Un mois de juillet qui m’a permis de replonger dans mes habitudes estivales. J’ai deux types de lectures pour cette période : les gros pavés et le space opéra, notamment grâce à deux challenges que j’apprécie beaucoup depuis plusieurs années : le pavé de l’été et le Summer Star Wars. On a donc beaucoup de SF pour les vacances.
W3 tome 1, Le sourire des pendus de Jérôme Camut et Nathalie Hug
Lara Mendès, jeune chroniqueuse télé, enquête sur le marché du sexe et ses déviances. Elle disparaît sur un parking d’autoroute…
Désemparés par la lenteur de l’enquête, ses proches reçoivent le soutien de Léon Castel, fondateur d’une association de victimes. Sa fille Sookie, policière hors norme, a enquêté sur une triple pendaison qui semble liée à cette affaire. Qui a enlevé Lara ? Pourquoi ? Où sont passés ces enfants et ces jeunes femmes dont les portraits s’affichent depuis des mois, parfois des années, sur les murs des gares et des commissariats ? Réseaux criminels ou tueurs isolés ? Partout, le destin d’innocents est broyé sans pitié. Ils auront bientôt une voix : W3.
Thriller efficace, le sourire des pendus est ambitieux et bien orchestré. Les deux auteurs proposent une intrigue complexe et haletante qui déploient plusieurs pistes qui finissent par se rejoindre. La plume efficace met en scène une galerie de personnages variés et bien construits, malgré quelques profils peu crédibles ou des passages plus faibles en matière d’écriture. Le roman parvient à aborder de nombreux sujets de société avec cohérence, ce qui est un vrai tour de forme : proxénétisme, trafic humain, porno, snuff movie, rigidité de la justice, sensationnalisme des médias… On sent que le livre souhaite aller plus loin que le divertissement. Enfin, l’ambiance est très immersive, avec des passages chocs et une impression d’obscénité diffuse.
Les dépossédés d’Ursula Le Guin
Deux mondes se font face :
Anarres, peuplé deux siècles plus tôt par des dissidents soucieux de créer enfin une société utopique vraiment libre, même si le prix à payer est la pauvreté.
Et Urras qui a, pour les habitants d’Anarres, conservé la réputation d’un enfer, en proie à la tyrannie, à la corruption et à la violence. Shevek, physicien hors normes, a conscience que l’isolement d’Anarres condamne son monde à la sclérose. Et, fort de son invention, l’ansible, qui permettra une communication instantanée entre tous les peuples de l’Ekumène, il choisit de s’exiler sur Urras en espérant y trouver une solution.
Les dépossédés met en scène deux sociétés que tout oppose avec talent et minutie. Ici, nous faisons à des systèmes politiques qui créent des normes et des valeurs très différentes entre une planète riche et vaste et sa lune habitée de colons. Shevek, physicien de la Lune Anarres, se rend sur Urras pour tenter de rétablir le contact. Ce voyage permet de mettre en exergue deux cultures aux antipodes l’une de l’autre, chacunes avec leurs défauts, leurs qualités et leurs traditions. Ursula Le Guin propose un texte permettant de nombreux angles d’analyse, avec une forme de rigueur bienvenue. C’est une fois de plus une grande oeuvre du space opera et de la soft SF.
Fondation, intégrale 1 d’Isaac Asimov
En ce début de treizième millénaire, l’Empire n’a jamais été aussi puissant, aussi étendu à travers toute la Galaxie. C’est dans sa capitale, Trantor, que l’éminent savant Hari Seldon invente la psychohistoire, une science nouvelle permettant de prédire l’avenir. Grâce à elle, Seldon prévoit l’effondrement de l’Empire d’ici cinq siècles, suivi d’une ère de ténèbres de trente mille ans. Réduire cette période à mille ans est peut-être possible, à condition de mener à terme son projet : la Fondation, chargée de rassembler toutes les connaissances humaines. Une entreprise visionnaire qui rencontre de nombreux et puissants détracteurs…
D’une ambition démesurée, Fondation est un récit qui explore l’évolution de sociétés à l’échelle de la galaxie. Réflexif, le récit se fonde sur des présupposés scientifiques et une nouvelle discipline : la psychohistoire. A partir de là, le lecteur suit l’évolution du groupe de scientifiques de la Fondation face au reste de la galaxie, trouvant de nouveaux moyens de se protéger et de se défendre. On sent la fragilité de la Fondation face à ses ennemis, notamment lors de la venue d’un puissant despote éclairé. Mais les agents de Fondation disposent de nombreux moyens pour créer des plans complexes à long terme, quitte à perdre le lecteur dans des discussions techniques ou politiques assez poussées. La saga est avant-gardiste dans son ampleur, sa minutie et la construction de son univers. En revanche, elle reste assez sèche dans son écriture et dans la variété de ses personnages, notamment féminins, mais ces deux aspects s’arrangent au fil des tomes.
Binti, tome 2 : Home
Résumé du tome 1 :
Maîtresse harmonisatrice du peuple Himba, Binti est vouée à reprendre la boutique d’astrolabes de son père… Mais l’incroyable don pour les mathématiques de l’adolescente lui ouvre les portes de la prestigieuse université interplanétaire Oomza. Binti embarque sur le Troisième Poisson à l’insu de sa famille. Mais au cours du trajet, les Méduses, ennemies millénaires des humains, abordent le vaisseau pour en massacrer les passagers. Commence alors pour Binti un combat pour sa survie et celle de ceux qui lui sont chers.
Le découpage de la version anglaise est différente des parutions françaises. Je lis la version anglaise, parue en trois tomes. Après un premier tome imaginatif et prenant, je poursuis la saga Binti. Cette fois-là, le jeune fille suit ses cours à Oomza. Ce tome est vraiment touchant, il marque le retour de la jeune Himba sur Terre. Nous avons le droit à des retrouvailles compliquées, des secrets de famille et des questions complexes autour de l’identité et de l’appartenance. Le roman est passionnant au niveau culturel : on sent vraiment la prépondérance de la place de la Famille dans les priorités du peuple de Binti, ce qui rend son parcours semé d’embuches, mais aussi sur la place des femmes, là où en Occident l’individualisme prime. La plume de Nnedi Okorafor est évocative, puissante pour invoquer les émotions, et tisse un monde fascinant qui lie technologie et traditions anciennes.
Comme il s’agit d’un space opera, ce roman entre dans le challenge du Summer Star Wars.
Quelles ont été vos lectures favorites de juillet ?
5 commentaires
Light And Smell · 31 juillet 2024 à 20 h 34 min
Bravo pour ton bilan 🙂 Je connais peu le space opera.
La Geekosophe · 2 août 2024 à 16 h 51 min
Il y a quelques pépites dans le genre, c’est plus varié qu’on l’imagine 😉
tampopo24 · 31 juillet 2024 à 21 h 15 min
J’ai l’allure de tes lectures estivales !
Tu m’as redonné envie de lire du Ursula Le Guin en SF et peut-être aussi que je reprendrai la route des textes de Nnedi Okorafor que j’avais un peu laissé de côté.
Beau mois d’août à toi, je suis curieuse de voir ce qu’il te réserve 🙂
La Geekosophe · 2 août 2024 à 17 h 09 min
Je me lance dans des valeurs sûres 😀
Summer Star Wars Ahsoka – Troisième escale : Peridea - RSF Blog · 16 septembre 2024 à 19 h 35 min
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