En ce jour merveilleux nous inaugurons une nouvelle chronique tout aussi radieuse. Nous avons tous connu la souffrance de la fin d’une série qui rythmait notre existence. D’où l’idée de trouver régulièrement des séries similaires à nos chères disparues afin de faire durer le plaisir. Commençons avec Downton Abbey ! (qui avait d’ailleurs été le sujet d’une intéressante chronique de l’excellente Buffy Mars en sociologie des séries).

 

Downton Abbey est une série qui fleure le charme britannique edwardien. Avec ses personnages attachants, elle parvient à reconstituer à merveille une époque fascinante. Son petit côté soap et désuet a séduit aussi bien les critiques que les spectateurs. C’est donc tout à fait logique que la fin de la série laisse un peu orphelins les sérievores ! Mais nulle panique, jeune adorateur de lady Violet, voici deux séries historiques pour alléger ta peine.

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Cette femme est un amour

…Mister Selfridge, plongez dans l’histoire d’un centre commercial du début du siècle

 

Harry Gordon Selfridge, propriétaire de magasin de vente au détail selon Wikipédia

Forme d’au bonheur des dames télévisuel, avec Mister Selfridge vous voyagez au côté d’un homme d’affaires américain désireux de fonder un centre commercial révolutionnaire à Londres. Nous retrouvons alors les charmants accents British, chroniques familiales, luttes d’influence et personnages joliment interprétés qui nous rappellent Downton Abbey. Cette série a le mérite de nous montrer une société en phase de transition car nous faisons face aux prémices de l’ère du consumérisme.

 

En ce sens, Harry Selfridge, Américain haut en couleur qui n’hésite pas à scandaliser la haute société de l’époque pour arriver à son but, est un symbole radieux du changement social. C’est une personnalité solaire, charismatique, modèle du self-made man visionnaire. Mais également ambitieux, jaloux, autoritaire et sans concession. En somme, un portrait d’homme en nuances avec ses qualités et ses défauts décrit avec une grande maîtrise.

 

La série nous donne également à voir les évolutions marketing de l’époque, mais aussi la difficulté  de bousculer les conventions. La société anglaise de l’époque est rigide, teintée d’un fort puritanisme. Le contraste entre la personnalité de notre américain avec le cast anglais est saisissant. Par exemple, Selfridge se retrouve dans l’impossibilité de mettre des rouges à lèvre en vitrine car, selon son fidèle comptable, il s’agit à l’époque de l’apanage des artistes de cabaret (pas le top de la société) et des dames de la nuit. N’est-ce pas une évolution sociologiquement intéressante pour un produit devenu si commun ? C’est toujours assez troublant de voir se confronter un point de vue moderne et une vision plus puritaine de l’existence. Harry Selfridge mettra notamment au point de nouvelles méthodes de merchandising, des politiques de prix qui se voulaient abordables pour tous et bien sûr les « Windows », luxueuses fenêtres mises en place pour attirer les clients.

 

Mister Selfridge possède tout ce qu’il faut : histoires de famille, d’amour, d’amitiés, des drames, des retournements de situation parfois à la limite du crédible… La série bénéficie d’une réalisation classique mais soignée ainsi que d’une reconstitution dans un cadre original. Les personnages sont fouillés, en particulier la personnalité fascinante de Selfridge, mais aussi Agnes Towler. Cette jeune femme, vendeuse pauvre avec un frère à charge, deviendra un pilier du Selfridge’s. C’est aussi son élévation que nous suivrons. Autre personnage captivant, Lady Mae. Ancienne danseuse mariée à un riche Lord, elle deviendra une alliée de poids pour Selfridge.

 

A la fois légère mais capable de se mesurer au drame, Mister Selfridge est une série qui mérite le coup d’œil. Avec son charme similaire à celui de Downton Abbey, elle fait en effet un bon remplacement. Elle est en plus assez longue, 4 saisons qui viennent de se clore. Assez pour passer une bonne semaine.

 

… Peaky Blinders, histoire d’un gang dans les villes ouvrières de l’Angleterre du XIXe siècle

 

Costumes 3 pièces, casquettes gavroches, combo gagnant de la classe

Alerte ! Nous changeons d’atmosphère par rapport à Mister Selfridge et Downton Abbey. Peaky Blinders est une série plus sombre, là où les deux précédentes prenaient place dans des milieux plutôt aisés. Violence sans concession,  Nous sommes en 1919 dans la ville industrielle de Birmingham. La police renforce ses effectifs pour lutter contre la criminalité sans cesse en hausse, notamment la violence des gangs qui pullulent. Les Peaky Blinders, dominés par la famille Shelby, sont spécialisés dans les paris. Mais la violence va crescendo alors que Tommy Shelby, le plus ambitieux de la famille, trouve des combines de plus en plus élaborées et finir par devenir l’ennemi numéro 1 de la police de Birmingham.

 

La série est d’une très qualité, aussi bien dans sa forme, que dans le fond. L’image est en effet superbe, un peu dé-saturée pour créer une ambiance pesante qui colle à la réalité difficile des quartiers ouvriers de l’époque. La musique, Nick Cave aussi bien que les White stripes sont de la partie, est absolument sublime. Musiques hors normes, étranges, Musique d’outsiders pour accompagner des outsiders. La mise en scène et le montage sont travaillés avec un soin filmographique qui, s’il devient de plus en plus courant dans les séries, sont parfaitement maîtrisés et apportent une valeur ajoutée esthétique loin d’être négligeable.

 

Les personnages sont bien construits, tandis que l’on suit les luttes de pouvoir et leurs luttes personnelles avec intérêt. D’autant plus que certains interprétes s’en sortent plus que brillamment. Cillian Murphy, qui campe Tommy Shelby, a trouvé un équilibre parfait. Il est à la fois glaçant dans son interprétation tout en rendant son personnage attachant. Le côté homme torturé sans doute. Une technique éprouvée qui marche à tous les coups.

 

En bref, je ne peux que vous conseiller ces deux séries. Elles combleront tout à fait votre soif de drames historiques et romantiques. Nous conclurons simplement que nos voisins anglo-saxons sont particulièrement doués quand il s’agit de faire briller leur patrimoine.


3 commentaires

Julie · 16 novembre 2016 à 12 h 39 min

Génial cet article !! J’ai adoré Downtow abbey, du coup ta sélection me parle beaucoup ! J’ai entendu parlé des 2, Mister Selfridge et Peaky Blinders, c’est vrai que ça à l’air d’être 2 univers assez différents mais quand même proche par leur côté un peu british et début 20ème, le genre de mix que j’adore ! Je vais tester un des 2 (ou les 2 ^^) très prochainement et je te dirais 🙂
Super blog en tout cas, je repasserais régulièrement !

    Camille Barbry · 17 novembre 2016 à 23 h 45 min

    Merci beaucoup Julie !

    Hâte d’avoir ton avis sur les deux séries 🙂 Je vais bientôt écrire de nouveau sur Downton Abbey, on n’en a jamais assez !

4 principes de sociologie illustrés par Downton Abbey - La Geekosophe · 19 novembre 2016 à 15 h 32 min

[…] pour des principes de sociologie. Downton Abbey, que j’ai déjà évoqué dans un autre article, est un exemple intéressant en sociologie des séries car elle offre la possibilité […]

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