J’avais adoré mon excursion dans le monde de Dan Simmons via Terreur ! Ce roman était précis, détaillé et retransmettait parfaitement la peur d’un équipage isolé dans une nature mortelle. Avec L’abominable, l’auteur propose une excursion pour le sommet de l’Everest. Une expédition pleine de dangers et impressionnante. Qu’en ai-je pensé ?
Avec ses 957 pages dans son édition Pocket, le roman rejoint allègrement le challenge pavé de l’été de Brize.
Synopsis de l’abominable
En 1924, la course pour parvenir au plus haut sommet du monde s’interrompt brutalement suite à la terrible disparition des célèbres alpinistes George Mallory et Sandy Irvine. L’année suivante, trois hommes – un poète britannique vétéran de la Grande Guerre, un guide de montagne français et un jeune idéaliste américain – tentent à leur tour leur chance. Mais quelqu’un, ou quelque chose, les poursuit, et, à 8 500 mètres d’altitude, alors que l’oxygène vient à manquer, l’expédition vire bientôt au cauchemar.
Qui est à leurs trousses ? Et quelle vérité se cache derrière les disparitions de 1924 ? Tandis qu’ils poursuivent leur ascension jusqu’au sommet du monde, les trois aventuriers vont découvrir un secret plus abominable encore que toutes les créatures mythiques jamais imaginées.
Un récit fouillé entre alpinisme et espionnage
Une expédition de tous les dangers
Dan Simmons explore l’alpinisme et l’escalade des années 20. On sent qu’il a fait beaucoup de recherches sur les techniques, le matériel utilisé à l’époque… L’auteur détaille beaucoup les éléments, ce qui peut être passionnant pour certains et ennuyeux pour d’autres. Pour ma part, j’ai trouvé cela très intéressant, notamment toute la préparation sur comment mener une expédition de cette ampleur. Il y a ainsi beaucoup d’informations sur les difficultés à s’attaquer aux hautes montagnes. Manque d’oxygène, basses températures, perte de chaleur, glaciers… et sur les innovations développées pour les contrer : nouveaux piolets, crampons, vêtements en duvet plutôt qu’en coton… La sensation de faire face à un défi quasiment inhumain, durant lequel la mort peut frapper à tout instant, est retranscrite le long du récit.
La montagne n’est pas le seul danger ! L’aventure prend place dans les années 20. Les souvenirs de la Grande Guerre hante encore les européens. L’Allemagne voit se développer des groupuscules politiques violents. Les tensions montent crescendo avec les autres pays, à un moins que c’est même visible entre les alpinistes eux-mêmes. Jean-Claude Clairoux, gui de Chamonix, refuse de poser les pieds en Allemagne. Les grimpeurs allemands et autrichiens montent peu avec les autres. Quant au décès qui ont eu lieu lors de l’ascension de l’Everest, ils semblent suspects et attirent l’attention.
Un expérience immersive aux côtés des personnages
L’histoire est racontée à la première personne. Jake Perry, jeune américain idéaliste, grimpe aux côtés du Diacre et de JC. Il tient un journal qui documente toute l’aventure. Dan Simmons rend très bien un style concis et simple, emprunt de la naïveté de la jeunesse, qui donne vraiment l’impression de connaître Jake Perry, grimpeur de 23 ans issu d’une famille connue mais désargentée de Boston. Il nous présente de nombreux autres personnages, comme Richard Deacon, dit le Diacre. Ancien poète au caractère ombrageux et leader de l’expédition, j’ai aimé l’aura énigmatique qui l’entourait. Jean-Claude est peut-être un peu retrait, mais il brille par sa dévotion, son franc-parler et ses prouesses physiques. Dan Simmons ajoute également des personnages inattendus, comme Reggie ou Pasang, dont je ne parlerai pas plus avant pour ne pas spoiler.
Ils vivent tous une expérience unique. Le style clair de Simmons permet de bien mettre en avant l’aventure dans la montagne. Dan Simmons choisit de décrire avec précision les difficultés, mais aussi les dangers, parfois de manière assez crue. La souffrance à cause du manque d’oxygène qui crée des hallucinations. Les amputations, nombreuses, de doigts (main comme pieds). Comment soigner les blessures à une telle hauteur ? Évidemment, l’auteur ne nous épargne pas le risque ou les décès. Il le rappelle par ailleurs à travers divers événements, mais la mort fait partie du quotidien des alpinistes. Je suis, moi-même, très peu tournée vers la prise de risque. Du coup le comportement des personnages cherchant l’adrénaline dans les activités potentiellement mortelles me fascinent.
Une histoire parfois longue et aux rebondissements peu convaincants
J’ai cependant été moins convaincue que par Terreur, qui malgré sa longueur avait un bon sens du rythme. Ici, j’ai trouvé que les événements traînaient en longueur. Ce qui est étonnant, c’est que que la sensation de longueur est venue vers la fin du roman. L’épilogue prend vraiment son temps et raconte beaucoup de choses qu ne sont pas vraiment captivantes. J’ai eu l’impression que Dan Simmons ne savait pas vraiment comment terminer son récit de manière convaincante.
C’est accentué par les événements à la fin qui ne sont pas convaincants. Dans un premier temps, le fantastique est très discret. Il y a quelques références au cours du récit mais il apparaît plus clairement tardivement dans le récit. Trop tardivement que ça apparaît presque comme un ajout superflu. Ensuite, la révélation finale, qui est presque uchronique, manque vraiment de finesse.
L’abominable est un récit immersif qui manque de cohérence sur la fin
L’abominable est recherché ! Le travail autour des techniques d’escalade et l’alpinisme des années 20 est remarquablement constitué. Dan Simmons a un sens du détail extraordinaire pour mettre en scène des histoires qui offrent une grande immersion. On apprend beaucoup de choses sur les risques physiques et psychologiques de la haute montagne. Et l’auteur n’épargne pas ses personnages. Entre un contexte historique compliqué et un risque mortel constant, Dan Simmons propose une galerie de personnalités variées, qui brillent par persévérance dans la difficulté et leur caractère unique. La fin du roman traîne cependant en longueur, ce qui n’est pas aidé par des choix scénaristiques douteux et un fantastique tellement discret qu’il semble accessoire et superflu. Cela reste une lecture captivante et remarquable par sa précision historique et technique.
Note : 15/20
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7 commentaires
Post Ténèbres Lire · 27 juillet 2022 à 13 h 22 min
Merci pour ton avis
Ayant lu justement quelques Dan Simmons (le chant de Kali qu’elle baffe ) je me demandais ce que valait celui-ci
La Geekosophe · 28 juillet 2022 à 23 h 16 min
Je suis toujours éblouie par la quantité de littérature qu’il a écrite et sa diversité !
Brize · 28 juillet 2022 à 21 h 22 min
Encore un beau bébé ! Mais tu avais mis 4 points de plus à Terreur, ça veut tout dire .
De mon côté, je n’ai pas exploré cette veine de l’auteur, que j’ai découvert et aimé avec Hypérion.
La Geekosophe · 30 juillet 2022 à 12 h 21 min
Je n’ai pas encore lu Hypérion mais il faudrait définitivement que je me lance dedans !
Sometimes a book · 30 juillet 2022 à 8 h 35 min
Il faut vraiment que je continue ma découverte de l’auteur, je n’ai lu que l’échiquier du mal pour l’instant qui était excellent, il faut absolument que je découvre Hypérion et Terreur ! Peut-être celui-ci aussi !
La Geekosophe · 30 juillet 2022 à 12 h 21 min
Héhé j’ai l’échiquier du mal dans ma PAL, il a l’air top
Challenge de l’Imaginaire 10 : le suivi – Ma Lecturothèque · 19 août 2022 à 15 h 41 min
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