Jo Walton est une autrice que je suis beaucoup ! Encore un peu méconnue dans nos contrées, l’accueil fabuleux dont a bénéficié « Morwenna » a mis en lumière cette autrice au style reconnaissable entre mille. Alors autant vous dire que quand Pierre-de-vie est apparu les tables de ma librairie préférée, je l’ai ajouté à ma PAL infinie !

Synopsis de Pierre-de-vie

Applekirk est un village rural situé dans les Marches, la région centrale d’un monde où le temps ne s’écoule pas à la même vitesse selon que l’on se trouve à l’est – où la magie est très puissante et où vivent les dieux – ou à l’ouest – où la magie est totalement absente. C’est la fin de l’été, et la vie s’écoule paisiblement pour les villageois.

Mais le manoir va être mis sens dessus dessous par le retour de Hanethe, qui fut autrefois la maîtresse des lieux. Partie en Orient, elle y est restée quelques dizaines d’années. Mais, plus à l’ouest, à Applekirk, plusieurs générations se sont succédé. Ayant provoqué la colère d’Agdisdis, la déesse du mariage, Hanethe la fuit. Mais Agdisdis est bien décidée à se venger. 

Pierre-de-vie, représentatif du style subtil et doux de Jo Walton

Pierre-de-vie s’inscrit dans la noble lignée de la plupart des autres romans de l’autrice. Ici, point de grand héroïsme tapageur, de quête incroyable et de créatures violentes. Non, nous sommes face à une fantasy champêtre qui brille par sa douceur et sa luminosité dans sa façon de décrire le quotidien à la fois banal et magique d’une famille presque normale. L’ambiance est très bien bâtie, entre bonheurs simples et tracas de tous les jours. Mais attention ! Le roman n’épargne pas les moments de violence et de morts, j’ai versé quelques larmes.

Des personnages bien caractérisés et qui ouvrent des réflexions riches

Les personnages qui existent dans le roman sont nombreux. Même s’il est parfois difficile dans un premier temps de comprendre qui joue quel rôle, d’autant qu les relations qu’ils entretiennent peuvent s’avérer complexes, l’autrice parvient leur donner assez de points saillants dans leurs personnalités pour qu’ils parviennent à prendre de la place sans disparaître. Les personnages de Jo Walton sont rarement immédiatement sympathiques, et Pierre-de-Vie ne fait pas exception. Ils ont très humains, ce qui implique qu’ils aient souvent des défauts agaçants. Hanethe est une femme orgueilleuse et distante, Taveth est discrète et peu dans la confrontation, le jeune Kevan est souvent maussade…

La galerie de personnages permet également d’aborder des problématiques variées, liées à tous les âges. Celui de trouver sa place dans une famille nombreuse par exemple. Celui également de faire le choix entre renoncer au devoir familial pour suivre sa propre voir. Ceux aussi de la filiation et de l’héritage, la question du deuil… En un sens, ces thèmes abordés sont vraiment nombreux, allant jusqu’à questionner le zèle religieux. 

Pierre-de vie pose un monde riche

Des questions d’autant plus importantes que la conception du temps que l’autrice a mise en place est très intéressante. Dans ce monde où le temps ne s’écoule pas de la même manière selon quel’on soit à l’est ou à l’ouest, le retour d’Hanethe parmi les siens après des générations d’absence pose la question de sa place dans la famille.

D’autant plus qu’elle avait abandonné son rôle de Seigneur (acquis à contre-cœur suite au décès de sa famille) pour poursuivre sa pierre-de-vie. Ah oui, la pierre-de-vie est un concept du roman. C’est l’ambition de sa vie en quelque sorte : enseigner, s’occuper de la terre, devenir érudit…. Hanethe permet de poser la question suivante : appartenir à une famille, est-ce que c’est dans son sang ou est-ce à travers ses actes ? 

Un peu lent parfois…

En parlant de la Pierre-de-vie, Jo Walton place de nombreux éléments qui construisent subtilement un monde à part. Il y a un vocabulaire spécifique avec certains concepts qui n’existent pas dans notre langue. Elle construit une organisation religieuse et sociale faite de codes et de règles plus ou moins explicites… Des fêtes sacrées, des dieux qui sont d’ailleurs bien existants. Bref, la construction du monde est plutôt fouillée et participe pleinement à l’immersion dans cet univers unique, à la fois terriblement familier et très éloigné.

On pourra sûrement lui reprocher une sorte de fausse lenteur, de langueur dans l’ensemble du récit. Jo Walton prend on temps pour poser ses personnages et son décors, et on ne sait pas toujours très bien où l’on va aller. C’est un point qui déplaira sans soute à certains lecteurs mais il faut parfois savoir se laisser ensorceler. 

Perre-de-vie est parfait si vous souhaitez découvrir l’autrice

Une très chouette lecture de la part de Jo Walton ! L’univers doux et champêtre fonctionne à merveille dans cette lecture délicate. Elle est parfaite pour la fin d’été et le début de l’automne. Le monde est bien construit avec des bases solides et convaincantes, le tout avec des personnages nombreux et aux caractères bien marqués. Mais le livre brille surtout par ses thèmes abordés, qui résonnent facilement par leur aspect universel.

Note : 16/20

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Catégories : Chroniques

3 commentaires

Babitty Lapina · 16 juillet 2019 à 21 h 07 min

Je n’avais pas accroché plus que ça à Morwenna, mais celui-ci me tente énormément ! Je compte me lancer dans sa lecture très bientôt ♥ Dans ce que tu racontes, cela me fait penser au roman de moeurs de Jane Austen en version fantasy.

La Geekosophe · 16 juillet 2019 à 23 h 32 min

J’ai trouvé que Morwenna était le plus particulier de ceux de l’autrice pour l’instant. je l’ai bien aimé, mais c’est le genre de roman où tu le lis en mode « Aaaah mais ça plaira à tout le monde… ». Mon préféré pour l’instant c’est toujours « Mes vrais enfants » 😉

Compte-rendu de l’événement guerrière – Histoire naturelle de bibliophiles · 8 décembre 2019 à 11 h 00 min

[…] du blog la Geekosophe, nous a présenté deux livres. Pierre de Vie de Jo Walton et The surface break de Louise O’neil. Etant donné qu’elle en a parlé sur son blog et son […]

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