Le mois de juin se termine ! J’ai été plutôt satisfaite de mes lectures globalement. Il y a toujours beaucoup d’imaginaire mais pas mal de fantasy en plus de la science-fiction. Avec l’arrivée de l’été viennent en plus les challenges de la saison ! Je reprends comme tous les ans le pavé de l’été et le Summer Star Wars.
La prophétie de l’arbre de Christophe Misraki
Il y a 1 400 ans, le Conflit Originel opposa Malévolents et Forces du Bien, éparpillant les lieux et les populations. Que les Forces du Bien l’aient emporté n’est finalement qu’anecdotique.
Nous sommes en 1422 de l’Ère de la Reconstruction, dans l’une des Sept Provinces, le Comté d’Erceph. Un artefact aux étranges et importants pouvoirs, l’Entité, est à l’œuvre dans le cœur de chacun des Sept Suzerains et se transmet naturellement de père en fils le jour des vingt-trois ans de celui-ci.
Le Comte Portor, Suzerain d’Erceph, a deux filles : Layah et surtout Sarah qui approche de son vingt-troisième anniversaire. De nombreuses forces politiques ont espéré en vain un événement qui éviterait de faire face à cette échéance funeste : la Transmission de l’Entité à une femme. Nombreux sont ceux en effet qui interprètent les Prophéties d’Arkharon dans le sens d’un présage funeste pour toute l’humanité si une Entité venait à habiter le cœur d’une femme.
Il était écrit que cette transmission serait marquée par la trahison et la mort.
On sent que l’auteur a travaillé son univers pour qu’il soit riche : le début est dense et complexe, avec beaucoup de personnages, des races différentes… Peut-être même un peu trop, car il a été difficile de s’immerger dans les événements ! On change très souvent de point de vue, ce qui fait qu’on ne s’attache que peu aux personnages, du coup la lecture se traverse de manière automatique. Ceci dit, certains élément ont titillé mon intérêt, du coup je suis très partagée.
Les oiseaux du temps d’Amal El-Mohtar et Max Gladstone
C’est ainsi que nous gagnons.
Bleu et Rouge, deux combattants ennemis d’une étrange guerre temporelle, s’engagent dans une correspondance interdite, à travers les époques et les champs de bataille. Ces lettres, ne pouvant être lues qu’une seule fois, deviennent peu à peu le refuge de leurs doutes et de leurs rêves. Un amour fragile et dangereux naîtra de leurs échanges. Il leur faudra le préserver envers et contre tout.
J’ai eu un petit peu de mal à me plonger dans le récit dans les premières pages : le style est très métaphorique, nous plongeant dans une guerre absurde où des agents tentent de changer le passé. Mais le style léché et onirique, d’une très grande poésie, finit par séduire son lecteur en même temps que l’histoire s’embraye. Le résultat est un récit touchant, à fleur de peau, à la langue audacieuse et créative, et une histoire d’amour à travers le temps et les lettres entre deux êtres que tout oppose mais que tout finit par relier. Je vous la recommande à 100% malgré son style parfois hermétique.
Conversations entre amis de Sally Rooney
L’action prend place à Dublin. Nous sommes loin du Dublin de Joyce, plutôt dans une capitale post-crise économique où la jeunesse débat sur les ravages du capitalisme entre deux flirts et intrigues amoureuses. Frances (la narratrice) et Bobbi, son ex-amante, font partie de cette jeunesse, de ces millennials qui peinent à trouver une place dans le monde laissé par leurs aînés. Quand elles rencontrent Melissa et Nick, un couple plus âgé qu’elles, le cours de leur vie change : commence alors un « ménage à quatre » mouvant où la confusion des sentiments fait rage. Ensemble, Frances, Bobbi, Nick et Melissa écrivent, s’aiment, vivent… et s’interrogent. Sur le monde, mais surtout sur eux-mêmes.
J’ai une fois de plus beaucoup apprécié la plume contemporaine de l’autrice ainsi que son acuité dans la description des liens entre les personnages. L’histoire de Frances aborde la difficulté des relations humaines, la fine frontière entre amour et amitié mais aussi les relations hors cadre traditionnel. Les personnages sont tous réussis, avec des personnalités qui leur sont propres. J’ai cependant trouvé que certains éléments auraient gagné à être approfondis, comme la relation entre Nick et Frances, que j’ai trouvée finalement un peu superficielle et ennuyeuse.
L’appel des grands cors de Thibaud Latil-Nicolas
Au nord du Bleu–Royaume, la frontière est marquée par une brume noire et impénétrable, haute comme une montagne. De mémoire d’homme, il en a toujours été ainsi. Mais depuis quelques lunes, le brouillard semble se déchirer. Tandis que ce voile enfle et reflue tel un ressac malsain, de violents éclairs strient ses flancs dans de gigantesques spasmes. La nuée enfante alors des créatures immondes qui ravagent les campagnes et menacent d’engloutir le royaume tout entier.
La neuvième compagnie des légions du roy, une troupe de lansquenets aguerris au caractère bien trempé, aspire à un repos bien mérité après une campagne éprouvante. Pourtant, dernier recours d’un pouvoir aux abois, ordre lui est donné de s’opposer à ce fléau. Épaulée par des cavalières émérites et un mystérieux mage chargé d’étudier le phénomène, la troupe s’enfonce dans les terres du nord, vers cette étrange brume revenue à la vie.
Tous, de l’intendant au commandant, pressentent qu’ils se mettent en route pour leur dernier périple. Tous savent que du résultat de leurs actions dépendra le destin du royaume. Entre courage et résignation, camaraderie et terreur, ces femmes et ces hommes abandonnés par le sort, devront consentir à bien des sacrifices face à la terrible menace. En seront-ils capables ? Les légendes naissent du sang versé, de la cendre et de la boue.
Émouvant et mouvementé, je trouve que l’appel des grands cors est une très bonne conclusion. La progression dans l’écriture est tout à fait admirable depuis le premier tome. L’auteur nous livre au roman au cordeau, qui suit admirablement plusieurs arcs narratifs, quitte à créer un effet parfois brouillon, et ne lésine pas sur la prise de risques. Violence, combats et manipulations sont au programme, aux côtés de personnages toujours attachants (les anciens comme les nouveaux) et au verbe tranchant. En bref, de la fantasy française qui fait plaisir à lire.
L’espace d’un an de Becky Chambers
Rosemary, jeune humaine inexpérimentée, fuit sa famille de richissimes escrocs. Elle est engagée comme greffière à bord du Voyageur, un vaisseau qui creuse des tunnels dans l’espace, où elle apprend à vivre et à travailler avec des représentants de différentes espèces de la galaxie : des reptiles, des amphibiens et, plus étranges encore, d’autres humains. La pilote, couverte d’écailles et de plumes multicolores, a choisi de se couper de ses semblables ; le médecin et cuistot occupe ses six mains à réconforter les gens pour oublier la tragédie qui a condamné son espèce à mort ; le capitaine humain, pacifiste, aime une alien dont le vaisseau approvisionne les militaires en zone de combat ; l’IA du bord hésite à se transférer dans un corps de chair et de sang…
Les tribulations du Voyageur, parti pour un trajet d’un an jusqu’à une planète lointaine, composent la tapisserie chaleureuse d’une famille unie par des liens plus fondamentaux que le sang ou les lois : l’amour sous toutes ses formes.
Oubliez les batailles rangées typiques du space op militaire ! Becky Chambers nous propose ici une série de tranches de vie d’un vaisseau tunnelier. Elle a un vraiment talent pour nous rendre attachant cet équipage hétéroclite, sans compter que les éléments sur les relations inter-espèces, l’éthique, la socialisation, les différences culturelles sont très bien traitées et originales. Le récit transpire la bienveillance et fait vraiment du bien à lire. Je vous le conseille si vous avez un coup de mou.
Les tentacules de Rita Indiana
En 2027, dans une République Dominicaine ravagée par des désastres écologiques qui ont détruit toute forme de vie sous-marine et où règne une technologie ultra-développée, Acilde, adolescente de classe pauvre, est depuis peu la domestique d’Esther Escudero, une prêtresse de la Santería. Elle cherche à vendre illégalement l’anémone que possède sa patronne pour acquérir le Rainbow Bright, une drogue qui lui permettrait de changer de sexe sans intervention chirurgicale. Mais la situation dégénère et Acilde se retrouve en fuite…
Dans les années 2000, Argenis, artiste en perdition, se voit proposer une résidence artistique à Sosùa de la part d’un mécène italien, Giorgio Menicucci, qui souhaite y créer un sanctuaire marin avec sa femme, Linda.
Par un concours de circonstances, Acilde et Argenis se retrouvent en contact avec leurs vies antérieures : Acilde est propulsée en 1991 et Argenis sur un bateau flibustier du XVIIe siècle – à deux époques-clés dans l’histoire des Caraïbes. Parviendront-ils à changer le cours des choses et à empêcher les catastrophes qui ont ravagé leur pays ?
Avec son écriture âpre et directe, l’écrivaine nous plonge dans une histoire violente et marquante… Aucun personnage n’est épargné par une forme de terreur moite qui traverse tout le récit. L’autrice mêle habilement différents genres : science-fiction, voyage dans le temps, réalisme magique, fable… ainsi que le brassage culturel de la République dominicaine (des croyances africaines jusqu’aux influences européennes…) pour présenter un texte composite et dépaysant. L’auteur met ainsi en avant des problématiques très contemporaines comme l’écologie, la violence, la pauvreté, la transphobie de manière d’autant plus tangible qu’iel choisit une écriture très crue. J’ai cependant trouvé que, parfois, les différents thèmes et genres manquent un peu de dosage, ce qui peut rendre certains passages un peu brouillons et confus.
Quelles sont vos lectures phares du mois de juin ? N’hésitez pas à venir soutenir le blog sur Tipeee !
6 commentaires
Yuyine · 30 juin 2021 à 17 h 34 min
Un joli bilan plein de diversité! J’ai lu beaucoup (trop) en juin et j’ai même eu plusieurs coups de coeur: After d’Auriane Velten, L’effet coccinelle de Yann Bécu, la BD Blanc autour de Lupano et Stéphane Fert, la BD Naoto aussi et les mangas Le renard et le petit tanuki de Mi Tagawa.
Mon bilan sera en ligne ce soir 🙂
La Geekosophe · 30 juin 2021 à 23 h 03 min
Aaaah j’ai vu passer L’effet coccinelle sur ton compte ça m’a fait bien envie Hâte d’aller voir ton bilan du mois !
Ecla'Temps · 1 juillet 2021 à 20 h 59 min
Les oiseaux du temps m’attend tranquillement dans ma PAL, je n’ai vu que de bons avis dessus et le tien s’ajoute également ! 😀
La Geekosophe · 2 juillet 2021 à 12 h 30 min
Ah ouiiii ! En plus il a reçu plein de prix !
Shaya · 15 juillet 2021 à 15 h 52 min
Beau bilan ! J’aime beaucoup Becky Chambers 😉
La Geekosophe · 18 juillet 2021 à 15 h 44 min
Je pense que je lirai aussi « Apprendre, si par bonheur » 😀