J’étais intriguée par les romans courts proposés par les éditions 1115. J’aime beaucoup l’imaginaire quand il me propose des littératures avant-gardistes et audacieuses, et cet éditeur a l’air de proposer des textes de ce type. Je me suis donc lancée dans « Au royaume des vivants » d’Emmanuel Quentin. Alors qu’en ai-je pensé ?
Synopsis d’Au royaume des vivants
Dans un futur plus ou moins proche, pour aller d’Hanoï à Rio de Janeiro en quelques minutes à peine, il suffit d’emprunter le réseau mondial des téléporteurs. Simple, pratique, abordable. Désormais, tout le monde peut franchir les océans en traversant une porte. Tout le monde, sauf les personnes du groupe sanguin AB négatif, et ce bien qu’aucune science ne soit capable d’expliquer pourquoi. C’est ainsi. Dominique Serin, enquêteur privé de son état, ne peut pas se téléporter. Pourtant, ça lui serait fort utile pour résoudre ces cas de disparitions qui l’obsèdent depuis des années. Car là encore, la science a échoué à résoudre le mystère de ces disparitions. Vraiment, il se passe des choses étranges au royaume des vivants.
Enquêtes multiples dans un univers pop
Court mais prenant
C’est étrange comme ce petit livre d’un plus de 120 pages est bien équilibré. Je crains toujours que les romans courts aient du mal à bien planter leur univers et à avoir un rythme trop rapide. Dans Au royaume des vivants, l’auteur nous propose un texte bien dosé qui nous plonge dans un monde futuriste délicieusement rétro. S’il est aisé de mener ses affaires à travers le monde grâce à des portails qui permettent de voyager d’un bout à l’autre du monde en un clin d’œil, une partie de la population reste sur la touche. Dominique Serin, détective privé, est l’un d’eux, et c’est fâcheux dans son métier. Le rythme est soutenu via les multiples enquêtes du roman. C’est fou ce qu’on peut faire en une centaine de pages.
En effet, on ne s’ennuie pas un instant dans cette histoire à tiroirs. Évidemment, les différentes enquêtes sont liées, mais c’est la manière dont c’est fait qui est intelligente. L’auteur utilise habilement des éléments de science-fiction pour créer des fausses pistes, des impasses et des culs-de-sac qui nous laissent perplexes. Rien ni personne n’est vraiment ce qu’il semble être à première vue, et chaque fois que nous croyons savoir où nous allons, un nouveau rebondissement vient brouiller les pistes. Nous suivons une banale histoire à première vue, avec une femme qui soupçonne son mari d’être volage. Dominique enquête également sur de vieilles disparitions dans des circonstances étranges.
Roman noir au pays des cyniques
Le roman embrasse les codes du roman noir avec un détective privé désabusé, mais ajoute une touche burlesque qui imprègne chaque page et crée des images mentales amusantes. Dominique Serin, le détective hypocondriaque, adopte la posture classique des enquêteurs hantés par un passé sombre. Curieux mais traditionaliste, il forme un bon duo avec son assistant. Son apprenti est son contraire, avec des gouts voyants et des difficultés pour être vraiment discrets. Leurs interactions sont très drôles. Les personnages plus secondaires, même s’ils apparaissent de manière succincte, sont très bien caractérisés. L’univers a quelque chose de très rétro qui le rend charmant.
Le récit nous happe tellement que le dénouement semble presque précipité. Le twist final donne du sens à de multiples indices disséminées le long du récit par petites touches, comme si de rien n’était. On passe même dans un registre plus sombre et très original. Dommage qu’il n’y ait pas eu quelques pages de plus pour détailler les événements. Mais c’est vraiment pour chipoter que j’écris ces lignes, c’est vraiment bien fait.
Au royaume des vivants, un roman aussi court que bien mené
« Au royaume des vivants » est une réussite. Ce court roman de science-fiction teinté de roman noir est parfaitement équilibré et bien rythmé, avec des enquêtes multiples liées de manière intelligente. L’auteur Emmanuel Quentin utilise avec habileté des éléments de science-fiction pour créer des fausses pistes et des culs-de-sac qui nous laissent perplexes. Les personnages sont bien construits, avec une touche burlesque qui crée des images mentales amusantes et des interactions drôles. Le twist final est très original et bien amené, même s’il aurait mérité quelques pages de plus pour être développé.
Note : 17/20
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