Un mois de février riche en lectures ! Science-fiction, dernières sorties… Découvrez l’ensemble des romans que j’ai lus le mois dernier.
La dictatrice de Diane Ducret
Depuis des années, on entend grogner la révolte sur le Vieux Continent. Un sentiment de rejet généralisé, l’impression pour beaucoup d’avoir été débarqués du progrès. Quand soudain, un violent orage éclate. Une femme se lève parmi la foule.
Munich, novembre 2023, une manifestation populaire. Aurore Henri se saisit d’un pavé et le lance au visage d’un chef d’État. Derrière son regard bleu magnétique, une volonté d’acier, un espoir fou, guérir les hommes de leurs tendances destructrices, bâtir une société nouvelle où règnent la paix et l’harmonie.
Malgré quelques défauts, la dictatrice est une dystopie intéressante et originale qui se concentre sur le point de vue de la personne à la tête du régime. Les éléments de construction du mythe sont très bien illustrés et mis en avant, démontrant comment des valeurs peuvent se transformer en cauchemar, que le pas entre l’utopie paradisiaque et la société totalitaire est aisément franchi.
Sur ma peau de Gillian Flynn
La ville de Wind Gap dans le Missouri est sous le choc : une petite fille a disparu. Déjà, l’été dernier, une enfant avait été sauvagement assassinée…
Une jeune journaliste, Camille Preak, se rend sur place pour couvrir l’affaire. Elle-même a grandi à Wind Gap. Mais pour Camille, retourner à Wind Gap, c’est réveiller de douloureux souvenirs.
A l’adolescence, incapable de supporter la folie de sa mère, Camille a gravé sur sa peau les souffrances qu’elle n’a pu exprimer. Son corps n’est qu’un entrelacs de cicatrices…
On retrouve bientôt le cadavre de la fillette. Très vite, Camille comprend qu’elle doit puiser en elle la force d’affronter la tragédie de son enfance si elle veut découvrir la vérité…
J’ai beaucoup apprécié “Sur ma peau”. C’est un thriller psychologique remarquable qui construit une atmosphère dérangeante grâce à une grande maîtrise des détails perturbants. Gillian Flynn est capable de créer des moments perturbants, que ce soit à travers des personnages qui paraissent à la fois banals et imprévisibles, des situations horribles qui s’insinuent dans la vie quotidienne comme un gras de sable dans une horloge. Un récit réussi de A à Z, de l’ambiance en passant par l’histoire.
La dernière nuit à Tremore Beach de Mikel Santiago
Clenhburran : cent cinquante âmes en hiver, ses routes sinueuses entre vallons verdoyants et récifs escarpés, ses tourbières et ses fleurs sauvages. C’est en Irlande, dans ce hameau du comté de Donegal, que le célèbre compositeur Peter Harper est venu trouver refuge dans une maison isolée sur la plage. Pour s’accommoder d’un divorce orageux et renouer avec la musique.
Au retour d’un dîner chez des amis par une nuit de tempête, il tente de dégager la branche d’un vieil orme qui lui barre le chemin, quand il est frappé par un éclair d’une rare violence. S’ensuit une migraine chronique qu’aucun traitement ne parvient à apaiser, suivie, quelques jours plus tard, par de récurrents cauchemars sanglants où peu à peu apparaissent ses voisins et ses propres enfants, qu’il attend pour les vacances. Ces rêves semblent l’avertir d’un danger imminent auquel personne n’est disposé à croire. Saisi d’une angoisse vertigineuse lorsqu’il constate que jour après jour des pans entiers de ses visions nocturnes s’incarnent dans la vie réelle, il doit lutter seul contre la menace qui désormais enserre les siens.
Sans être le roman le plus extraordinaire du monde, a le mérite de jouer la carte du thriller paranormal bien construit. L’intrigue est originale, les personnages attachants, il est vrai que l’on retrouve quelques éléments de Stephen King mais l’auteur parvient à se créer son propre style. Les retournements de situation sont bien choisis, une bonne lecture pour se vider la tête et juste apprécié un bon roman.
L’hibiscus pourpre de Chimamanda Ngozi Adichie
Kambili a quinze ans. Son monde est limité aux murs de la résidence luxueuse d’Enugu, au Nigeria, où elle vit avec ses parents et son frère Jaja. Son père, Eugène, est un riche notable qui régit son foyer selon des principes d’une rigueur implacable.
Sa générosité et son courage politique (il possède le seul journal indépendant du pays) en font un véritable héros de sa communauté. Mais Eugène est aussi un fondamentaliste catholique, qui conçoit l’éducation de ses enfants comme une chasse au péché où les plus terribles punitions trouvent leur justification dans la foi.
Le roman est une fois de plus porté par l’écriture lumineuse de l’autrice, qui même si elle n’atteint pas tout son potentiel ici nous immerge sans soucis dans le quotidien des deux familles. Celle d’Eugene, rigoriste, sévère, où le silence et la discipline font foi et où toute punition blesse. Celle de la tante Ifeoma, plus chiche mais qui déborde de rires et de curiosité. Le sujet est traité avec de la pudeur et des non-dits, et parvient habilement à éviter les écueils du manichéisme. Les personnages sont tous bien écrits et attachants, d’autant que l’autrice ne les épargne pas.
Le roi en jaune de Robert W. Chambers
De Paris à New York, de jeunes artistes voient leur vie bouleversée par un étrange livre interdit, Le Roi en jaune. À travers celui-ci, c’est un univers de folie et de cauchemar qui fait irruption dans notre monde : celui de Hastur et de Carcosa, celui sur lequel règne le terrifiant Roi en jaune.
J’ai trouvé les premières nouvelles agréables. L’univers est très lovecraftien, dans la plus pure tradition du roman fantastique du XIXe siècle, avec une présence lancinante de thèmes autours de la folie et de la vie artistique. Mais très vite, certaines nouvelles se révèlent plus faibles, voire manquent de cohésion avec le reste. Je m’attendais à a minima du fantastique tout du long, Il y a sans doute un souci dans la façon dont ce recueil a été marketé.
La piste des cendres d’Emmanuel Chastellière
1896, Nouveau-Coronado.
Fils illégitime d’un influent propriétaire terrien, Azel fuit son destin, ballotté entre des origines indigènes qu’il renie et une famille qui ne l’accepte pas. Il a préféré rejoindre les montagnes, où il se contente de jouer les chasseurs de primes.
Pourtant, loin des hauts plateaux, la menace d’une guerre se profile dans la péninsule : le Nord, véritable grenier à blé, estime être exploité par le Sud, plus industriel, qui dispose d’un accès à l’océan grâce au port de Carthagène.
Lorsque Azel accepte à contrecœur d’accompagner un convoi d’indigènes décidés à quitter leurs anciennes terres pour le Grand Exil, le jeune homme est loin d’imaginer qu’il va lui-même se retrouver entraîné dans cette guerre civile… et tout ce qu’elle risque fort de réveiller.
C’est une très bonne lecture : un univers original qui continue à déployer son imagerie violente et bien développée. Les personnages sont une grande force du roman, ils sont tous marquants à leur façon, avec des personnalités affirmées. Enfin, l’histoire est surprenante, menée tambour battant et avec de nombreux rebondissements, avec l’aspect nouveau monde très bien construit et fascinant.
Binti de Nnedi Orokafor
Maîtresse harmonisatrice du peuple Himba, Binti est vouée à reprendre la boutique d’astrolabes de son père… Mais l’incroyable don pour les mathématiques de l’adolescente lui ouvre les portes de la prestigieuse université interplanétaire Oomza.
Binti embarque sur le Troisième Poisson à l’insu de sa famille. Mais au cours du trajet, les Méduses, ennemies millénaires des humains, abordent le vaisseau pour en massacrer les passagers. Commence alors pour Binti un combat pour sa survie et celle de ceux qui lui sont chers.
Binti est un chouette voyage dans l’afro-futurisme ! Avec une écriture directe, Nnedi Okorafor construit un univers riche et bigarré, qui séduit grâce à son originalité et de multiples éléments technologiques et culturels qui forment une histoire mature et maîtrisée. L’autrice n’hésite pas à aborder des thématiques complexes comme le deuil, le trauma et l’intolérance. C’est donc une belle lecture à mettre entre toutes les mains.
Quelles lectures vous ont marqué ce mois-ci ?
5 commentaires
Lutin82 · 29 février 2020 à 21 h 14 min
Je vois que nous avons eu des lectures communes ces dernières semaines. Je suis totalement d’accord avec toi pour Binti et La piste de cendres.
La Geekosophe · 2 mars 2020 à 0 h 05 min
Yes ! Beaucoup de sorties irrésistibles dernièrement 🙂
Ophélie Feedbackbaby · 2 mars 2020 à 17 h 23 min
Que de livres que je ne connais pas, à part Le Roi en jaune que j’ai aperçu deci-delà.
Tu t’es régalée à ce que je vois ! 🙂
La Geekosophe · 3 mars 2020 à 20 h 57 min
J’ai plus lu que ce à quoi je m’attendais honnêtement ! Mais c’était un moins avec beaucoup de découvertes sympas 🙂
La Geekosophe · 3 mars 2020 à 20 h 57 min
J’ai plus lu que ce à quoi je m’attendais honnêtement ! Mais c’était un mois avec beaucoup de découvertes sympas 🙂