C’est déjà la fin de l’année 2022 ! Avant de me lancer dans les récaps annuels, je vous présentes mes lectures de décembre. J’étais lassée de lire de l’imaginaire à la mi-mois. J’ai tout de même lu de la SF et de la fantasy (et des classiques s’il-vous-plaît) avant de passer à des genres hors imaginaires pour découvrir des romans qui trainaient dans ma PAL depuis un bout de temps.
Carbone modifié de Richard Morgan
Dans un avenir pas si lointain, la mort n’est plus définitive : vous pouvez sauvegarder votre conscience et vos souvenirs et les réimplanter dans un nouveau corps.
De fait, pour Takeshi Kovacs, mourir n’est plus qu’un accident de parcours : il a déjà été tué plusieurs fois.
C’étaient les risques du métier dans les Corps diplomatiques, les troupes d’élite du Protectorat des Nations unies expédiées à travers la galaxie.
Mais cette fois, on le ramène sur Terre pour mener l’enquête : un riche magnat veut élucider sa propre mort.
La police a conclu au suicide. Or, pourquoi se suicider quand on sauvegarde son esprit tous les jours, certain de revenir parmi les vivants ?
Roman noir électrisant et complexe, Carbone modifié allie le meilleur du thriller et de la SF. L’enquête est menée tambour battant dans un univers ultra-technologique par un Takeshi Kovacs aussi désabusé que déterminé. L’auteur aborde le transhumanisme pour mieux poser des questions autour de la sacralisation du corps, de la notion de la mort, de la place du corps dans l’identité ou des inégalités sociales. Ce qui implique des passages violents, sexuels ou d’ingestion de drogues (ce qui sont des quasi tropes dans ce type de récit). Le style, très direct et sans fioritures, a le mérite de bien poser le caractère du personnage principal malgré le manque de relief.
Contes de l’Alhambra de Washington Irving
Certains livres vieillissent, d’autres conservent leur fraîcheur intacte à travers le temps. C’est le cas des « Contes de l’Alhambra », écrits par Washington Irving, diplomate, historien et voyageur américain, qui vécut quelque temps dans l’Alhambra même. L’œuvre, éditée pour la première fois en 1832, fut aussitôt traduite en plusieurs langues et attira à Grenade des pèlerins de toutes les latitudes. Nous y découvrons une perspective, une couleur et une ambiance romantiques, ainsi que de Subtiles impressions prises sur le vif pleines de nuances, d’esprit et d’émotion. Nous y trouvons d’une part les légendes et les traditions locales qui gardent leur charme d’hier, et d’autre part le tableau Sobrement réaliste de l’Alhambra du siècle dernier si vivant, si réel: hommes et femmes du peuple, Soldats invalides, mendiants. Et peut-être ces pages sont-elles les plus riches de suggestion.
Les contes de l’Alhambra nous entrainent entre mythes et histoires, alors que ce Palais est encore à l’abandon et qu’un américain en tombe amoureux. Washington Irving nous fait visiter, avec sa plume pleine de charme suranné, les pièces et lieux. A chacun son conte et son histoire, parfois profondément ironique, parfois désespéramment romantique, mais toujours avec un ingrédient qui nous captive et une touche de fantastique. D’autant plus que les chapitres, courts, s’enchaînent rapidement, ce qui permet de ne jamais s’ennuyer.
Les neuf princes d’ambre de Roger Zelazny
Un amnésique s’échappe d’un hôpital psychiatrique après avoir découvert le nom de la personne qui l’a fait interner : Flora, sa propre sœur.
Celle-ci lui révèle qu’il se nomme Corwin, et qu’il est l’un des neufs frères qui se disputent le pouvoir au royaume d’Ambre, le seul monde réel dont tous les autres sont des reflets, des ombres; que les princes d’Ambre ont la faculté de parcourir ces univers parallèles par la puissance de leur seule volonté.
Recouvrant peu à peu la mémoire, Corwin entame un périlleux voyage en direction d’Ambre, glissant d’ombre en ombre dans le but de disputer au prestigieux Éric, le plus brillant des princes, le trône du royaume.
Malgré une narration particulière, Les neuf princes d’ambre nous plonge dans une histoire envoûtante. Ésotérique et imprécise, la saga ne plaira pas aux amateurs de systèmes de magie calculés au millimètre ! Au contraire, Roger Zelazny propose un monde qui suit des règles qui lui sont vraiment propres et semblent opaques. Le rythme est tambour battant, porté par une première personne qui permet d’être aussi direct qu’immersif. C’est un récit à la fois vieux, avec des points d’intrigue conventionnels (amnésie, quête de pouvoir, magie…) et des idées plus originales (magie étrange et poétique, personnages à la moralité grise…).
Les sept maris d’Evelyn Hugo de Taylor Jenkins Reid
C’est à vous, et à vous seule que s’adresse cette confession…
À l’aube de ses quatre-vingts ans, Evelyn Hugo, légende du cinéma, est enfin prête à dire la vérité sur sa vie aussi glamour que scandaleuse. Mais quand cette actrice, vieillissante et solitaire, décrète qu’elle fera ces révélations à Monique Grant, journaliste pour un obscur magazine, personne ne comprend son choix. La journaliste décide de saisir cette occasion pour lancer sa carrière. Elle écoute avec fascination l’histoire de cette actrice mariée sept fois. Une histoire d’ambition, d’amitié et d’amour défendu. À mesure qu’elle recueille les confidences d’Evelyn, la journaliste comprend que leurs destins sont étroitement liés…
Je n’en attendais pas grand chose, ce n’est pas vraiment mon style habituel ! Mais ce fut une belle lecture, qui brille par un portrait de femme nuancé et touchant. Entre histoire, tranches de vie et récit contemporain, le personnage d’Evelyn Hugo parle de sa lutte d’une vie pour sortir des carcans dans lesquels elle s’est elle-même enfermée. Femme latina bisexuelle, partagée entre une morale ambiguë, son ambition et la volonté de faire le bien, elle jouera le rôle du sex-symbol attiré uniquement par les hommes pour protéger son image. Mais combien de temps peut-on jouer ce rôle sans s’y perdre ? Sans blesser son entourage ? Le récit est prenant, car la vie d’Evelyn aura été riche, de joie, de réussites, comme de deuils et de séparation.
Le livre de l’intranquilité de Fernando Pessoa
« En ces heures où le paysage est une auréole de vie, j’ai élevé, mon amour, dans le silence de mon intranquillité, ce livre étrange… » qui alterne chronique du quotidien et méditation transcendante. Le livre de l’intranquillité est le journal que Pessoa a tenu pendant presque toute sa vie, en l’attribuant à un modeste employé de bureau de Lisbonne , Bernardo Soares. Sans ambition terrestre, mais affamé de grandeur spirituelle, réunissant esprit critique et imagination déréglée, attentif aux formes et aux couleurs du monde extérieur mais aussi observateur de « l’infiniment petit de l’espace du dedans », Bernardo Soares, assume son « intranquillité » pour mieux la dépasser et, grâce à l’art, aller à l’extrémité de lui-même, à cette frontière de notre condition ou les mystiques atteignent la plénitude « parce qu’ils sont vidés de tout le vide du monde ». Il se construit un univers personnel vertigineusement irréel, et pourtant plus vrai en un sens que le monde réel.
Le livre de l’intranquilité est vraiment un livre spécifique. Il s’agit de pensées déconnectées les unes des autres, à première vue, issues d’un des alter egos de l’auteur. Je pense que ces réflexions résonneront plus ou moins selon les lecteurs, mais elles étaient souvent en miroir des miennes. Assez pour que je considère Fernando Pessoa comme un frère d’âme ! Son écriture est précise, intense, d’une grande poésie. C’est le genre de livre dont on surligne et annote plusieurs pages pour les garder en tête. Car les pensées de Bernardo Soares ont quelque chose d’universel. C’est une âme qui se sent trop grande pour le quotidien banal dont elle est affligée, mais trop passive pour atteindre son potentiel. Il vit dans le rêve et le rêve le nourrit, déconnecté des individus et pourtant universel dans sa prose. Entre frustrations et moments de grâce, l’écriture est ponctuée de citations marquantes que l’on a envie de retenir pour toujours. C’est le genre de livre qui se picore plutôt qu’à lire d’une traite.
Quelles ont été vos lectures les plus marquantes du mois ?
2 commentaires
Shaya · 4 janvier 2023 à 12 h 56 min
Pas mal de chouettes lectures en tout cas ! Il faudrait que je me penche sur Carbone modifié, en livre ou en série, un de ces 4.
La Geekosophe · 7 janvier 2023 à 14 h 12 min
C’est du bon cyberpunk, même si ça a été difficile de rentrer dedans au début de la lecture !