L’année 2024 débute avec de très bonnes lectures ! J’ai déjà un premier coup de coeur. Et en plus de cela, les livres sont variés, fantastique, nouvelles, fables… Le mois de janvier fait la part belle aux découvertes de toutes sortes, du Nigéria en passant par Nouvelle-Crobuzon et la Bretagne.

Perdido Street Station tome 2 de China Miéville

Perdido Street Station tome 2 de China Miéville

Résumé du premier tome :

Nouvelle-Crobuzon : une métropole tentaculaire et exubérante, où humains et hybrides mécaniques côtoient les créatures les plus exotiques. Depuis plus de mille ans, le Parlement et sa milice règnent sur une population de travailleurs et d’artistes, d’espions, de magiciens, de dealers et de prostituées. Mais soudain un étranger, un homme-oiseau, arrive en ville avec une bourse pleine d’or et un rêve inaccessible : retrouver ses ailes…

Un second tome qui pétarade dans tous les sens ! C’est toujours un plaisir de retrouver l’imagination débordante de China Miéville et les rues de Nouvelle-Crobuzon. La créativité de l’auteur semble être sans limites. L’univers prend des teintes glauques, entre créatures étranges, dangers de tous les côtés et moments vraiment dramatiques. Comme souvent dans ses œuvres, le scénario est cependant assez exigeant et on ne peut pas lire en sautant des lignes. La fin est très touchante et douce-amère. China Miéville signe avec cette duologie une de ses œuvres phares.

Les sentiers de recouvrance d’Emilie Querbalec

Les sentiers de recouvrance d'Emilie Querbalec

Ils s’appellent Anastasia et Ayden. Ils ne se connaissent pas, mais leurs chemins seront amenés à se croiser. Anastasia a grandi dans une Espagne qui subit de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique. Après la mort accidentelle de son père, elle assiste, impuissante, au naufrage de sa mère. Ayden, lui, a appris à ses dépens qu’à trop jouer avec le feu on se brûle. Laissant derrière eux leurs existences brisées, chacun prend en solitaire la route de la Bretagne pour l’île de la Recouvrance où les attend l’espoir d’une vie meilleure.

Je conseille les sentiers de recouvrances pour les lecteurs à la recherche d’une SF douce et surprenante. Emilie Querbalec aborde des thèmes matures et sombres, sans tomber dans le pathos, et en parvenant à les teindre d’une certaine luminosité. Sans trop en révéler, c’est un livre qui traite avant tout de guérison. En usant dans un contexte post-apo, elle met en scène en parallèle les traumatismes que les personnages surmontent à travers la reconnexion à la nature. Le tout grâce à une écriture maitrisée qui alterne entre poésie et moments plus vifs.

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Eau Douce d’Akwaeke Emezi

Eau Douce d'Akwaeke Emezi

Au Nigéria, dans la cosmologie igbo, lorsqu’un enfant est dans le ventre de sa mère, il est façonné par des esprits qui déterminent son destin. Mais à la naissance de la petite Ada, les portes entre le monde des humains et celui des esprits se sont temporairement ouvertes, le temps pour ces derniers de s’immiscer dans le corps de la fillette et de s’y trouver bloqués.
Un pied dans le monde des vivants, un pied dans le monde des esprits, Ada va ainsi grandir envahie par un cortège de voix qui vont se disputer le contrôle de sa vie, fractionnant son être en d’innombrables personnalités.
Mais lorsque Ada quitte son berceau géographique pour faire ses études aux États-Unis, un événement traumatique d’une violence inouïe va donner naissance à un nouvel esprit, beaucoup plus puissant, beaucoup plus dangereux. Ce nouveau «moi» prend possession d’elle et se nourrit de ses désirs, de sa colère et de sa rancœur. La vie de la jeune fille prend alors une tournure de plus en plus inquiétante, où la mort semble devenir une séduisante échappatoire.

Avec sa narration originale, Eau douce nous présente une jeune femme fragmentée, partagée entre les Dieux igbos et le Trouble dissociatif de l’identité. Le roman semble décliner le principe de fluidité de toutes les nuances possibles. Fluidité dans la personnalité changeante d’Ada, fluidité dans le genre, les relations… Sans cesse partagée, jamais entière, toujours écartelée. La plume flamboyante de l’autrice met en exergue la souffrance d’une protagoniste qui se cherche, condamnée la majorité de sa vie à être un objet, un vaisseau pour les esprits, une conquêtes pour ses relations amoureuses… C’est aussi l’histoire d’une quête d’identité et d’acceptation.

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Le K de Dino Buzzati

Le K de Dino Buzzati

L’histoire du « K », qui donne son titre au recueil, contient tous les thèmes familiers à Dino Buzzati, l’auteur du « Désert des Tartares », et définit parfaitement un art où le merveilleux et l’humour se mêlent à l’observation lucide avec une maîtrise que confirment les cinquante autres récits suivants. Une sensibilité exacerbée, un sens aigu de la justice, un certain pessimisme aussi donnent une résonnance poignante au « Compte », à la « Petite Circé », à « L’Ascenseur », au « Veston ensorcelé », par exemple. Le fantastique de Buzzati est étroitement accordé à l’air de notre temps et aux préoccupations du jour : la guerre mondiale, la dictature, le mal de la jeunesse et la solitude, comme en témoignent « Chasseurs de vieux », « La Leçon de 1980 » ou « Suicide au parc » et « L’Arme secrète ».

Buzzati, maître du fantastique, explore avec une sensibilité exacerbée des thèmes universels tels que la solitude, la jeunesse, la guerre, et la mort. À travers un subtil mélange de vraisemblance et d’invraisemblance, l’auteur met en lumière la dimension fantastique de la vie, soulignant la fragilité de nos certitudes et la petitesse de notre existence. La plume fluide de Buzzati, teintée d’humour noir et d’ironie mordante, entraîne le lecteur dans des progressions rapides, rappelant par moments l’esprit de l’Oulipo. Cependant, la diversité des nouvelles engendre des réactions variées, certaines histoires laissant une impression plus marquante que d’autres. Cela contribue à enrichir les multiples interprétations possibles, laissant au lecteur le soin de trouver sa propre signification au travers de cette angoisse existentielle.

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Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi de Mathias Malzieu

« Comment on va faire maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi ? Qu’est-ce que ça veut dire la vie sans toi ? Qu’est-ce qui se passe pour toi là ? Du rien ? Du vide ? De la nuit, des choses de ciel, du réconfort ? » Mathias, une trentaine d’années mais une âme d’enfant, vient de perdre sa mère. Sans le géant qu’il rencontre sur le parking de l’hôpital, que serait-il devenu ? Giant Jack, 4,50 mètres, « docteur en ombrologie », soigne les gens atteints de deuil. Il donne à son protégé une ombre, des livres, la capacité de vivre encore et de rêver malgré la douleur… Il le fera grandir.

Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi de Mathias Malzieu se révèle être une exploration poignante et poétique du deuil. L’auteur, à travers une fable initiatique, transcende sa propre expérience de la perte maternelle en une quête de compréhension et d’acceptation. Le style personnel et envoûtant de Malzieu, empreint de musicalité, rappelle celui de grands auteurs comme Boris Vian. Bien que certaines parties oniriques puissent dérouter, l’ensemble offre une plongée profonde dans les méandres de la douleur, guidée par un géant nocturne dispensateur de réconfort. Ce roman, marqué par une sensibilité exacerbée, résonne comme une mélodie émotionnelle, invitant le lecteur à lâcher prise pour mieux se laisser emporter par l’étrangeté de ce voyage introspectif.

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Le Passeur de Lois Lowry

Le passeur de Lois Lowry

Dans le monde où vit Jonas, la guerre, la pauvreté, le chômage, le divorce n’existent pas. Les inégalités n’existent pas. La désobéissance et la révolte n’existent pas. L’harmonie règne dans les cellules familiales constituées avec soin par le comité des sages. Les personnes trop âgées, ainsi que les nouveau-nés inaptes sont « élargis », personne ne sait exactement ce que cela veut dire. Dans la communauté, une seule personne détient véritablement le savoir. Elle seule sait comment était le monde quand il y avait encore des animaux, quand l’oeil humain pouvait voir les couleurs, quand les gens tombaient amoureux. Lorsque Jonas aura douze ans, il se verra attribuer, comme tous les enfants de son âge, sa future fonction dans la communauté. Jonas ne sait pas encore qu’il est unique…

Un premier coup de cœur de l’année ! Le passeur de Lois Lowry est une pépite de la littérature jeunesse. L’histoire peut sembler simple, mais l’autrice a une vraie poésie dans la construction de son univers. On se sent très proche du jeune Jonas, un jeune garçon sensible qui doit faire face à une vérité très dure. Cette dystopie interroge les notions d’uniformité, souligne les apparences que l’on doit maintenir pour garder une illusion de bonheur. Être heureux implique-t-il l’absence de souffrance ? Les émotions sont-elles néfastes à la société ? Le passeur aborde des questionnements plus profonds qu’il n’y parait à travers un personnage principal touchant. La fin laisse un doute mais je l’ai trouvée assez belle.

Vous avez déjà un coup de coeur pour cette année ?

Catégories : Points lectures

4 commentaires

tampopo24 · 1 février 2024 à 7 h 06 min

Bravo pour ces lectures aux horizons aussi variés !
Pour ma part, ce sont Les sentiers de recouvrance qui furent un coup de coeur de la première à la dernière ligne. La plume de l’autrice me touche beaucoup.
Très beau mois de février à toi ☺️

    La Geekosophe · 1 février 2024 à 12 h 49 min

    Les sentiers de recouvrance était une très belle lecture ! J’ai hâte de voie la suite des oeuvres de l’autrice 🙂

      tampopo24 · 1 février 2024 à 19 h 48 min

      Je suis aussi curieuse de découvrir la prochaine tant elle va à chaque fois sur des chemins différents.

Shaya · 7 février 2024 à 18 h 08 min

Des lectures très différentes ce mois-ci ! J’aime aussi beaucoup les romans de Lois Lowry et le Emilie Querbalec est en wish-list.

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