Voici ma première lecture pour les romans et lectures conseillés sur 2024 ! Il y avait plusieurs œuvres de Mathias Malzieu qui me tentaient depuis longtemps. Je connaissais son écriture onirique de réputation, et j’aimais beaucoup les histoires qu’il proposait. Avec Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi, l’auteur nous parle du décès de sa mère.
Synopsis de Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi
« Comment on va faire maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi ? Qu’est-ce que ça veut dire la vie sans toi ? Qu’est-ce qui se passe pour toi là ? Du rien ? Du vide ? De la nuit, des choses de ciel, du réconfort ? » Mathias, une trentaine d’années mais une âme d’enfant, vient de perdre sa mère. Sans le géant qu’il rencontre sur le parking de l’hôpital, que serait-il devenu ? Giant Jack, 4,50 mètres, « docteur en ombrologie », soigne les gens atteints de deuil. Il donne à son protégé une ombre, des livres, la capacité de vivre encore et de rêver malgré la douleur… Il le fera grandir.
Un roman sensible sur le deuil
Une fable poétique sur la mort
Un choc. Voilà ce que raconte ce court roman avec une grande sensibilité. Mathias Malzieu donne ici une métaphore de son cheminement au décès de sa mère, morte brutalement quand il avait 30 ans. Un âge où l’on est encore entre deux mondes, celui des adultes et des enfants que l’on a été. En effet, le narrateur est de plus d’une sensibilité exacerbée qui se ressent dans le choix des mots, des phrases, qui traduisent parfaitement le sentiment de vide qui nous prend quand un être aimé nous quitte. Il y a quelque chose d’infiniment émouvant dans sa façon de décrire les souvenirs de sa mère, mais surtout le début du livre. Dans l’hôpital, les vêtements, les émotions de son père et de sa sœur Lisa sont parfaitement retranscrites.
Au cours de ce court récit, Mathias passera par toutes étapes du deuil. Colère, résignation, qui se manifestent par un monde qui devient plus petit, plus sombre, plus étroit. Puis, avec l’aide d’un géant qui ne sort que la nuit, un voyage vers l’acceptation. Jack veille avec soin sur le narrateur. Il l’invite à retrouver de la joie dans les souvenirs. A comprendre, en lui donnant quelques livres d’une étrange poésie, à accepter que la douleur fasse partie de la vie. Ils partiront même dans un voyage à travers le monde des morts, qui permet d’imaginer une forme de paix, de lumière, à travers les souvenirs heureux de Mathias avec sa mère.
Un style personnel et envoûtant
Le narrateur effectue une exploration de sa douleur avec l’aide d’un guide spirituel. Mais Mathias Malzieu en fait une fable initiatique poétique. Maintenant qu’il fait tout le nuit sur toi se différencie grâce à une écriture créative. On sent que l’auteur est musicien, car ses phrases et son choix des mots ont une musicalité forte. Son style m’a rappelé d’autres auteurs comme Boris Vian, qui aiment à créer des associations d’idée étonnantes pour mieux partager les sentiments. Cela met en valeur la complexité des sentiments lorsque l’on perd un parent ou un être cher. L’écrivain a un sens de la formule qui a sa propre marque de fabrique.
Certaines parties plus oniriques sont parfois difficiles à comprendre. Justement, le voyage dans le monde des morts peut perdre le lecteur. C’est le genre de livre pour lequel il est important de lâcher prise pour mieux se laisser immerger dans l’atmosphère étrange et onirique. Ce type d’écrivain parvient à construire des univers très personnels qui ne sont pas toujours adaptés à tous les lecteurs, même si ici le thème est justement universel. Je le conseillerais donc plutôt aux grands petits enfants.
Maintenant qu’il fait tout nuit sur toi offre une exploration poétique et unique du deuil
Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi de Mathias Malzieu se révèle être une exploration poignante et poétique du deuil. L’auteur, à travers une fable initiatique, transcende sa propre expérience de la perte maternelle en une quête de compréhension et d’acceptation. Le style personnel et envoûtant de Malzieu, empreint de musicalité, rappelle celui de grands auteurs comme Boris Vian. Bien que certaines parties oniriques puissent dérouter, l’ensemble offre une plongée profonde dans les méandres de la douleur, guidée par un géant nocturne dispensateur de réconfort. Ce roman, marqué par une sensibilité exacerbée, résonne comme une mélodie émotionnelle, invitant le lecteur à lâcher prise pour mieux se laisser emporter par l’étrangeté de ce voyage introspectif.
Note : 16/20
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