Vous le savez, le post-apo, c’est mon dada. Le petit voyage dans les lieux sombres de l’humanité, qui révèle les penchants les plus odieux de nos semblables… Et je suis aperçue que de nombreuses œuvres post-apo montraient un fantasme particulier : celui d’un monde sans aucun adulte. Un vrai paradis ou un enfer juvénile ? Voici une sélection d’oeuvres qui permettent d’aborder la particularité d’un monde peuplé d’adolescents et de jeunes enfants. Le fantasme d’un monde sans adultes est-il la terre de Cocagne espérée ? Car l’enfance est finalement aussi un monde cruel…

Autre-Monde de Maxime Chattam

Une saga qui devient un classique de la jeunesse.

New York, de nos jours. Matt et Tobias sont amis depuis l’enfance, grands amateurs de jeux de rôles, de jeux vidéo. Mais ce qui leur arrive est bien réel. New York est balayée par une tempête sans précédent. Des éclairs bleus fouillent les immeubles ne laissant des humains que leurs vêtements ou les transformant en mutants répugnants.
Matt et Tobias arrivent à fuir sur une île et rejoignent une communauté d’enfants épargnés. Ils sont 77, de 9 à 17 ans, se dénomment les « Pans » et s’organisent pour survivre. Leurs ennemis sont les monstres « Gloutons » et les « Cyniks » humains, « violents et perfides, » des adultes qui se sont transformés.
Les enfants survivants ont développé des dons surnaturels, faire jaillir le feu, créer de l’électricité. Avec Ambre, Matt et Tobias vont former l’alliance des trois et essayer de comprendre et utiliser leur nouvelle nature. Comprendre aussi l’attitude étrange de certains membres de la communauté.

Autre-Monde de Maxime Chattam

Autre-monde est vraiment plus vaste qu’il ne peut sembler de prime abord. c’est notamment une ode à l’amitié, avec un trio efficace. Cette fois-ci, nous n’avons pas affaire à une terrible maladie mais à un étrange phénomène qui bouleverse le quotidien des enfants. Le récit parle notamment d’écologie mais a aussi une partie plus psychanalytique car beaucoup d’éléments semblent liés à la famille de Matt. L’intrigue semble mettre en avant que les Enfants représentent le réel avenir d’une terre ravagée qui a cherché à se défendre des humains. Trahisons et découvertes rythment le voyage de nos trois compagnons, qui nous montrent également des sociétés gérés par des enfants, parfois avec de nombreux secrets.

Seuls de Bruno Gazzotti et Fabien Vehlmann

Seuls est une bande-dessinée vraiment captivante.

C’est l’histoire de 5 enfants de tout âge se retrouvant seuls dans la ville déserte. Ces cinq enfants se réveillent un matin et constatent que tous les habitants de la ville ont mystérieusement disparu. Ils vont devoir se débrouiller…

Seuls de Bruno Gazzotti

Intrigante et mystérieuse, Seuls est une saga que j’avais adoré ! L’écriture des personnages bénéficie d’une grande sensibilité qui rend leurs relations très crédibles. Ils sont très attachants et leurs antagonismes sont bien retranscrits, car nous avons affaire à des personnalités très différentes, issues de milieux très variés. Le scénario est très intrigant et nous entraîne de notre monde, mais vidé de ses adultes pour des raisons inconnues. Les auteurs jouent remarquablement avec les registres, alternant entre humour et passages plus angoissants, voire du drame. Car s’il une première période que l’on pense salvatrice loin des adultes qui nous donnent des ordres, très vite on peut se sentir bien démunis sans aucunes protections. D’autant que tous les enfants ne sont pas bienveillants. Que deviennent ceux qui ont des problèmes de discipline sans supervision ?

Anna de Niccolo Ammaniti

Je vais vous parler de la série disponible sur Arte TV, mais le roman semble également sympathique.

Dans un monde post-apocalyptique ravagé par une épidémie qui a décimé l’ensemble des adultes, Anna recherche son frère kidnappé par des enfants. Après “Il Miracolo”, Niccolò Ammaniti signe et réalise “Anna”, une série sombre et poétique où la lutte pour la survie côtoie l’espoir.

La série met en scène un monde où les adultes semblent avoir été ravagés par « La Rouge », un mélange de grippe et de peste qui fait référence, probablement, à l’oeuvre d’Edgar Allan Poe, Le masque de la mort rouge. La maladie semble toucher les humains à la puberté. Mais les plus jeunes héritent du monde, du moins de la Sicile dans la série. Nous sommes dans univers étrange. Onirique, car nous entrons dans la vision d’enfants et d’adolescents en construction. Ainsi, l’une voit le monde à travers ses émissions de téléréalité favorites. Un autre garde le corps de son frère au milieu de boîtes de thon car « il aimait beaucoup cela » (ah oui, c’est un bel hommage). Une logique étrange et déstabilisante, qui oscille entre rêve et cruauté, car les ces enfants sans surveillance n’ont souvent que peu conscience des limites et du mal. D’autant plus que beaucoup sont hantés par leur mort approchante qui les empêchera de grandir, plongeant le monde dans une forme de nihilisme enfantin. la série porte son message grâce à sa lenteur contemplative mais aussi sa photographie d’une grande beauté.

Trois œuvres qui offrent la même idée mais déclinées différemment. Le message semble pourtant être toujours le même : le monde des enfants permet des fantaisies, mais il ne faut pas oublier que c’est un âge où l’on se construit et dans lequel les limites et l’empathie ne sont pas forcément très développées.

Catégories : Pop-culture

2 commentaires

Yuyine · 5 novembre 2021 à 11 h 15 min

Article intéressant. C’est aussi un constat que j’avais fait de mon côté. L’enfance est souvent centrale dans le post-apo, même quand les adultes existent encore. Et c’est aussi leur « innoncence » qui pointe plus fortement les dérèglements du monde.

News de l'Imaginaire - Épisode 133 - Chut Maman Lit ! · 11 novembre 2021 à 7 h 01 min

[…] Sur le blog La Geekosophe : Le post-apo, l’autre pays des enfants ? […]

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