Car dans cette boutique, vraiment banale en apparence, on confectionne des gâteaux aux pouvoirs étonnants, qui sont vendus sur Internet. Mais attention ! N’oubliez pas que la magie peut toujours se retourner contre vous
.

En voilà une lecture étrange. Les petits pains de la pleine lune nous présente une magie qui n’est pas sans conséquence. Il y a de la poésie dans les ingrédients et les recettes du patron de la patisserie. Mais ce n’est pas toujours de la magie positive, puisque les passions humaines sont dangereuses et à manier avec la plus grande prudence. Le roman aborde des aspects graves, comme la pédophilie, l’abandon ou la négligence familiale. Ne vous lancez pas dedans en espérant une histoire positive. Les dynamiques familiales sont traitées avec dureté, la violence est bien présente dès les premières pages où la narrateur nous raconte son histoire. Cependant, les moments passés à la boulangerie dégagent une certaine douceur. Une lecture que j’ai appréciée mais qui aurait gagner en puissance avec un scénario plus dense et suivi.

Les mains vides d’Elio Possoz

Les mains vides d'Elio Possoz

Dans la seconde moitié du XXIeme siècle, le climat s’est déréglé, le pétrole est un souvenir et pourtant, parfois, quand un membre d’un village anarchiste subit une séparation amoureuse, il lui faut bien partir, chercher un autre endroit où passer l’été caniculaire, traverser des lieux où tout le monde ne roule pas tout à fait pareil. Les vagues de canicule arrivent et tu dois quitter ton foyer. Enfourche ton vélo et va, quitte tes montagnes à la recherche d’une belle communa pour passer la Torpeur. Rencontre, explore, discute et prends soin. Des autres, du vivant, de toi surtout. Le fol Horhizome est fort et fragile, il relie les anarchies entre elles, qui fleurissent différentes sur leur fondement commun : l’ordre, sans le pouvoir. Roule et traverse, prends garde aux Verticaux, mais nourris-toi de la friction, elle remplira ta carte et tes dessins. Mets l’eau à chauffer, fais tes infusions d’encre. N’es-tu pas manomade ?

Elio Possoz nous entraîne dans un récit certes post-apo, mais aussi utopique. Alors que les vagues de chaleur touchent l’Europe, les habitants s’abritent et beaucoup voyagent pour éviter la torpeur. Notre protagoniste en profite pour documenter les communautés auto-gérées qu’il croise. Le récit s’inspire de la fiction d’Ursula Le Guin, des passages de vie du quotidien qui montre comment on peut s’adapter. Un récit qui questionne nos modes de vie et construit d’autres modèles de solidarité. Les mains vides fait appel pour cela à une langue sur mesure pour ce nouveau monde, avec des néologismes, des mélanges de mots de différentes langues et un roman quasiment entièrement rédigé au genre neutre. C’est un livre unique et rafraîchissant

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La Neuvième Maison de Leigh Bardugo

Alors qu’elle se remet de ses blessures à la suite d’un massacre inexpliqué, Alex Stern se voit proposer d’intégrer l’université Yale au sein de la Maison Léthé. Cette société secrète a pour mission de contrôler l’usage de la magie au sein des huit autres maisons que compte la prestigieuse institution. La jeune femme doit cette position enviable quoique dangereuse à un talent très particulier : elle est capable de voir les fantômes. Mais un soir, elle est témoin d’un meurtre d’une violence rare. Son enquête la confrontera à des forces qui défient l’imagination…

Dark academia, fantômes et sociétés secrètes ! La neuvième maison développe un univers très travaillé. Leigh Bardugo a pris beaucoup de soin à décrire chacune de ces maisons, leurs spécialités magiques et leurs objectifs. Sortes de fraternités occultes, leur objectif est de faire de leurs membres des personnalités incontournables grâce à des rites obscurs et dangereux. Alex entre dans un univers de jeux de pouvoirs entre gosses de riche peu habitiés à faire face aux conséquences de leurs actes. Si j’ai eu un peu de mal avec le personnage principal au début, j’ai beaucoup aimé son évolution vers un plus grand potentiel et une plus grande acceptation de ce qu’elle est. Ainsi, la première partie du roman est assez lente à se mettre en place, avec beaucoup d’atternoiements du côté de la protagoniste. Il y a pas de répétitions des mêmes pensées, une volonté de beaucoup d’écrire. Heureusement, la dernière partie est plus rythmée, avec une dernière partie très bien menée et pas mal d’action. Si j’ai failli laisser le roman de côté, j’ai n’ai pas regretté de le finir. Je pense que l’histoire aurait à perdre une centaine de pages et à mieux articuler les différentes temporalités.

Quelles sont vos lectures du moment ?

Catégories : Points lectures

2 commentaires

L'ourse bibliophile · 1 février 2025 à 13 h 34 min

Magic Charly est une saga qui me fait de l’oeil depuis longtemps ! J’espère que ta fracture n’est pas trop pénalisante (j’imagine que ça l’est toujours, mais je n’en ai jamais eu !) et te souhaite malgré tout un bon mois de février !

    La Geekosophe · 1 février 2025 à 14 h 22 min

    C’est ma première aussi, mais j’arrive à marcher. Elle a été repérée deux semaines après ma chute 😀

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