Il existe un grand nombre de sous-genres de la science-fiction. Parmi cette myriade de récits, le post-apocalyptique tient une place de choix puisque de nombreuses œuvres tenant place dans un univers post-apo ont rencontré un succès grandissime. Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs et commençons par le début.
Qu’est-ce que le post-apocalyptique ?
Comme son nom l’indique avec une grande subtilité, le post-apocalyptique désigne une histoire se déroulant suite à une catastrophe quelconque ayant manqué de raser l’entièreté de l’humanité. L’histoire prend donc place dans un futur plus ou moins proche, elle appartient donc également aux œuvres d’anticipation. Le genre se distingue alors du film catastrophe qui met en scène la catastrophe en elle-même sans traiter l’après. Le post-apo est dès lors un subtil mélange entre chaos, humanité perdue et nouveau départ pour la planète.
Nous avons en effet affaire à un type de littérature qui dispose d’une grande diversité dans son traitement. Par exemple la catastrophe en elle-même peut être aussi bien une guerre nucléaire, poncif tellement utilisé qu’on donnera à ce genre de création le nom de post-nuke comme dans la série de jeux Fallout, une invasion zombie comme dans The Walking Dead, une maladie à l’échelle mondiale comme la peste dans le dernier homme de Marie Shelley etc… Nous suivons ainsi généralement des survivants évoluant dans un univers chaotique et tentant d’exister dans les vestiges d’un ancien monde dévasté.
Comment expliquer le post-apocalyptique ?
La science-fiction a toujours cristallisé non seulement les espoirs de l’humanité, mais aussi ses craintes. Le post-apo est donc la manifestation suprême de la fin du monde et surtout de la civilisation. En ce sens, ce type de création peut jouer un rôle profondément cathartique, une forme de soulagement par le mal comme ce fut le rôle de la tragédie dans l’antiquité. Mais nous ne pouvons le nier, lire ou voir la fin du monde a quelque chose de profondément satisfaisant, notamment dans sa notion de nouveau départ.
Ces œuvres sont particulièrement prolifiques au XXe siècle, notamment lorsque la menace nucléaire devient plus tangible. Si pendant longtemps les hommes avaient imaginé leur existence comme en constante progression vers un monde meilleure, l’idée que ce ne soit pas le cas noircit les mentalités et teint la fiction de nuances plus sombres. L’humanité prend conscience que sa destruction peut arriver. Dès lors, nombreux seront les artistes qui s’approprieront le thème pour développer un univers fascinant. C’est le cas dans The last of us, où les magnifiques décors dans lesquels la nature reprend ses droits, tout comme la sensation omniprésente de danger ont bénéficié d’un travail de fond important qui renforce l’immersion des joueurs.
Le post-apocalyptique permet ainsi de mettre en place des sociétés différentes, d’imaginer à quoi ressembleraient les rapports humains dans un monde en perdition. Ce type d’univers stimule l’imagination. Survie, relations plus brutes avec les personnages, créativité dans la façon de survivre. Par exemple, Fallout met souvent en place un rapport comique entre un concept qui existait dans l’ancien monde et une interprétation très libre de la part des habitants du Boston post explosion nucléaire. L’argent a disparu en tant que tel, remplacé par des capsules de nuka-cola (des capsules de coca-cola en somme). Dans Mad Max, les véhicules de récupération ont cette apparence fascinante qui montrent avec force les capacités d’adaptation de l’humanité.
Post-apocalyptique et portrait sombre de l’humanité
En effet, le post-apo prend racine dans les prémices de la renaissance de l’humanité. Dans ce moment où la civilisation a disparu et où les hommes vivent ou plutôt survivent dans un univers chaotique où le carcan des normes sociales a disparu. En ce sens, beaucoup d’œuvres d’anticipation peuvent être reliés à une vision de l’humanité partagée par Hobbes. L’apocalypse ramène l’humain à un état de nature. Affranchis de l’état et des multiples lois qui définissent, réglementent et limitent les rapports entre les individus, nous retournons à l’état primaire. Et chez Hobbes, ce n’est pas forcément bon signe.
Dans le Léviathan, Thomas Hobbes décrit l’Etat de nature comme un état mortifère où chaque individu ne lutte que pour sa survie et sa survie seule. Dans ce cadre, chacun fera tout ce qui est en ce pouvoir pour assurer sa subsistance au détriment des autres. Violence, vol, force brute, l’Etat de nature est une guerre permanente contre autrui. La guerre de tous contre tous. Nombreuses sont ainsi les œuvres qui décrivent des groupes d’hommes profondément violents qui profitent du chaos pour imposer leurs lois et s’approprier les ressources d’autres survivants.
Ainsi dans The Walking Dead, tout l’intérêt de l’oeuvre se trouve dans la découverte que parfois les hommes peuvent être bien plus fous et plus dangereux que les mort-vivants eux-mêmes. Trahisons, massacres, les règles du jeu ont changé et la loi du fort s’est imposée. L’homme est un loup pour l’homme.
C’est donc sur une note pessimiste que se conclut cet article sur un sous-genre de la science-fiction prolifique et fascinant. N’hésitez pas à partager d’autres oeuvres post-apo que vous aimez en plus de ceux que j’ai cités !
2 commentaires
Camille · 26 janvier 2018 à 23 h 20 min
Peut-être pour compléter :
« Que faire face à l’apocalypse ? Sur les représentations et les ressources de la science-fiction devant la fin d’un monde », Questions de communication [En ligne], 30 | 2016. URL : http://journals.openedition.org/questionsdecommunication/10796
Camille Barbry · 26 janvier 2018 à 23 h 36 min
Oh mais c’est extraordinaire ! Merci beaucoup !