La science-fiction est un genre de l’imaginaire qui vise à décrire des histoires sur des progrès scientifiques et humains dans un futur plus ou moins lointain. On peut considérer que la science-fiction propose deux grandes visions de l’avenir : la dystopie, une vision pessimiste que j’ai déjà évoquée, et l’utopie, qui offre une idée du destin optimiste.

L’utopie se réfère à des oeuvres comme :

Pour les dystopies, nous pouvons citer :

Les voyages et la mobilité

Le voyage lunaire

Le voyage sur la lune est un fantasme immémorial de l’humanité. Il est évident que la science-fiction allait s’emparer de l’idée. L’occurrence la plus connue est sans doute le roman de Jules Vernes, avec son roman paru en 1865 : De la terre à la lune.

A la fin de la guerre fédérale des états-Unis, les fanatiques artilleurs du Gun-Club (Club-Canon) de Baltimore sont bien désœuvrés.
Un beau jour, le président, Impey Barbicane, leur fait une proposition qui, le premier moment de stupeur passé, est accueillie avec un enthousiasme délirant. Il s’agit de se mettre en communication avec la Lune en lui envoyant un boulet, un énorme projectile qui serait lancé par un gigantesque canon !

Tandis que ce projet inouï est en voie d’exécution, un Parisien, Michel Ardan, un de ces originaux que le Créateur invente dans un moment de fantaisie, et dont il brise aussitôt le moule, télégraphie à Barbicane: « Remplacez obus sphérique par projectile cylindroconique. Partirai dedans… »

De la terre à la lune - Jules Verne

Ici, Jules Verne déploie tout son talent visionnaire. L’oeuvre se veut avant tout vulgarisatrice et se veut récapituler l’ensemble des connaissances en astronomie de son époque. Il emploie dès lors une démarche scientifique en posant des questions techniques : à quelle distance se trouve la Lune de la Terre ? Est-il seulement possible à des humains de survivre si loin de la Terre ?

Il aura fallu attendre un peu plus d’un siècle pour le rêve de longue date se concrétise le 21 juillet 1969 lors de la mission Apollo.

Le Hoverboard

Si la science-fiction aime à prévoir l’avenir, il arrive que des ingénieurs s’inspirent d’elle pour créer le futur. C’est le cas de l’Hoverboard, qui apparaît dans Retour vers le futur II. On voit Marty, le héros, s’enfuir sur ce qui ressemble à un skate-board capable de flotter dans les airs.

Hoverboard - La science-fiction l'a prévu

Bien sûr, on est loin d’avoir réussi à créer des objets similaires. Mais il existe tout de même des objets similaires qui portent le même nom. Un peu peu moins classes ceci dit. Le fait est tout de même intéressant : on le verra aussi plus tard, en décrivant des futurs lointains

La voiture autonome

Une voiture qui se conduit seule, une idée qui est sûrement apparue aux prémices des véhicules. On en voit une idée amusante dans Total Recall, où le héros prend un taxi. Le Johny Cab est un taxi qui n’est pas conduit par un humain mais par une sorte d’animatronic que n’auraient pas renié les minikeums.

Jonhy Cab - Total Recall

On voit en tout cas que l’on a une vision assez vieille école du véhicule autonome. L’idée qu’il n’y ait personne dans l’habitacle n’a pas fait son chemin et une présence anthropomorphique rassure.

Aujourd’hui, nous n’avons pas atteint l’autonomie totale, et il y a de sérieux doutes de certains spécialistes qu’atteindre ce niveau soit un jour possible. Nous voyons cependant apparaître des véhicules dotés d’autonomie conditionnelle, c’est-à-dire que le véhicule est capable d’être autonome dans certains cas mais qu’un conducteur doit pouvoir reprendre la main à tout moment. De plus, Elon Musk, le patron de Tesla, a annoncé le lancement d’une flotte de taxis autonomes dès l’année prochaine.

Médecine et science-fiction, des prévisions fascinantes

La transplantation d’organes

Vous savez quelle est la première oeuvre de science-fiction jamais écrite ? On considère que c’est Frankenstein ou le Prométhée moderne (publié en 1818) de Mary Shelley. Dans son roman, elle décrit l’opération de Victor Frankenstein, qui parvient à créer un être humain à partir de morceaux de cadavres. Mais il abandonnera sa Créature dès qu’il la verra, horrifié par sa laideur.

Victor Frankenstein, scientifique genevois, est recueilli sur la banquise par un équipage faisant route vers le Pôle Nord. Très tourmenté, il livre son histoire au capitaine du bateau : quelque temps auparavant, il est parvenu à donner la vie à une créature surhumaine. Mais celle-ci sème bientôt la terreur autour d’elle…

Frankenstein - La science-fiction l'a prévu

Mary Shelley utilise ici des idées scientifiques novatrices : le fait que le corps soit traversé par un courant électrique, mais aussi cette idée qu’il est possible de réutiliser des organes ou des éléments de corps de personnes décédées. Bien sûr, il s’agit pour nous de prolonger la vie et non de donner naissance à un être humain complet, mais on voit dans le roman de Shelley une vision de la médecine moderne qui préfigure des éléments de la médecine contemporaine.

Génétique et manipulations

Le meilleur des mondes

La manipulation génétique a été très largement anticipée ! Dans Le meilleur des mondes paru en 1932, Aldous Huxley explore un monde où les naissances ne se font pas de manière naturelle, où tout le monde est manipulé avant de venir au monde afin d’avoir des goûts et des spécificités physiques particuliers.

Bienvenue au Centre d’Incubation et de Conditionnement de Londres-Central. À gauche, les couveuses où l’homme moderne, artificiellement fécondé, attend de rejoindre une société parfaite. À droite : la salle de conditionnement où chaque enfant subit les stimuli qui plus tard feront son bonheur. Tel fœtus sera Alpha – l’élite – tel autre Epsilon – caste inférieure.

Miracle technologique : ici commence un monde parfait, biologiquement programmé pour la stabilité éternelle… La visite est à peine terminée que déjà certains ricanent. Se pourrait-il qu’avant l’avènement de l’État Mondial, l’être humain ait été issu d’un père et d’une mère ? Incroyable, dégoûtant… mais vrai. Dans une réserve du Nouveau Mexique, un homme Sauvage a échappé au programme. Bientôt, il devra choisir : intégrer cette nouvelle condition humaine ou persister dans sa démence..

Le meilleur des mondes - futur

Bien sûr, L’auteur n’évoque jamais l’ADN, et pour cause ! Sa structure n’a été découverte qu’en 1953. Ce qui fait que le roman d’Aldous Huxley est particulièrement visionnaire et en avance sur son temps.

Bienvenue à Gattaca

Bienvenue à Gattaca, sorti en 1997, tire son inspiration directement de la dystopie d’Aldous Huxley. Dans un futur proche, les enfants nés naturellement sont considérés comme des tares qui sont mis de côté au sein de la société. En effet, les parents choisissent les caractéristiques de leurs enfants et la médecine est capable de supprimer les défauts génétiques et biologiques avant la naissance, créant ainsi une progéniture parfaite. Mais Vincent, enfant naturel, souhaite devenir astronaute et parvient à se faire passer comme un homme génétiquement parfait.

Bienvenue à Gattaca - la science-fiction l'a prévu

Le film préfigure tous les risques liés à l’eugénisme, avec les discriminations que cela engendre. Aujourd’hui, nous avons développé une technique de modification génétique appelé CRISPR. L’une des récentes occurrences : un scientifique chinois controversé a rendu des jumelles incapables de développer le VIH. Dans d’autres cas, certaines cliniques proposent à des parents de choisir les caractéristiques physiques de leurs enfants. Mais la manifestation la plus habituelle de cette technologie est les diagnostics prénataux qui permettent de détecter la présence de maladies graves comme des anomalies génétiques.

L’Homme augmenté

L’idée que la technologie puisse améliorer l’Homme n’est pas nouvelle. Le transhumanisme est souvent abordé dans le Cyberpunk, un sous-genre de la science-fiction, pour montrer une humanité qui fait corps avec la technologie de manière littérale. On peut ainsi noter le roman Cyborg de Martin Caidin (1972), qui a servi de base pour la série « L’Homme qui valait 3 milliards ».

Un pilote-astronaute, miraculeusement rescapé d’un accident catastrophique lors d’un vol, a perdu un œil, un bras et deux jambes, mais est transformé en cyborg grâce au docteur Wells travaillant dans le domaine de la bionique de l’OSI (Government Office of Scientific Information) dirigé par Oscar Goldman.

Les œuvres nippones proposent également des mondes Cyberpunk poussés, puisque le Japon n’a pas la même considération de la science-fiction ou du rapport au corps. On peut ainsi citer Gunnm, qui offre un univers dystopique où l’ensemble des personnages est généralement doté de prothèses et d’améliorations diverses pour survivre à un monde hostile.

Gunnm - La science-fiction l'a prévu

Le transhumanisme est aujourd’hui un courant culturel et philosophique à part entière. C’est l’idée que l’homme est capable de dépasser les limites naturelles qui lui sont imposées grâce à des implants, des prothèses ou même l’Intelligence Artificielle. Nous avons donc aujourd’hui un homme qui s’est fait greffé une boussole pour ressentir le nord par exemple.

Et que prévoit la science-fiction dans notre vie quotidienne ?

Demain, tous notés ?

Nous allons enfin parler de Black Mirror ! La série est un incontournable sur le sujet. Dans Nosedive, nous suivons Lacey, une jeune femme qui vit dans un monde où le niveau de vie, l’habitation, la profession… sont déterminés par des notes dans sur une sorte de réseau social. L’objectif est donc de prendre de belles photos et d’être bien acceptée et populaire socialement pour espérer grimper l’échelle sociale.

Black Mirror

Cette vision terrifiante se concrétise petit à petit. Des applications comme Uber ou AirBnB laisse la possibilité de laisser des notes aux personnes, produisant une validation constante d’autrui et une pression du jugement constante (et une forme d’intransigeance, qui peut se vanter d’être toujours parfait).

Mais l’exemple le plus marquant est sans doute le crédit social chinois. En effet, le gouvernement a mis en place un système de notation des individus (un test) dans certaines zones en s’appuyant sur la reconnaissance faciale. Les délits identifiés comme traverser au feu rouge, être en état d’ébriété, promener son chien sans laisse, amène une dégradation du crédit sociale. Une note trop basse entraîne alors des sanctions, comme l’interdiction de prendre le train ou l’avion.

Le téléphone portable

Amusante histoire que celle du téléphone portable. Martin Cooper, qui travaillait chez Motorola, a décidé de travailler sur le premier téléphone sans fil après avoir vu Star Trek. Effet, les membres du vaisseau utilisent des communicateurs longue distance pour rester en contact, ce qui a inspiré le design des téléphones que nous connaissons.

Star Trek - La science-fiction l'a prévu

Cooper a présenté le premier téléphone fonctionnel en 1973, pesant 1 kg et avec une batterie qui pouvait fonctionner seulement 20 minutes. Mais les premiers téléphones portables ont été commercialisés seulement 10 ans plus tard en attendant la mise en place des infrastructures.

Les robots de compagnie

Une production profuse d’oeuvres de science-fiction sur le sujet

Créer un être vivant à partir de métal est également un rêve ancien d’une humanité qui s’imagine en démiurge. Le mot robot est issu du mot Robota, qui signifie « Travail, corvée » mais aussi « esclave en russe. L’auteur Karel çapek le crée pour sa pièce de théâtre R.U.R qui date de 1920. Dans sa pièce, les robots ne sont pas des machines mais des clones qui effectuent le travail pénible à la place des humains.

Les robots mécaniques apparaissent dans des oeuvres anciennes de science-fiction comme Métropolis de Fritz Lang en 1927. Fait intéressant, le mot androïde est issu du terme andréide. Il apparaît la première dans l’Eve Future d’Auguste Villiers de L’Isle-Adam en 1886. Dans ce roman, où une réplique en métal d’une cantatrice est construite. C’est l’une des premières occurrences d’un mécatronique.

Mais l’oeuvre fondatrice de la robotique est bien sûr celle d’Asimov, avec le cultisme « Cycle des Robots« . Le terme de robotique quant à lui est apparu pour la première fois en 1942 dans la nouvelle d’Isaac Asimov « Runaround » où se trouvent également les 3 règles de la robotique :

Le cycle des robots - La science-fiction l'a prévu

1. un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, en restant passif, permettre qu’un être humain soit exposé au danger ;

2. un robot doit obéir aux ordres qui lui sont donnés par un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la première loi ;

3. un robot doit protéger son existence tant que cette protection n’entre pas en conflit avec la première ou la deuxième loi.

Des robots compagnons dans notre vie quotidienne

Les robots apparaissent dans le domaine industriel dès les années 1970, mais il faudra attendre quelques temps avant de voir apparaître des versions que nous pouvons avoir chez nous. Bien sûr, ils ne sont pas encore aussi sophistiqués et intelligents que dans des séries de science-fiction comme Westworld ou Real Humans, mais ils commencent petit à petit à nous rendre service.

Westworld - robots du futur

C’est le cas par exemple d’un petit robot français appelé Winky. Ce dernier aide les enfants à programmer. Mais la façon la plus visible dont l’intelligence artificielle est entrée dans les ménages reste sans doute par l’entremise des assistants vocaux comme Alexa ou Siri.

La Carte de crédit

On dit souvent que la monnaie fiduciaire est appelée à disparaître. En tout cas, le terme même de carte de crédit a été inventé par Edward Bellamy dans son roman Looking Backward, best seller à son époque. C’est l’histoire d’un jeune homme qui tombe dans un sommeil pendant plus de 100 ans et se réveille en 2000. L’auteur y décrit une société utopique avec de nombreuses avancées technologiques.

Looking Backward - Edward Bellamy

Il a écrit une suite, Equality, qui parle de l’égalité Hommes/femmes, continue de préciser la théorie de l’auteur mais dans la partie des avancées sociales. Dans ce roman, Edward Bellamy présente sa vision du futur au niveau des égalités homme-femme, un avenir dans lequel les femmes peuvent porter des pantalons et ont des titres de propriété.

La liste est bien sûr non exhaustive ! N’hésitez pas à partager vos propres idées en commentaire ! Voici en plus une liste des œuvres citées, de science-fiction ou non, ou que je vous conseille pour approfondir le sujet :

Bibliographie

Livres

Bandes-dessinées

Séries

  • Star Trek, de 1966 à 1969
  • 3%, 2016
  • Black Mirror, 2011 à aujourd’hui
  • Westworld, 2016 à aujourd’hui
  • Real Humans, 2012 à 2014
  • The handmaid’s tale, de 2017 à aujourd’hui
  • Years and Years, 2019

Films

  • Metropolis de Fritz Lang, 1927
  • Battle Royale de Kinji Fukasaku, 2001
  • Retour vers le futur 2 de Robert Zemeckis, 1989
  • Bienvenue à Gattaca d’Andrew Niccol, 1998
  • Minority Report de Steven Spielberg, 2002
  • 2001 : L’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick, 1968
  • Total Recall de Paul Verhoeven, 1990
  • V for Vendetta de James McTeigue, 2006

Jeux Vidéo

  • Remember Me, 2013
  • Mass effect, 2007
  • Cyberpunk 2077, 2020

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