La fin du mois de juin approche ! C’est le moment de faire le point sur les lectures de ce début d’année. 2022 est pleine de bons romans et de surprises. Mais quelles sont les œuvres qui ont le plus retenu mon attention ? Le tag est toujours un délicieux moyen de revenir sur des livres dont j’ai parfois peu parlés.
1. Lecture préférée des 6 premiers mois
Sacra, parfums d’Isenne et d’Ailleurs de Léa Silhol
Résumé : Ex-stasis… L’extase… l’ivresse, le ravissement, l’intoxication d’un instant ou d’une ère… Encapsulée dans le rituel, la forme, et les parfums du monde… Dans les sens… dans l’encens… Au travers d’une boîte de palissandre que les écrivains se transmettent secrètement depuis des siècles des calligraphies du roi des Djinn, même sur un parchemin frauduleux, et de la dialectique des céramistes Satsuma dans le salon de Klimt des bouquets de fleurs blanches envoyées par un père à sa fille, et des visages du Green Man dans des bois interdits des voiles des navires qui filent vers le port, enflées par les chants des passagers, et de la voix de tous ceux que – aimés jadis – nous pensions avoir perdus pour toujours. D’un bout à l’autre des horizons et hors des cartes, sur le fil d’une errance rythmée du pas des voyageurs inlassables, et des esprits affamés de splendeur, les traces des mortels et immortels se doublent, se croisent, se frôlent. Au centre du compas, la cité légendaire d’Isenne, carrefour hybride entre l’Orient et l’Occident, hantée de fantômes, de rumeurs, de contes et de codes ; dépliant ses mystères autour du Labyrinthe des verriers. Marché gobelin où l’art et la démesure s’échangent, s’offrent, s’achètent et se perdent, entre les ombres vibrantes d’Irshem et les esquisses de Venise.
Coup de coeur pour ce très beau recueil de nouvelles ! Une œuvre aussi distincte qu’hypnotique. L’autrice a un style travaillé, jamais lourd, mais toujours dans le mystère et la délicatesse. Le livre transpire une sensibilité communicative et un sens profond du symbole. Le recueil nous entraîne dans des univers fantastiques qui lorgnent du côté de l’art et de l’artisanat, avec une influence très mythologique et historique. L’autrice pose la question du processus créatif, de l’art et de la magie dans le quotidien, et comment les trois s’intriquent pour influencer les destins. S’il y a une nouvelle à laquelle je n’ai pas accrochée, pour le reste, j’ai trouvé les écrits immersifs et singuliers.
2. Meilleure suite de série
La guerre des marionnettes d’Adam-Troy Castro
Résumé : Toujours à la poursuite des Démons Invisibles, responsables de la mort de ses parents, Andrea Cort se rend sur la lointaine planète Vlhan. Ses imposants habitants y pratiquent un rituel qui tient tout autant du spectacle de danse que du suicide collectif. Une fois, par le passé, le ballet a dégénéré, et les habitants de Vlhan se sont retournés contre les spectateurs présents pour les massacrer. Andrea est convaincue qu’élucider le mystère à l’origine de cette tragédie peut la mener à ses Démons Invisibles. Mais la disparition d’une jeune fille vient rapidement compliquer sa quête personnelle.
Ohlalala, mais quelle surprise (non) ! Voici le troisième tome de la prenante saga d’Andrea Cort. Il nous présente avec ce dernier tome un récit captivant. Vhlan est une planète aussi dangereuse que fascinante. C’est grâce à ses habitants, créatures mystérieuses qui posent une énigme fascinante au reste de l’univers, mais aussi à Andréa et aux lecteurs ! Quel plaisir de retrouver notre procureure acerbe, qui en prend plein la poire dans ce tome. C’est une histoire sombre et violente, menée à un rythme soutenu, avec une dernière partie à couper le souffle. Mais j’avoue que l’enquête m’a manquée dans les deux premiers tiers du roman ! Ceci dit, on retrouve la légendaire perspicacité d’Andrea Cort à la fin.
3. Une nouveauté de ce début d’année que j’ai hâte de lire
Le livre de Phénix de Nnedi Okorafor
Résumé : Phoenix a grandi et a grandi parmi d’autres expériences génétiques dans la tour 7 de New York. C’est une « femme accélérée ». Elle est née il y a seulement deux ans mais elle a déjà le corps et l’esprit d’un adulte et des capacités qui dépassent de loin celles d’un humain normal. Eloignée du monde, elle se contente de vivre dans sa chambre en lisant des livres électroniques, en faisant du sport et en profitant de l’amour de Saeed, un autre humain biologiquement modifié. Mais celui ci est témoin un soir de quelque chose de si terrible qu’il se suicide. Dévastée par sa mort et le refus de la tour 7 de répondre à ses questions, Phoenix commence enfin à se rendre compte que sa maison est une prison…
Son évasion n’est que le début d’une histoire qui la conduira des États-Unis au cœur de l’Afrique.
J’avais beaucoup aimé les romans précédents de l’autrice, notamment Qui a peur de la mort ? ou Binti ! Du coup j’ai hâte de lire cet écrit.
4. La sortie que j’attends le plus
Les chants de Nüying d’Emilie Querbalec
Résumé : La planète Nüying, située à vingt-quatre années-lumière du Système solaire, partage de nombreux traits avec la Terre d’il y a trois milliards d’années. On y trouve de l’eau à l’état liquide. Son activité volcanique est importante. Ses fonds marins sont parcourus de failles et comportent quantités de sources hydrothermales. Elle possède une magnétosphère et une atmosphère dense, protectrice. Tout cela en fait une bonne candidate pour héberger la vie. La sonde Mariner a transmis des enregistrements sonores de Nüying : des chants qui évoquent par analogie ceux des baleines. Quand elle était enfant, Brume a entendu cet appel. Désormais adulte, spécialisée dans le domaine de la bioacoustique marine, elle s’apprête à participer à la plus grande aventure dans laquelle se soit jamais lancée l’Humanité : rejoindre Nüying au terme d’un voyage spatial de vingt-sept années. Que va-t-elle découvrir là-bas ? Une civilisation extraterrestre ou une remise en cause totale de ses certitudes ?
Il sortira le 31 août ! Comme pour Nnedi Okorafor, j’adore l’univers personnel de science-fiction que développe Emilie Querbalec dans chacun de ses ouvrages.
5. Plus grosse déception de l’année
Résumé : Certains disent que les bois de Wicker Woods sont magiques. Hantés, mêmes.
Nora Walker, héritière d’une longue lignée de sorcière, sait à quoi s’en tenir : toutes les femmes de sa famille partagent un lien particulier avec la forêt. Et c’est ce lien qui met Oliver Huntsman sur sa route. Lorsque l’adolescente le retrouve, gelé, au milieu de ces arbres inquiétants, elle n’en croit pas ses yeux. Oliver, c’est le garçon du Camp de Redressement pour jeunes en difficulté qui a disparu en pleine tempête de neige voilà plusieurs semaines. Il devrait être mort. Et pourtant, il est là, vivant.
Nora le recueille chez elle et tombe amoureuse de lui. Mais elle ne peut s’empêcher de remarquer qu’en présence du jeune homme les bois réagissent étrangement et de se demander comment il a pu survivre à cette nuit de tempête qui aurait dû le tuer. Elle comprend que son nouvel ami cache un secret. Oliver, de son côté, est prêt à tout pour garder ses secrets enfouis. Car il n’est pas le seul à avoir disparu cette nuit-là.
C’est pas une lecture catastrophique mais je n’ai pas trouvé ce roman très bon. Winterwood propose un univers intrigant, autour d’une forêt mystique et dangereuse. La sorcellerie, présente de manière discrète et étrange, est bien mise en valeur à travers la lignée des Walker, des femmes aux capacités étranges et handicapantes. L’histoire est globalement sympathique, ancrée dans l’intime. Mais comme souvent avec ce type de lecture, je lui trouve un côté superficiel et inabouti. Les personnages sont peu creusés et le début de l’histoire comporte beaucoup de répétition. En somme, c’est agréable mais peu mémorable.
6. La plus belle surprise
Le clan suspendu d’Etienne Guéreau
Résumé : Un clan haut perché dans les bois. Un ennemi étrange. Seule une jeune fille osera désobéir afin d’échapper à son destin. Ismène vit parmi les siens, dans un village accroché à dix mètres de hauteur. Tous pratiquent des rites immuables et répètent inlassablement Antigone, la tragédie qu’il leur faut connaître sur le bout des doigts. Descendre leur est interdit, car en bas une créature sanguinaire massacre ceux qui s’aventurent sur son territoire… Quand le jeune Hémon décide de contester l’ordre établi, tout bascule. Pour fuir cet univers oppressant et comprendre le sens profond de la tradition qui leur a été inculquée, Ismène va devoir percer le secret qui menace son clan.
Le clan suspendu a été une très bonne surprise ! Le roman est original, proposant de découvrir une communauté isolée et proche de la nature. Le suspend, comme ils se nomment, met en scène une série de rites étranges liés à notre société mais étrangement détourné. Il y a tout un mystère, captivant, autour des origines du Clan, de la signification de tous les rituels. Une autre question concerne les dangers qui peuplent le sol de la forêt. Le roman propose une réponse originale qui pose la question de l’apprentissage et de son interprétation. Le personnage d’Ismène suit une évolution riche au fil des épreuves, ce qui la rend particulièrement attachante. Le roman met en scène des éléments parfois dérangeants au travers de personnages immondes. Ce qui crée un contraste intéressant avec les aspects les plus bucoliques du livre ! Le roman est en tout cas parfait si vous aimez les histoires qui prennent leur temps et qui jouent avec les apparences.
7. Mon nouvel auteur favori
Louise O’Neill avec Only Ever Yours !
Résumé : eves are designed, not made.
The School trains them to be pretty
The School trains them to be good.
The School trains them to Always be Willing.
All their lives, the eves have been waiting. Now, they are ready for the outside world.
companion . . . concubine . . . or chastity
Only the best will be chosen.
And only the Men decide.
Louise O’Neill confirme son statut d’autrice phare avec ce roman ! Il n’est toujours pas traduit par ailleurs. Du coup, si vous lisez en anglais et que vous aimez les dystopies féministes glaçantes, c’est pour vous ! Nous sommes dans un univers où les femmes naissent de manière artificielle et sont élevées pour être de parfaites poupées. Surveillés pour leur poids, leur tenue, illettrées et en constante compétition, les « Eves » sont conditionnées pour vivre une existence de soumission totale pour être mariée, pour les plus belles et les plus conformes, aux fils des dignitaires. L’autrice aborde la question de la distinction, de la liberté, mais aussi des problèmes de troubles de comportement alimentaire avec lucidité et cruauté. Avec ce premier roman, Louise O’Neill dessine déjà son intérêt pour les héroïnes ambigües, la place de la femme face aux injonctions sociales et les histoires presque tragiques.
8. Un nouveau crush fictif
Je ne suis vraiment pas le genre de lectrice à avoir des crush sur des personnages.
9. Mon personnage préféré
Sorcha de Sœurs des cygnes, écrit par Juliet Marillier. C’est une jeune fille déterminée, proche de sa famille et qui ne manque pas de courage à travers les épreuves. Les obstacles qu’elle surmonte, émotionnellement et physiquement, sont puissamment mis en scène par l’écriture évocative de l’autrice. Difficile de ne pas avoir d’empathie pour elle.
10. Un livre qui m’a fait pleurer
L’obscure clarté de l’air de David Vann
Née pour détruire les rois, née pour remodeler le monde, née pour horrifier et briser et recréer, née pour endurer et n’être jamais effacée. Ainsi est Médée, femme libre et enchanteresse, qui brise tous les tabous pour maîtriser son destin. Magicienne impitoyable assoiffée de vengeance ou princesse amoureuse trahie par son mari Jason ?
Bon, pleurer est un bien grand mot, mais c’est résolument une lecture touchante. l’Obscure clarté de l’air enchaîne le lecteur grâce à sa proposition qui ne laisse pas indifférent, alternant entre passages de violences et de contemplation introspective. Le récit est traversé d’une violence crue et cruelle, reprenant les principaux jalons d’un mythe controversé. Médée est un personnage parfait pour l’auteur, David Vann nous en offre une version incandescente et puissante, oscillant constamment entre la femme blessée et humiliée, l’enchanteresse captivante et la créature monstrueuse. Le personnage brille par son ambivalence, mais c’est sa radicale volonté d’assumer ses choix et de contrôler son destin qui domine. D’autant plus que l’ensemble est porté par une écriture vibrante, capable de partager la violence comme la poésie des instants avec une grande clarté. Vous vous en doutez, c’est une lecture difficile, qu’il faut lire l’esprit peu encombré pour bien apprécier.
11. Mon plus beau livre acquis cette année
Le chant des géants de David Bry
Entrez, entrez.
Asseyez-vous, n’ayez pas peur. Il reste de la place, là, au fond, près de la cheminée.
Oui. C’est bien. Très bien. Commandez des bières, des pommes braisées, ce que vous voudrez, mais faites vite. Vous autres, dans la paille, rapprochez-vous?; calez-vous contre les murs, les tonneaux, les pieds des tables.
Voilà…
Le feu ronfle, les bûches craquent. La nuit est tombée. Les marmites sont vidées.
Laissez-vous aller. Fermez les yeux. Juste un peu.
Et écoutez-moi.
Je vais vous raconter une histoire.
Celle de notre île d’Oestant où dorment trois géants : Baile, aux rêves de mort et de musique, Leborcham, mère du brouillard, des collines et des plaines, et enfin le puissant Fraech aux songes de gloire et de batailles.
Je vais vous parler de guerres, d’amour et de trahisons?; de cris, de sang et de larmes.
Je vais vous parler de grands espoirs, de ce qui est vain. De ce qui meurt.
Alors, fermez les yeux.
Laissez-vous aller.
Voilà.
Mon histoire commence sur la lande, en bord de mer, dans le château de l’étrange roi Lothar.
Vous ne rêvez pas, ce roman est un hardback. Il luit, il a de jolies petites runes. Que demande le peuple ?
12. Un livre que je dois absolument lire avant la fin de l’année
Il n’y a pas, dans tout l’Empire, de planète plus inhospitalière que Dune. Partout, des sables à perte de vue. Une seule richesse : l’épice de longue vie, née du désert, et que tout l’univers convoite.
Quand Leto Atréides reçoit Dune en fief, il flaire le piège. Il aura besoin des guerriers Fremen qui, réfugiés au fond du désert, se sont adaptés à une vie très dure en préservant leur liberté, leurs coutumes et leur foi. Ils rêvent du prophète qui proclamera la guerre sainte et changera le cours de l’Histoire.
Cependant les Révérendes Mères du Bene Gesserit poursuivent leur programme millénaire de sélection génétique : elles veulent créer un homme qui réunira tous les dons latents de l’espèce. Le Messie des Fremen est-il déjà né dans l’Empire ?
On finit sur du classique ! Certes, je suis en cours de lecture, mais je m’étais promis de lire ce mastodonte du planet opera.
N’hésitez pas à me donner vos choix pour chaque question en commentaire !
4 commentaires
Zina · 30 juin 2022 à 6 h 56 min
Pas encore fait le lien, mais c’est en cours !
La Geekosophe · 10 juillet 2022 à 8 h 57 min
Hâte de le voir 😀
Shaya · 14 juillet 2022 à 18 h 42 min
C’est sympa comme tag, je ne connaissais pas du tout ! Est-ce que tu avais lu Une fille facile de Louise O’neill ?
La Geekosophe · 14 juillet 2022 à 21 h 51 min
Oui, il m’avait beaucoup marqué ! J’ai aussi lu The surface breaks et Almost love de l’autrice, toujours des claques