Voilà une autrice française qui gagne à être plus connue. J’avais déjà beaucoup apprécié sa trilogie d’Urban Fantasy située à Paris, Testament. Ici, Plaguers est un roman post-apo qui se passe dans une réserve dédiée à des adolescents qui développent des pouvoirs uniques en leur genre et fortement liés à la nature.

Synopsis de Plaguers

« La Plaie avait déferlé sur le monde peu de temps après l’Extinction de 2105. À cette époque-là, les réacteurs Alyscamps commençaient à peine à nous dispenser enfin l’énergie gratuite et non polluante qui aurait prévenu cette catastrophe si on les avait découverts plus tôt. Les mers n’étaient plus que des cloaques où nul n’aurait pu voir avec un microscope et brutalement, nous n’avions plus que les rats, les cafards et quelques insectes aussi résistants que répugnants comme colocataires de la Terre.

Pourtant, cet ultime voisinage sembla ne pas être destiné à perdurer non plus, car le Joueur de Flûte naquit, ainsi que l’avait surnommé le service publicitaire de son employeur. Il fut le premier Plaguer. Il avait des affinités avec les rats. »

Quentin est un Plaguer, sous ses pieds jaillissent des sources, et celle qu’il aime, Illya, fait fleurir les orchidées partout où elle passe. Ils sont tous deux conduits à la Réserve parisienne. Ils vont y faire l’expérience de la vie communautaire, du Contrôle de leurs Plaies et, surtout, de l’étrange mutation qui les attend à travers l’Union : de la Fusion des Plaguers naissent les Uns, et même des Multiples – des entités fascinantes faites de plusieurs individus…

Un post-apo qui développe des idées très originales

Un univers glaçant mais unique

Plaguers met en avant un univers où les Hommes ont usé les ressources naturelles de la planète au maximum. Nous sommes dans un futur sombre malgré l’apparition d’une source d’énergie unique : les catastrophes naturelles ravagent les communautés restantes. Sécheresse, tempête, températures intenables… Voilà le quotidien d’une grande majorité de l’humanité qui lutte contre la faim et des conditions difficiles. Seuls quelques privilégiés ont des existences à peu près calmes en vivant des bulles protégées.

Les plaguers ont provoqué beaucoup de craintes à cause de leurs pouvoirs parfois destructeurs et incontrôlables. Le plus étonnant est qu’ils évoluent au fil du temps et se mélangent les uns aux autres pour devenir des créatures plus puissantes que l’on appelle les Uns (deux personnes en une) et les Multiples (plusieurs personnes). Ils sont séparés de la population dans des réserves. Grâce à leurs pouvoirs, ce sont des oasis de calme dans un monde à la dérive. Ils louent leurs services pour l’extérieur quand c’est nécessaire et pour renflouer les caisses.

Des personnages crédibles

Jeanne-A Débats se concentre sur quelques personnages. Je préfère vous prévenir, aucun n’est vraiment sympathique. Quentin peut être un brin influençable et terne. Illya est si mal dans sa peau qu’elle est insupportable pour tout le monde. Brahim est très susceptible. Mais leur point fort c’est d’être variés. Aucun n’a une meilleure personnalité qu’un autre, ils ne sont pas manichéens et évoluent au fil du roman et sont au fond très humains. Il en devient d’autant plus aisé de s’identifier à eux.

Autre point intéressant : l’autrice propose une vraie diversité parmi son casting. Ses personnages sont de toute origine et de toute orientation sexuelle. J’ai trouvé intéressant qu’elle mette en avant Illya et son changement de sexe. Illya est une jeune femme qui a été contrainte de changer de sexe car ses parents pensaient que cela empêcherait le développement de sa plaie (le nom donné aux pouvoirs des plaguers). Mais le roman joue beaucoup sur le relationnel entre les différents personnages, il est donc intéressant de voir que c’est la seule qui n’évolue pas réellement, car elle se coupe plus ou moins volontairement des autres et ne parvient pas à créer du lien.

Une lecture qui propose des points de réflexions profonds

J’ai beaucoup aimé les prises de risque de l’autrice. Le roman traite de la diversité et de la tolérance sous toutes ses formes de manière très directe. Jeanne-A Débats met en avant une humanité qui est au bord de la destruction, mais qui développe continuellement des rapports antagonistes et de haine face à ce qui est différent. L’univers est très polarisé : les très pauvres se heurtent aux très riches. Les premiers sont victimes des changements climatiques violents qui secouent le monde, les seconds vivent dans une bulle en tentant de sauver ce qui reste du monde et de leurs privilèges. Le discours est d’ailleurs très présent et ne fait pas vraiment de concessions.

Le roman prend également le parti pris d’évoquer la fraternité. Paradoxalement, les plaguers sont isolés du reste de l’humanité mais ils parviennent entre eux à avoir un relationnel si fort qu’ils finissent par n’être capables de ne former qu’un seul être. La fraternité, l’acceptation mais aussi leurs aspects sacrificiels, sont les seuls moyens de sauver une humanité rongée par l’égoïsme et une vision purement utilitariste de la nature et de ses ressources.

Plaguers : un roman avec de l’impact

Plaguers est donc une lecture post-apo réussie à mes yeux. Son univers plutôt innovant et original permet de développer une galerie de personnages variés mais auxquels on s’identifie volontiers. Si le livre se concentre sur le relationnel, c’est pour mieux nous rappeler ce qui nous relie et fait de nous des humains, et donc pour transmettre un message universel et écologique.

Note : 17/20

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Catégories : Chroniques

2 commentaires

Zina · 22 mai 2020 à 10 h 48 min

J’ai bien aimé Testaments, je note celui-ci !

    La Geekosophe · 23 mai 2020 à 18 h 26 min

    C’est complètement différent mais tout aussi qualitatif

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