Kafka sur le rivage, un roman que je voulais lire depuis très longtemps sans trouver l’occasion. D’Harumi Murakami, j’avais déjà lu 1Q84. J’avais aimé son univers onirique, qui se détache de la logique terre-à-terre pour nous faire entrer dans un monde aux règles qui lui sont propres. Comme un Alice au pays des merveilles nippon et adulte. Ai-je eu le même émerveillement grâce à Kafka sur le rivage ?

Synopsis de Kafka sur le rivage

Un adolescent, Kafka Tamura, quitte la maison familiale de Tokyo pour échapper à une malédiction œdipienne proférée par son père. De l’autre côté de l’archipel, Nakata, un vieil homme amnésique, décide lui aussi de prendre la route. Leurs deux destinées s’entremêlent pour devenir le miroir l’une de l’autre, tandis que, sur leur chemin, la réalité bruisse d’un murmure envoûtant.

Roman envoûtant d’un auteur acclamé

Une oeuvre dense pleine de références

Difficile de débuter cette chronique sans évoquer la densité de l’oeuvre. Le roman regorge de pensées philosophiques, psychologiques, sociales… Comme une porte ouverte sur tout un univers culturel ! L’auteur a ainsi fait le choix de placer son oeuvre au sein d’une bibliothèque. Mais pas n’importe laquelle ! Une bibliothèque qui appartient à une famille riche souhaitant partager des trésors littéraires, un lieu légué et entretenu comme une bulle dans le temps. Car Kafka sur le rivage est avant tout un roman initiatique, ces questions du temps, de l’héritage, du lien filial, sont prégnantes et apparaissent le long du roman comme des fils rouges. 

Mais revenons à nos moutons. La densité culturelle que nous offre Murakami ne donne à aucun moment la sensation d’avoir affaire à un auteur pédant avide d’étaler sa vaste érudition. Le livre nous donne l’image d’un auteur amoureux des lettres et de la littérature, de la pensée mais aussi de l’humain, heureux de nous partager une oeuvre complexe et intemporelle, comme le fait la famille de riches japonais avec la bibliothèque. 

On a ainsi de nombreuses références culturelles. Kafka lit un roman sur Napoléon, Hoshino, chauffeur de poids lourds, découvre la musique classique… Chacun va relier l’oeuvre qu’il découvre aux événements de sa propre existence, montrant que l’art peut être plus qu’un simple loisir mais peut aussi être un véritable guide. Ces occurrences sont là pour accompagner et souligner l’évolution des personnages. Car tous, dans le roman, vont grandir et changer au cours de cette histoire étrange.

Un roman initiatique pour l’ensemble des personnages

Les personnages sont d’ailleurs variés et intéressants, avec tous une forte symbolique. Kafka, le jeune garçon à la frontière de l’âge adulte qui doit se séparer de son passé pour acquérir sa propre identité. Mademoiselle Saeki, mystérieuse et qui vit dans le passé, incapable d’accepter la perte inexorable de ce qu’elle aime. Nakata, vieillard qui se pense idiot, mais la simplicité lui octroie des pouvoirs incroyables dignes d’un conte de fée. Mais aussi Oshima, évoque plus tôt, jeune homme à l’identité ambiguë, dont la connaissance est immense. Tous vont se retrouver au centre des événements étranges qui parcourent le roman. 

En effet, Murakami nous emporte dans un univers onirique proche du réalisme magique. Un monde qui nous semblait proche du nôtre dévie de la logique admise pour devenir autre chose. L’auteur reprend des éléments typiquement issus de la littérature de l’imaginaire : la notion de destin est très présente, la fuite de Kafka ayant une inspiration mythologique très nette. L’idée de quête est également un moteur, puisque Nakata, vieil homme qui se retrouve doté de capacités étranges, se lance dans une quête pour trouver une sorte de pierre. Nakata a d’ailleurs pas mal de caractéristiques du sorcier ou du magicien traditionnel. Âgé, doté de pouvoirs mystérieux qui l’aident à avancer vers son destin, sa candeur apparente cache une certaine sagesse qui le rend capable de guider d’autres personnes. 

Un récit universel

Mais l’univers de Murakami n’est pas que douceur. Si certains moments se révèlent contemplatifs et poétiques, d’autres touchent à l’absurde. L’auteur n’hésite à nous emporter dans un univers cru ou violent, ce qui renforce certains aspects de réflexion en apportant de la noirceur au récit. Le tout est porté par l’écriture simple et directe de l’auteur, une écriture qui ensorcelle et qui parvient toujours à faire preuve d’une grande justesse dans la mise en place des événements, dans la description des personnages ou la portée des pensées qui animent le roman.

Grâce à cela, le roman va trouver un écho chez tous les lecteurs qui font face à une angoisse existentielle. Kafka sur le rivage brille par une grande sensibilité et trouvera résonance en de nombreuses personnes et pourra même aider certaines personnes à faire face à l’inanité première du quotidien. 

Kafka sur le rivage est magique

En conclusion, Kafka sur le Rivage est vraiment une oeuvre unique. Il est rare de voir des œuvres aussi uniques et si denses mais qui parviennent à faire preuve d’assez de simplicité pour devenir véritablement universel. Ce roman est un bijou de la littérature, avec des personnages touchants, des messages profonds et une aventure unique et déstabilisante. 

Note : 18/20

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Catégories : Chroniques

8 commentaires

lcath · 10 août 2019 à 18 h 47 min

A lire visiblement !

La Geekosophe · 11 août 2019 à 11 h 33 min

C’tait vraiment unique en tout cas 😉

Yuki no tsuru · 14 août 2019 à 15 h 07 min

Découvert grâce au challenge pavé de l’été, j’ai toujours voulu le lire, même si ça fait un bout de temps déjà qu’il est sorti. Murakami c’est zarb, c’est cru, c’est violent parfois, mais curieusement on y revient toujours ! Vivement qu’il reçoive son prix Nobel de Littérature ! Kazuo Ishiguro a ouvert la voie pour un Japonais (même s’il est anglais d’origine japonaise) prix Nobel 😉

    La Geekosophe · 14 août 2019 à 19 h 56 min

    J’avais lu 1Q84 il y a longtemps et je me souvenais plus que Murakami pouvait être aussi violent ! Je n’ai pas encore découvert Kazuo Ishiguro mais il faut que je le fasse 🙂

      Yuki no tsuru · 15 août 2019 à 12 h 57 min

      J’ai lu juste un truc de Ishiguro, c’est « Never Let me go » (« Auprès de moi toujours ») et franchement, c’est un des livres les plus déprimants que j’ai jamais lu. Il est bien, mais prépare une bassine pour récolter tes larmes ^^ Et oui, 1Q84, le garde du corps de la vieille quand il torturait l’inspecteur avant de le tuer ça m’a refroidie ! « Une étrange bibliothèque » aussi est assez violent. Ca n’empêche que ça reste super. En tout cas, je me répète mais « Kafka sur le rivage » j’ai hâte de le lire 🙂

        La Geekosophe · 17 août 2019 à 21 h 43 min

        J’avais entendu parlé de « Never let me go » et du fait qu’il soit affreusement déprimant ! Je dois me préparer psychologiquement si je dois me lancer 😉

Brize · 15 août 2019 à 10 h 50 min

Je l’ai lu il y a 10 ans (dixit mon blog) et il m’a vivement marquée ! Je le relirai, je pense.

    La Geekosophe · 15 août 2019 à 11 h 05 min

    Mon blog commence à me servir comme archives de suivi de lecture aussi 🙂
    C’est clair que Murakami ne peut pas laisser indifférent !

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