Encore un roman qui était depuis pas mal de temps dans ma Pile à Lire. Nos jours Brûlés de Laura Nsafou fait partie de mon corpus de découvertes de l’Afrofuturisme. J’avais cependant déjà découvert la plume de l’autrice dans une anthologie des Imaginales sur la même thématique. Nos jours brûlés est le premier tome d’une trilogie post-apo qui se passe en Afrique (dans différents pays) et réimagine beaucoup d’éléments des croyances de diverses cultures africaines.
Synopsis de Nos jours brûlés
Depuis vingt ans, le soleil a disparu et le monde est plongé dans la pénombre. La faune et la flore se sont peu à peu adaptées, et les espèces nocturnes, multipliées. Pour les humains, s’éclairer, se nourrir, survivre sont devenus des défis quotidiens. Elikia, née peu après l’avènement de la Grande Nuit, et sa mère Diba, se sont fixé pour mission de ramener le jour sur le monde. Persuadées que la disparition du soleil est liée à celle de Juddu, une ancienne et mystérieuse cité ayant abrité des esprits et des individus dotés de pouvoirs, toutes deux sillonnent le continent africain dont elles sont originaires à la recherche de témoignages. Les récits glanés auprès des Anciens les conduisent jusqu’à l’Adamaoua, une montagne où nulle âme sensée n’oserait s’aventurer…
Du post-apo qui se mêle aux traditions des pays d’Afrique
Un monde sans lumière
Nos jours brûlés nous entraîne dans un futur où le soleil s’est mystérieusement éteint. Laura Nsafou nous met face à un monde qui s’est adapté, y compris pour la faune et la flore. Sans lumière, difficile de faire pousser de nombreux fruits et légumes, et ceux qui survivent sont pauvres en goût (Imaginez, nous devrions nous nourrir d’endives). La population peine à survivre et nous comprenons que la civilisation au global a régressé. Le point de bascule ? L’événement de la Grande Nuit. Un phanomène mystérieux dont l’origine reste floue. Seule Diba, la mère d’Elikia, semble avoir quelques indices laissés par son Père. L’autrice construit toute une mythologie autour du folklore de nombreux pays d’Afrique, adaptés pour construire un univers plutôt cohérent et original dans le paysage de l’imaginaire.
Nos jours brûlés se rapproche ainsi de la science-fantasy. L’explication de la grande nuit implique la présence d’esprits et d’êtres hybrides marquées par des divinités tutélaires. Dans l’Obscurité, des créatures nouvelles de sont développées. Liées à la divinité de la Nuit et du mal, elles en veulent au reste du panthéon. Beaucoup de ces monstres s’attaquent aux humains. Comme dans du post-apo, la survie est difficile et ne tient qu’à un cheveu. Diba, la mère d’Elikia, en fera les frais, démontrant toute la dangerosité de ce qui est presque un nouvel univers. Ainsi, en plus de la disparition du Soleil, la prolifération de créatures mystiques joue tout autant dans la menace constante de ce monde sans véritable Jour.
Magie, enquête et découverte
Hormis l’univers, le roman reprend les codes de fictions du même genre. Elikia se découvre rapidement de nouvelles capacités qu’elle va devoir dompter grâce à l’aide d’un mystérieux et séduisant aîné. Jeune femme déterminé au fort tempérament, notre personnage principale est agréablement construite, avec un objectif clair qui lui permet d’aller de l’avant. Le récit à la première personne permet de donner naissance à de nombreux moments d’instrospections qui aident à façonner le caractère de la jeune femme. Elle découvre ainsi un monde nouveau, où des personnes possèdent des pouvoir extraordinaires liés à des divinités comme Ma’at, Déesse de la vérité. Leurs pouvoirs fonctionnent via des incantations. En somme, l’emballage est neuf et original, mais les mécaniques de fantasy ne dépayseront pas les habitués des récits Young Adult. Sans être un véritable défaut, cela peut rendre le récit un peu prévisible par moments.
Cependant, un point m’a gêné dans la cohérence du récit. En effet, Elikia et d’autres personnages continuent d’utiliser des termes comme « Jour », « Soir » ou « Nuit ». J’ai trouvé que même s’il ya des moments où le ciel se colore légèrement, il aurait plus créatif d’utiliser des termes transparents spécialisés pour marquer le changement total qui quand même eu lieu 20 ans auparavant. Ce sont quelques détails de ce type, comme l’aspect parfois archétypal du récit et des personnages, qui peuvent faire sortir du récit. Ceci dit, l’écriture est assez efficace sans être enchanteresse, ce qui permet de nous faire tourner avec entrain pour en savoir plus sur cet univers mystérieux. L’autrice construit pas mal de mystères autour de ses personnages et des événements.
Nos jours brûlés : une trame classique dans un univers original
J’ai plutôt apprécié ma lecture. Si le ton et les péripéties sont axés Young Adult, l’autrice aborde également des thématiques violentes avec maturité. Le point fort du livre est sa mise en place d’un univers entre SF et fantasy dans une Afrique post-apo, mais avec des éléments magiques qui permettent à Laura Nsafou de construire toute une mythologie qui lui est propre. Sans me marquer durablement, je le trouve original et bien mené, notamment grâce aux mystères qui entourent certains événements ou le caractère bien trempée de son héroïne.
Note : 16/20
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1 commentaire
Shaya · 3 juin 2025 à 14 h 43 min
C’est une thématique intéressante pour le coup, mais peut-être un peu trop young-adult pour moi qui suis assez réfractaire à ce genre. Faudra voir du coup !