C’est le bilan du mois de mai ! Un mois dans le prolongement de ce début d’année avec beaucoup d’imaginaire. Je suis également contente de lire des premiers romans d’autrices francophones. En outre, vous remarquerez une excursion plus marqué dans la littérature nipponne. Bon parcours de mes lectures du mois !
Un fil à travers les nuages d’Anaïs Sorrentino
Une ville morte. Des ruelles fantômes, des bâtisses creuses. Du toc. Un assemblage bancal de souvenirs reconstitués, pétrifiés, intemporels. Des âmes errantes.
Capucine, résidente aguerrie de ce monde désolé, en connaît les monstres. Elle guette les nuées à l’horizon. Elle évite les autres réfugiés, jusqu’au jour où elle rencontre Albin, un scaphandrier relié au ciel par le conduit de son casque, fil incongru s’élevant à travers les nuages. De la série d’évènements qui l’a propulsé ici, il ne garde que des souvenirs épars. Est-il mort ?
Nicholas se réveille au milieu d’une forêt, son smoking fichu, un portable qui ne capte pas, et plus qu’une seule cigarette en poche. Ses compagnons d’infortune semblent aussi fous les uns que les autres. Est-ce l’enfer ? Le purgatoire ?
Mais que fait une gamine comme Angelica dans un endroit pareil ?
J’ai apprécié ce roman ! J’ai trouvé qu’il y avait une grande sensibilité dans l’écriture, qui pouvait se montrer d’une grande poésie et d’une grande précision dans certains passages. Les personnages sont crédibles et bien travaillés, en particulier Capucine et son entêtement dissimulant sa fragilité. J’ai cependant moins accroché à la première partie, qui a créé pas mal de confusion dans son exposition en présentant trop de personnages à la fois. Le final est cependant très émouvant et je l’ai lu d’une traite. Un fil à travers les nuages est un récit très sensible et délicat, qui explore des thèmes matures comme le deuil, la solitude et l’attachement.
Biotanistes d’Anne-Sophie Devrièse
Quelque part dans le futur.
La terre est sèche. Des grappes d’humains survivent dans les dernières oasis. Terminé les ruisseaux, terminé les animaux, terminé… la domination masculine. Parce qu’elles semblent être les seules à survivre à une maladie qui décime l’humanité, les femmes ont pris le pouvoir et les hommes sont relégués au rang de reproducteurs.
Rim, jeune sorcière élevée au convent, voit son premier saut dans le passé approcher avec impatience et fébrilité : et si elle n’atterrissait pas en zone utile et devait renoncer pour toujours à voyager dans le temps ? Et puis, qui est Alex, cette nouvelle venue qui la déroute tant, la pousse à reconsidérer ses certitudes ? Et si… Et si les hommes, en vérité, pouvaient survivre au fléau ?
Biotanistes a plein de bons éléments ! J’aime beaucoup le système de science et de magie qu’utilisent les sorcières. Les personnages sont variés et ont des personnalités bien dessinées, ce qui rend l’ensemble très agréable à suivre. Le récit a plein de rebondissements bien pensés et présente un univers original et bien décrit. Il est cependant dommage que l’univers matriarcal soit parfois un peu caricatural dans son traitement, ainsi qu’il y ait quelques longueurs qui parsèment le roman. Sinon, c’est une très bonne aventure qui tient ses promesses !
Les miracles du bazar Namiya de Keigo Higashino
En 2012, après avoir commis un méfait, trois jeunes hommes se réfugient dans une vieille boutique abandonnée dans l’intention d’y rester jusqu’au lendemain. Mais tard dans la nuit, l’un d’eux découvre une lettre, écrite 32 ans plus tôt et adressée à l’ancien propriétaire. La boîte aux lettres semble étrangement connectée aux années 1980. Les trois garçons décident d’écrire une réponse à cette mystérieuse demande de conseil. Bientôt, d’autres lettres arrivent du passé. L’espace d’une nuit, d’un voyage dans le temps, les trois garçons vont changer le destin de plusieurs personnes, et peut-être aussi bouleverser le leur.
Roman émouvant et maîtrisé, Les miracles du bazar Namiya est maîtrisé de bout en bout. Feel-good mais sans verser dans la mièvrerie, le roman nous invite à se pencher sur le hasard et le destin à travers une galerie de personnages crédibles et très bien incarnés. On suit des histoires de vie, entre petits et grands drames du quotidien. L’écriture de Keigo Higashino est directe mais lumineuse, dépourvue de fioritures, et porte très bien ce récit. Je pense que c’est un livre qui peut plaire à de nombreux publics et être un très bon cadeau.
Les maîtres enlumineurs de Robert Jackson Bennett
Toute l’économie de l’opulente cité de Tevanne repose sur une puissante magie : l’enluminure. À l’aide de sceaux complexes, les maîtres enlumineurs donnent aux objets des pouvoirs insoupçonnés et contournent les lois de la physique. Sancia Grado est une jeune voleuse qui a le don de revivre le passé des objets et d’écouter chuchoter leurs enluminures. Engagée par une des grandes familles de la cité pour dérober une étrange clé dans un entrepôt sous très haute surveillance, elle ignore que cet artefact a le pouvoir de changer l’enluminure à jamais : quiconque entrera en sa possession pourra mettre Tevanne à genoux. Poursuivie par un adversaire implacable, Sancia n’aura d’autre choix que de se trouver des alliés.
Mon avis ne va pas détonner au milieu du concert de louanges. Les maîtres enlumineurs est un excellent premier tome qui brille par bien des côtés. Son écriture et son sens de l’action, efficaces, font en sorte que l’on ne s’ennuie pas du tout. Il y a de nombreux rebondissements, particulièrement bien pensés et bien placés qui permettent de garder l’attention. Entre révélations fracassantes et mystères, c’est rapide et rythmé. L’univers est très ciselé. Tevanne est une cité qui s’inspire aussi bien, au niveau de la structure politique, de la Renaissance italienne, que du XIXe siècle pour ses aspects les plus industriels. Le système de magie est ultra original et permet de vraiment démarquer cette série du reste de la production de la fantasy. En plus d’avoir une action efficace, Robert Jackson Bennett nous livre une réflexion autour du pouvoir et de la possession. Le roman est, vous l’aurez compris, à hauteur de sa réputation.
Une forêt de laine et d’acier de Natsu Miyashita
« Un parfum de forêt, à l’automne, à la tombée de la nuit. Le vent qui berçait les arbres faisait bruisser les feuilles. Un parfum de forêt, à l’heure précise où le soleil se couche. À ceci près qu’il n’y avait pas la moindre forêt alentour. Devant mes yeux se dressait un grand piano noir. Pas de doute possible : c’était bien un piano, laqué et imposant, au couvercle ouvert. À côté se tenait un homme. Il m’adressa
un regard furtif, sans un mot, avant d’enfoncer une touche du clavier. De la forêt dissimulée dans les entrailles de l’instrument s’élevèrent une nouvelle fois ces effluves de vent dans les feuilles. La soirée s’assombrit un peu plus.
J’avais dix-sept ans. »
C’est un roman doux et touchant ! Il séduit avant tout par son écriture lumineuse et très poétique. Une forêt de laine et d’acier raconte une passion pour la musique et la beauté. Non au travers du regard d’un musicien, mais de celle d’un accordeur, un métier précis qui embellit le talent de l’artiste dans l’ombre. Ce n’est évidemment pas un roman palpitant, mais une bulle hors du temps qui nous entraîne dans un monde à part.
Avez-vous eu un coup de cœur lecture ce mois-ci ?
5 commentaires
Shaya · 4 juin 2021 à 8 h 34 min
Un joli mois pour toi donc 😉 Moi je me suis embourbée dans mon Robert Jordan, j’adore mais je prends mon temps pour le lire !
La Geekosophe · 4 juin 2021 à 18 h 47 min
Quel est donc ce Robert Jordan ? La roue du temps ?
Shaya · 4 juin 2021 à 19 h 00 min
Oui c’est ça !
Mel·li · 18 juin 2021 à 19 h 14 min
En recherche de lecture je tombe au hasard de clics sur mon clavier, sur votre sélection de mai. Je me laisserai tenter par plusieurs, merci!
Petite question, connaissez-vous « L’âme de l’empereur » de Brandon Sanderson? C’est votre critique de Les maîtres enlumineurs de Robert Jackson Bennett qui m’y fait penser
La Geekosophe · 20 juin 2021 à 11 h 33 min
J’aime beaucoup Brandon Sanderson mais je n’ai pas lu L’âme de l’empereur ! En lisant le résumé, il y a l’air d’y avoir quelques similitudes, d’autant plus que j’ai trouvé que les deux auteurs avaient un style un peu similaire 🙂 J’ai lu Fils-des-Brumes de Sanderson, que j’ai adoré !