Déjà le dernier point lecture de 2025 ! Décembre n’a pas été un mois facile au niveau personnel, j’ai une fois de plus moins lu que d’habitude. Ceci dit, j’ai pu terminer certains de mes challenges, notamment mon ABC de l’imaginaire de cette année.

Plein-Ciel de Siècle Vaëlban

Plein-Ciel de Siècle Vaëlban

Sur l’île de la Nébuleuse, l’Opéra Plein-Ciel fait la pluie et le beau temps, et chacune de ses représentations se doit d’être parfaite. Née dans une famille de Masques – des aristocrates capables de transmuter les corps vivants – Ivoire est une jeune femme dont le talent de Jouet ne gouverne que les objets. C’est loin de son milieu social qu’elle a trouvé sa place, en périphérie de la capitale, au sein d’une petite maison donnant sur les rizières et d’un prestigieux atelier de couture, l’Atelier-Des-Mesures. Mais lorsque son talent de dompteuse de rubans est remarqué par la Maîtresse-Jouet de Plein-Ciel en personne, Ivoire n’a pas le choix : elle est forcée d’abandonner son quotidien tranquille pour emménager en plein coeur de l’Opéra. La voilà plongée dans les coulisses où la vie se mène à un rythme effréné, au gré des préparatifs, des intrigues de cour, des rumeurs scandaleuses et des pamphlets interdits qui circulent sous le manteau et promettent un autre monde possible…

Difficile de ne pas apprécier l’univers virevoltant de Plein-Ciel. Le roman est loin de proposer une histoire niaise. La violence est très présente, qu’elle soit psychologique ou physique, ce qui donne au récit une certaine maturité et apporte des surprises. En revanche, le déroulé global du récit se montre classique, voire attendu. Nous sommes dans un univers dystopique où les habitants sont divisés selon leurs pouvoirs. C’est un scénario classique de révolte avec une rébellion et des tyrans. De la même façon, les relations entre les personnages manquent de complexité pour être réellement captivantes. Plein-Ciel reste une bonne lecture à laquelle il ne manquait pas grand chose pour être totalement satisfaisante.

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Factotum de Charles Bukowski

Factotum de Charles Bukowski

Une bière, une putain. Bukowski, sans le savoir, bâtit sa légende. Cette litanie de boulots minables, de chambres sordides, d’étreintes glauques, de saouleries mornes, de bagarres d’ivrognes, de vexations, de rigolades sera la matière inépuisable d’une œuvre qui, avec sa vitalité consolante, sa folle énergie, ira jusqu’à brancher Hollywood.

Factotum n’est pas un roman confortable, ni même toujours agréable à lire. C’est un texte rugueux, souvent sale, parfois épuisant, qui nous force à regarder une réalité que l’on préfère habituellement éviter. Mais derrière l’alcool, la violence, la répétition des échecs et l’errance sans horizon, Bukowski laisse filtrer une forme de lucidité presque désarmante sur la condition humaine, le travail, la solitude et la survie quotidienne. On peut rejeter son personnage, être agacé par son cynisme ou sa complaisance dans l’autodestruction, mais il est difficile de nier la sincérité brute de cette voix. Factotum ne cherche ni à séduire ni à moraliser : il expose, frontalement, une Amérique des marges et un homme incapable, ou refusant, de s’y conformer. Une lecture âpre, dérangeante, mais parfois traversée d’éclairs de vérité qui expliquent sans doute pourquoi, des décennies plus tard, Bukowski continue de diviser… et de marquer.

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Fragile/s de Nicolas Martin

Fragile/s de Nicolas Martin

Dans une France où la fertilité s’effondre et la majorité des naissances sont touchées par le syndrome de I’X fragile, Typhaine, élue par le très sélectif Programme expérimental de génoembryologie grâce à la position de son mari, accouche d’un garçon sain. Mais l’étonnante progression cognitive de son fils est bien vite aussi inquiétante que le contrôle dont font l’objet les mères, alors que le pays bascule dans la dictature…

Fragile/s est un roman dérangeant, parfois oppressant, qui réussit à faire dialoguer l’intime et le politique avec une efficacité redoutable. En plaçant la parentalité au cœur d’un projet autoritaire obsédé par le contrôle des corps et des naissances, Nicolas Martin met en lumière la manière dont les régimes liberticides s’infiltrent d’abord dans le quotidien, sous couvert de protection et de nécessité. Si certains choix narratifs (fragmentation temporelle, accélération finale, éléments de science-fiction plus abrupts…) peuvent désarçonner, ils n’enlèvent rien à la force du propos.

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Ce que disent les morts de Philip K. Dick

Cryogénisé à sa mort, le très puissant et richissime Louis Sarapis n’a pu être ranimé ; pourtant, il continue à diriger son entreprise et à intervenir dans la vie politique américaine ! Impossible de téléphoner, d’écouter la radio ; de lire le journal ou d’allumer le téléviseur sans entendre ses paroles venues de l’espace…

Une nouvelle qui ne manque pas d’intérêt. Ce que disent les morts nous présente un futur dans lequel un milliardaire tente de transcender la mort pour garder sa mainmise sur son empire industriel et que la politique. Voilà qui nous rappelle bien des événements plus qu’actuels ! L’histoire met en place un thriller plutôt efficace : est-ce bien Louis Sarapis dont on entend la voix ? Est-il bien raisonnable d’obéir à des ordres d’outre-tombes ? L’ensemble pose des questions éthiques sur les conséquences d’une vie éternelle pour certains individus, mais aussi sur l’impact des médias sur la manipulation des masses ainsi que la propagande. La fin est cependant assez confuse, ainsi que certains développements laissés à l’appréciation des lecteurs.

Quelles sont été vos lectures du mois ?

Catégories : Points lectures

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